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Deux jours plus tard, je n'ai toujours pas pu m'approcher des fichiers de Benjamin. Tous les jours, il m'apporte un café et nous bavardons un moment. A chaque fois qu'il atteint mon espace vital, je n'ai pas besoin de me retourner, ma nuque est parcourue de frissons, mon bas ventre s'agite à l'odeur de son parfum et sa carrure me fait toujours autant d'effet. Je n'ai pas le temps de gérer une relation pour l'instant mais si ça me permettait d'avoir certaines infos pourquoi pas ?

Il est midi, les résidents partent déjeuner, certain à l'extérieur et d'autres restent sur place. J'ai pris l'habitude depuis mon arrivée de manger avec Mathilde et son ami tatoué qui se prénomme Maxime, Max' pour les intimes comme il me l'a signalé. Mais aujourd'hui, ni l'un ni l'autre n'est présent, tant pis je serrais toute seule. Je prends un livre dans la bibliothèque du foyer et je vais m'installer avec mon plateau dans un coin du self. J'ai la tête plongée dans mon bouquin quand ma nuque se réveille, je regarde derrière moi et Benjamin arrive à son tour avec son plateau. Je me mords la lèvre quand il m'adresse un sourire jusqu'aux oreilles, cette réaction m'exaspère, pourquoi me fait-il cet effet ?

- Salut Christabelle, je peux me joindre à toi ou tu préfères rester en compagnie de tes héros littéraires ?

- Coucou, non non bien sûr, installe toi.

- Merci, je déjeune souvent à l'extérieur mais je t'ai aperçu toute seule alors je voulais rester un peu avec toi, on ne s'est pas beaucoup vu ces derniers jours.

A ce que je constate il m'observe pas mal, peut-être que je devrais tenter ma chance avec lui pour avancer, il est tout à fait mon style de mec en plus, ce qui ne gâche rien !

- C'est très sympa de ta pars, tu rentres chez toi d'habitude ?

- Oui, j'habite à dix minutes d'ici. Ça me permet de sortir un peu de mon placard qui me sert de bureau.

Son rire est envoutant et communicatif. Je me surprends à détailler chaque trait de son visage. Ses yeux sont de véritables émeraudes ensoleillées, sa mâchoire carrée, des lèvres pleines... Je reviens sur terre quand je sens la chaleur de sa main sur la mienne.

- Houhou ! Chris' tu as l'air partie loin dans tes pensées et tes joues sont rouges tu es sûre que tout va bien?

- Ou... oui ça va merci, en effet j'étais partie sur une autre planète. Je me demandais si tu accepterais de venir prendre un verre avec moi un de ces soirs ?

- Avec plaisir, quand tu veux !

- Ce soir dix neuf heures ? Je passe te chercher à ton bureau ?

- On fait comme ça...

Ça y est je suis en phase d'attaque, je ne dois plus perdre un seul moment. Nous déjeunons tranquillement en parlant de tout et de rien, il évoque sa famille avec laquelle il est très proche. J'essai de lui faire comprendre que j'aimerai avoir accès aux dossiers pour ma sœur et me propose de jeter un œil en allant le rejoindre ce soir. Le directeur s'absente dès seize heures donc il y aura moins de risque.

L'après-midi ne passe pas assez vite à mon goût. Une seule idée me trotte dans la tête, je vais enfin avoir un début d'info pour Alice.

Dix neuf heures pétant je toque à la porte de Benjamin, il m'accueil avec son fidèle sourire, prends sa veste et s'apprête à sortir. Je l'interpelle avant qu'il éteigne son ordinateur.

- Tu m'avais dit que je pourrais jeter un œil aux archives, tu es toujours d'accord ? Pas longtemps promis et après on file boire un coup.

- Ah oui, vas-y. J'ai du courrier à poster, j'y vais et quand je reviens on part ? ça te va comme compromis ? Si quelqu'un vient, tu leur expliques que tu m'attends mais tu ne touches plus à rien, je risque gros en te laissant accéder à nos dossiers Christabelle, surtout si je ne suis pas à tes côtés.

- Ok ! promis.

Il a l'air contrarié de ne pas partir tout de suite mais c'est primordial que j'en sache davantage. Une fois la porte refermée, je m'affaire sur le fauteuil et commence mes recherches sur l'ordi. Heureusement que je m'y connais un peu pour ne pas perdre une seule minutes. Au moindre bruit dans le couloir je sursaute comme une gamine prise en flagrant délit de bêtises.

Effectivement je trouve une Ali Morin, l'âge concorde et la photo qui est un peu floue correspond à mes souvenirs. Les larmes me montent aux yeux quand je vois ce visage amaigris mais c'est certain, c'est bien Alice sur cette photo. Un cri sort de ma bouche quand la porte s'ouvre d'un coup. Merde, c'est Henri...

- Eh Benji ! Tu viens boi... Oupps excuse moi Christabelle, j'ai vu qu'il y avait encore de la lumière j'ai cru qu'il était encore là. Tu pleures ?

- Non, oui, il arrive. J'ai juste une poussière dans l'œil. Benjamin devait poster du courrier et je l'attends, on doit sortir boire un verre. Je lui réponds mal à l'aise.

- Ça marche, alors je m'éclipse, il préfèrera ta compagnie à la mienne.

Il m'adresse un clin d'œil et repars comme il est venu. Sur le seuil de la porte, il croise mon beau gosse qui lui confirme que nous partons à l'instant même. Mes recherches vont être compromises, encore une fois...

- Prête ?

- Prête !



CoïncidenceWhere stories live. Discover now