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Ce matin en me préparant j'étais un peu paniquée et là maintenant je stresse un peu de voir la remplaçante d'Henry. Son expérience m'a tellement apporté, cet homme a été extra avec moi dès le départ, j'espère qu'il sera de même avec la nouvelle.

Il faut en plus que j'évite au maximum Benjamin, il ne me reste qu'une semaine, après je ne le verrai plus. Si ce qu'il avait à me dire vendredi soir était si important il m'aurait appelé, non ?

Je me dirige vers la salle où se trouve les jeunes, plus je m'approche et plus j'entends du raffut et des rires. Une femme, blonde aux cheveux courts, des yeux d'un bleu perçant discute jovialement avec Mathilde. Ses yeux ! Ce regard ! Me donnent des frissons étranges, je l'ai déjà vue, j'en suis certaine.

- Bonjour Chris, je te présente Ali la remplaçante d' Henry. C'est une habituée des lieux.

- Enchantée, je vois que vous avez fait connaissance avec les terribles.

- Comment ça ! nous terribles ? tu déconnes, on est des amours, rétorque Maxime.

Malgré leurs passés tumultueux, ils sont tous adorables à leur façon.

- Mais non mon Max', tu es un ange tout le monde le sait.

- Bonjour Chris' ravie de te rencontrer et de partager cette semaine avec toi. Je connais en effet certains jeunes, j'ai déjà travaillé ici en remplacement quand il y a des congés ou de départs.

J'arrive mieux à comprendre le comportement de certains. Quand ils ne connaissent pas, une barrière invisible se forme. Comme ils ont pu l'avoir avec moi à notre première rencontre. La matinée est passée à une vitesse folle, j'ai eu pas mal de dossiers à mettre à jours et malheureusement je n'ai pas eu l'occasion de beaucoup parler avec Ali... Pour la pause de midi, je la cherche pour pouvoir déjeuner avec elle. Apprendre à la connaitre et discuter de son métier. Toute expérience est bonne à prendre.

Je fini par la trouver en pleine discussion avec Benjamin, ils ont l'air de bien se connaitre à entendre les rires qui sortent de son bureau. Cela me fait mal qu'il puisse s'entendre avec elle et pas avec moi. Pourquoi je suis jalouse comme ça, nous ne sommes même pas ensemble, c'était juste un plan qui a mal tourné... Mais sa voix, son rire me manque, il pourrait devenir une véritable drogue. Lorsqu'il m'aperçoit, son sourire s'efface immédiatement, laissant place à un air grave et sévère. Ali se retourne ne comprenant pas sont changement d'attitude.

- Salut, tu manges avec lui ou tu es dispo ?

- Dispo, tu veux qu'on mange ensemble ?

- Carrément, j'aimerai que tu me parles un peu de tes expériences...

- Euh.... Christabelle, je peux te dire un mot avant s'il te plait ?

Pourquoi veux t-il me parler encore ? Je vais déjeuner avec Ali, il attendra. Quand je me retourne pour la suivre, je la vois devenir livide et prête à faire un malaise.

- Ça peut attendre Benjamin, je crois qu'Ali ne se sent pas très bien. Ali ça va ? Tu es toute blanche ? Viens, tu vas grignoter quelque chose...

Je m'approche d'elle doucement pour ne pas l'effrayer. Elle a pourtant un mouvement de recul et part du bureau en courant et en me bousculant. Je commence à me retourner pour vouloir la suivre quand Ben m'attrape le poignet, il sert un peu trop fort à mon gout.

- Lâche-moi putain ! il faut aller voir comment elle va !

- Attends ! écoute-moi avant, bon sang ! je dois t'avouer quelque chose depuis vendredi mais... je ne... sais pas par où commencer.

- Benjamin ! soit tu parles tout de suite soit je m'en vais la retrouver, elle avait l'air vraiment pas bien du tout.

- ... Ali, je crois que c'est ta sœur. Au vu de sa réaction quand j'ai prononcé ton prénom, j'en suis même certain.

Quand j'entends ses mots, mon cœur loupe plusieurs battements. Mes jambes ne me tiennent plus, mes genoux tombent au sol dans un bruit sourd. Je dois me ressaisir, et aller la retrouver au plus vite. Benjamin voit que je suis trop bouleverser pour dire quelque chose. Il s'agenouille près de moi et passe son bras autour de mes épaules pour m'aider à me relever. Je parcours tous les couloirs à la recherche de ma sœur, il me suit partout. Après avoir fait toutes les pièces susceptibles de la trouver, je perds espoirs. Mon visage est couvert de larme, pour me retrouver un peu seule et me remettre de mes émotions je n'ai qu'une solution, m'enfermer aux toilettes. Là-bas, il ne pourra pas voir dans quel état de tristesse je me trouve.

- Je reviens Benjamin, j'ai besoin d'être seule un petit peu.

- Tu es sur ? si tu as besoin...Je suis là, d'accord ? je t'attends là.

Je rentre sans un regard, ni un merci pour lui. Je ne sais pas comment il a su que c'était ma sœur et pour le moment peut importe. Je suis en colère après lui, il me le cache depuis plus de deux jours, il savait que c'était important pour moi, il aurait dû insister pour me parler. Je lui en veux beaucoup.

Quand je rentre dans les toilettes, j'entends un reniflement.

- Y a quelqu'un ?

Après une minute toujours aucune réponse. Par contre j'entends encore des pleures étouffés.

- C'est toi Ali ?

Une porte se déverrouille, un grincement de porte et je vois Alice, les yeux bouffis d'avoir versés tant de larmes. Mon cœur se sert, la voir dans cet état me déchire de l'intérieure. Je m'approche d'elle, pour voir si elle accepte que je la prenne dans mes bras. Ma main se pose sur son épaule, je ressens sa crispation à mon contacte. Pourtant elle ne me repousse pas. Je n'arrive pas à croire que c'est elle qui est devant moi. L'envie de la prendre dans mes bras est trop intense. Je me rapproche encore un peu plus d'elle et l'entoure de mes bras. Ali reste raide comme un bâton pendant quelques secondes puis fond sur mon épaule, entourant mon buste de ces bras. Nous restons ainsi un long moment, je ne veux pas la lâcher, j'ai tellement peur que ce ne soit qu'un rêve et qu'elle m'échappe. Au bout d'un certain temps, peut être quelques minutes ou quelques heures nous glissons le long du mur, sans nous lâcher la main. Nous nous regardons les yeux pleins de larmes et d'émotions, elle doit s'apercevoir que le mien est plein d'interrogations et elle commence.

- Ne me juge pas Christabelle, je t'expliquerai tout je te le promets mais pardonne moi. J'ai essayé de revenir, de tout te dire, ton regard quand je suis partie hante chacune de mes nuits...

Je la sers fort dans mes bras, je veux qu'elle comprenne que je ne lui en veux pas.

- Alice, si tu savais comme tu m'as manquée, je te cherche depuis tellement longtemps...

La porte grince et la tête de Benjamin apparaît. Son regard se pose sur moi, puis sur Ali.

- Coucou les filles, je voulais juste vérifier si tout allait bien. Vous ne voulez pas sortir d'ici ? Je ne suis pas très à l'aise devant les toilettes des dames !

Nous nous regardons et partons dans un fou rire, nous nous relevons, toujours main dans la main et sortons pour aller nous installer dans le bureau de Benjamin pour plus d'intimité.




CoïncidenceWhere stories live. Discover now