Novembre - 01

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Il le revoit faire son sac et quitter l'appartement sans un mot, sans un regard. Il se souvient de la douleur qu'il avait ressenti face à cette absence de sentiments et de sa solitude les jours, les semaines puis les mois qui avaient suivi. Il a encore cette sensation d'avoir fait quelque chose de mal qui le ronge mais il ne peut s'empêcher d'avoir adoré ce moment. Ce moment parfait qu'il sera incapable d'oublier malgré tous les efforts qu'il pourra fournir. Ce moment où les choses ont dérapées au point que leur amitié en ait été affectée afin de satisfaire leurs pulsions. Ce moment surréaliste qui semblait hors du temps et indescriptible par de simples mots.

Ce sont les pensées qui traversèrent sont esprit lorsqu'il se vit laisser entrer Jaebum chez lui, trois mois après cet évènement. Un violent frisson parcouru sa colonne vertébrale à ses souvenirs passionnels. Yugyeom s'était vite repris et avait invité son ami à se mettre à l'aise tandis qu'il essayait de rassembler ses esprits.

Trois jours plus tôt, Mark avait envoyé un message contenant une très bonne nouvelle : Jinyoung était réveillé. Pendant quelques instants le jeune danseur s'était demandé s'il devait prévenir Jaebum qui avait fait le mort ces derniers mois ou bien si ce dernier avait également reçu un message. Le contact qui s'afficha sur son téléphone, indiquant un appel entrant, lui apporta rapidement une réponse. Après avoir décroché, un blanc s'était installé entre les deux hommes pendant de longues secondes. Tous deux désiraient ardemment parler à l'autre mais avaient peur de mal s'y prendre et dessuyer un échec, lourd de conséquences. Ce fut finalement l'aîné des deux qui avait pris la parole après ces trois mois d'absence, trop heureux de pouvoir enfin exprimer cette joie tant attendue.

Si Yugyeom n'avait été qu'à moitié surpris par l'appel quasi immédiat de son ami, il crut néanmoins à une blague lorsque Jaebum lui demanda s'il pouvait rester avec lui quelques jours à Séoul. Suite à l'incident, le diététicien avait préféré s'éloigner de Yugyeom et, quitte à partir, il avait décidé de carrément déménager et de suspendre pour un temps son travail. Il s'était donc installé chez un ami en campagne, un certain Jooheon, afin de changer d'air et se reposer pleinement. Le brun revenait aussi souvent que possible à Séoul mais il préférait rentrer rapidement, passant rarement plus d'une journée dans la capitale.

C'est ainsi que le cadet s'était retrouvé avec son ami, assis sur son nouveau canapé, dans ce même appartement où avait eu lieu l'incident dont ils n'avaient pas échangé un mot. Il savait que Jaebum avait une tendance à fuir les problèmes dont ils ne voulaient pas parler, qui le gênaient ou l'énervaient. Yugyeom avait bien compris que cette fois, il serait sûrement préférable de ne pas forcer son aîné à parler. Peut-être qu'il valait mieux enterrer cette soirée comme il avait enterré ce désir pendant de si longues années. Peut-être qu'il devait continuer d'enfouir et d'ignorer ces regards qu'il avait toujours pour son ami. Peut-être que ce silence valait mieux qu'un discours qui finirait par s'envenimer. Peut-être que c'était mieux ainsi.

Son coeur se serra violemment à ces réflexions mais il prit une grande inspiration et décida dentrer dans le jeu de Jaebum : ignorer cette soirée.

Envoyant bouler cette colère qui lui hurlait de cracher à son ami qu'il aurait au moins pu lui dire qu'il allait bien, il lui offrit son plus beau sourire tout en s'asseyant à ses côtés. Oubliant à quel point il avait harcelé l'infirmier Tuan afin de savoir si cet ex-diététicien égoïste était passé voir Jinyoung cette semaine, Yugyeom entama la conversation comme s'ils étaient deux amis qui se retrouvaient après de longues vacances. Se moquant complètement de son rythme cardiaque lorsque Jaebum souriait, il continuait à parler comme il l'avait toujours fait depuis qu'ils se connaissaient.

Mais il avait mal. Un magnifique sourire étirait ses fines lèvres mais une grimace de douleur occupait son esprit. Il parlait à l'aide de ses mains en expliquant une autre de ses fameuses chutes auquel son ami n'avait pas assisté mais il n'avait pas envie d'esquisser le moindre mouvement. Il voulait juste aller dormir. Dormir et pleurer pour cette douleur qui déchirait son coeur. Pleurer mais également se maudire pour ressentir cet infime sentiment de joie à la vue du petit brun. Cette joie qui, en dépit de toute sa souffrance, réussissait à lui faire garder le sourire, à rire et à bouger comme si de rien n'etait.

12 Months Without YouWhere stories live. Discover now