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Ces deux semaines sont passées à une vitesse grand V. J'ai essayé de retourner dans le bureau de Benjamin, pour trouver d'autres informations sur Ali Morin. Malheureusement, il n'en sort que rarement.

Une fois, j'ai réussi à rouvrir le dossier mais peu de choses apparaissent. Cette fille aurait séjourné deux mois ici, puis aurait pris la poudre d'escampette, en ne laissant aucune trace derrière elle.

Et puis, je n'ai pas beaucoup de temps pour moi non plus avec ces jeunes, qui, au file des semaines se sont attachés à moi et vice-versa. Dès que je les croise ils m'abordent pour discuter ou pour que je les aide. Ce job me plait énormément. Je me sens vraiment très utile pour eux.

Ce soir, Henry est en vacances pour trois semaines. Il m'a déjà annoncé qu'une remplaçante sera là dès lundi matin et que c'est avec elle que je travaillerai pour ma dernière semaine de stage. Pour fêter l'événement, il nous a invités à boire un coup entre collègues à la sortie du travail.

Il nous a donné rendez-vous devant le bâtiment pour que l'on parte tous ensemble.

Quand je sors, j'aperçois Henry, Maria la secrétaire et François l'homme à tout faire, que j'ai croisé à une ou deux reprises pour réparer des bricoles, c'est un homme très sympathique et serviable.

- Ah, ça y est on est au complet, on attendait plus que toi ! on peut y aller maintenant.

Je m'attendais à voir Benjamin, il me paraissait plutôt pote tous les deux. Peut être a-t-il eu un empêchement ? Ou c'est ma présence qui le dérange ?

Depuis notre aventure d'un soir, il m'évite le plus possible. Nous nous disons à peine bonjour... Dés qu'il me voit son regard change de direction, il me fuit, je le sais. Mais je ne comprends pas son problème, on était d'accord dès le début.

Je vais profiter de la soirée pour me détendre un peu. Parce que même si je fais l'indifférente, je pense très souvent à lui. Ses mains sur mon corps, sa façon de me donner des ordres et l'orgasme que j'ai pu ressentir. Mes nuits sont agitées, perturbées par tout cela. Il est partit sans un mot et aujourd'hui encore, je n'ai pas la véritable raison.

Après un bon mojito, j'arrive à me détendre un peu.

- Henry, tu vas faire quoi pendant tes vacances ?

- Pas grand-chose ! me reposer et partir un peu à la campagne.

Sur ces mots je le vois faire signe de venir à quelqu'un. Il a peut être invité sa femme à nous retrouver. Je sens cette présence arriver, des frissons me parcourent le dos et surtout ce parfum. Je le reconnaitrais n'importe où. Il m'enivre, me fait tourner la tête... Je ne me retourne pas pour le regarder, je dois être rouge pivoine.

- Bonsoir à tous, désolé de mon retard j'avais un petit truc à régler dit-il de cette voix grave et sensuelle.

- T'inquiète Ben on a bu qu'un seul verre et puis l'important c'est que tu sois avec nous. Viens par là, je te fais un peu de place.

Il se dirige vers Henry et s'assoit juste en face de moi. Je l'évite au maximum mais mon regard fini par se poser sur lui. Je regarde son torse, couvert par sa chemise blanche bien cintrée, je remonte vers son menton carré, puis sur ses lèvres pleines et fini dans ses yeux vert qui sont aussi braqués sur les miens. Il les détourne instantanément, sa gène se ressent. Je ne peux pas rester ici plus longtemps avec lui si proche.

- Bon, Henry, je vais rentrer. J'ai été ravi de travailler avec toi. Tu m'as appris énormément sur notre métier. Merci beaucoup et passes de bonnes fêtes avec ta famille.

Je me dirige vers lui pour lui faire la bise.

- Ne pars pas déjà, la soirée ne fait que commencer, et puis Benjamin vient juste d'arriver. On n'a pas pu en profiter tous ensemble.

Je vois son air déçu mais je ne peux pas faire autrement.

- Je suis désolée tout le monde, j'ai un gros week-end qui m'attend, je dois me reposer sinon lundi ce sera encore plus dur sans toi.

- Ok je comprends, amuse-toi bien demain et pas trop de folies ma jolie.

Il m'adresse un clin d'œil avant de me serrer dans ses bras. Ces semaines passées avec lui on été géniales. Cet homme est merveilleux.

- Promis « Papa » !

Il sait que je suis une fêtarde, sauf que là, je n'ai rien de prévu ce week-end, à part m'éloigner de lui ce soir.

Nous nous enlaçons tendrement. Je lui glisse à l'oreille que sa bonne humeur et ses conseils vont me manquer. Ensuite j'adresse un au revoir collectif, pour ne pas à avoir à toucher Benjamin.

- Au revoir beauté, à lundi me dit Maria

François lui, me fait un signe de la main, quand à lui, il ne fait rien, toujours à fuir mon regard. Je ne relève pas, en réagissant comme ça il me prouve qu'il ne me mérite pas.

Lorsque j'arrive à la hauteur de ma voiture, je me sens suivi. La peur monte en moi, je dois me dépêcher de trouver mes clés pour m'y engouffrer rapidement. Je n'ose même pas me retourner pour vérifier... ça y est c'est bon !

- Ouf ! putain cette trouille que j'ai eu, vivement que je sois à l'appartement.

Je me parle toute seule. J'ai tellement eu la frousse que cela me rassure. J'allume le moteur pour mettre en route le chauffage dans l'habitacle, je suis frigorifiée. Un bruit sourd me fait sursauter. Quelqu'un tape vivement sur ma vitre, je crie de surprise et en me retournant j'aperçois Benjamin. Je n'ai pas envie de le voir, il a déjà réussi à pourrir ma soirée alors qu'il me laisse tranquille. Je suis prête à passer la marche arrière quand deux coups sont de nouveau frappés à ma vitre, il insiste.

- Ouvre s'il te plait je dois te parler.

Pour m'en débarrasser j'ouvre légèrement la fenêtre.

- Retourne à l'intérieur, je n'ai rien à te dire, passes une bonne soirée. Bon week-end Benjamin.

Sur ces derniers mots, j'appuie sur l'accélérateur et dans un crissement de pneus qui me fait tressauter je pars à toute vitesse.

Que me voulait-il ? Cette question m'a pourris mon week-end, je ne suis pas sortit. J'ai ruminé et grignoté devant des films à l'eau de rose. Avec mon âme sensible et les tensions accumulées depuis très longtemps, mon canapé s'est rempli de mouchoirs pleins de mes larmes.

J'en ai quand même profité pour accrocher quelques babioles de noël. Pour moi cette fête ne veut plus rien dire, elle n'a plus de charme depuis que j'ai perdu ma sœur.

CoïncidenceWhere stories live. Discover now