Prologue

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Je suis allongé sur mon lit d'hôpital, incapable de bouger un seul orteil. Je suis branché à des machines qui m'aident à respirer plus facilement. En un peu moins d'un mois, mon état s'est considérablement détérioré. J'ai l'impression d'être prisonnier de mon propre corps, qui ne m'obéis même plus. Je dois fêter mes vingt-six ans dans quelques semaines, mais je crains ne jamais les atteindre.Non, j'en suis sûr. Ma vie va s'achever ici. Mais je ne regrette rien, j'aurais profité du temps que Dieu a bien voulu m'accorder. J'ai eu une mère en or et une sœur adorable, que j'aime plus que tout. J'ai pu faire la connaissance d'un homme exceptionnel : mon meilleur ami, qui a été un confident et un frère pour moi. Je n'ai pas de regret, à part peut-être mon père. Si je devais changer quelque chose à ma courte vie, ça serait mon géniteur. Mais rien n'est parfait et j'accepte cette dure partie de ma vie dû à cet homme.

Ma mère et ma sœur sont venues me voir quelques heures plus tôt. Elles ont beaucoup pleuré et m'ont répété combien elles m'aimaient un nombre incalculable de fois. Mais malheureusement, leur amour ne me guérira pas, rien ne changera mon sort. Mon destin est tout tracé ma vie s'achève ici et rien ni personne ne pourra le changer. Les dernières minutes que j'ai passées en leur compagnie ont été silencieuses. Chacun profitant simplement de la présence de l'autre. De toute façon, je n'aurais pas pu prononcer un mot, je suis bien trop faible. Même respirer me demande un effort considérable à ce stade. Mon regard se pose sur ma mère assise à côté de mon lit. Ses yeux sont cernés, rougis. Je sais qu'elle ne cesse de pleurer depuis des jours en priant Dieu de sauver son fils, en vain. Ses cheveux sont attachés dans un chignon négligé d'où s'échappent quelques mèches brunes. Elle tient fermement un mouchoir en tissus blanc entre ses petites mains. Je sais qu'elle voudrait me tenir dans ses bras, me toucher, mais ça serait trop dur pour elle. Et pour moi. Des larmes s'échappent, mais elle ne les laisse pas couler, elle les essuie précipitamment, ce qui n'est pas le cas de ma soeur. Elle qui d'habitude déborde de joie, s'est transformée en pleurnicheuse. Ses long cheveux ébènes tressés reposent sur son épaule gauche. Elle n'a pas meilleure mine que ma mère. Ses yeux sont également rougis avec des cernes très prononcées. Je remarque qu'elle porte un de mes T-shirts, un noir qui est deux fois trop grand pour son corps menu. Mon coeur se sert à la vision de ses joues baignées de larmes. J'imagine très bien ce qu'elles ressentent, j'aurais été dans le même état, si elles étaient à ma place. La porte de ma chambre s'ouvre et un homme en blouse blanche entre pour les informer que les heures de visites sont finies et qu'elles doivent quitter la pièce. A cette annonce, les sanglots de ma soeur redouble. J'ai envie d'arracher tous ses branchements et de me lever pour la prendre dans mes bras. De la rassurer en lui disant que tout ira bien, que tout va bien se passer, mais je ne peux pas. Je suis coincé dans ce maudit corps amorphe avec un tuyau dans la gorge. Ma mère dépose une main sur son épaule et embrasse sa joue en lui chuchotant qu'il est temps de partir. Ma frangine se lève d'un bon en pestant violemment contre les médecins incompétents, un Dieu trop occupé pour écouter les prières de son peuple et contre la vie injuste. Elle quitte la pièce en bousculant brutalement l'homme en blouse blanche. Ma mère s'approche de mon lit est me déposer un baiser sur la joue.

— Excuse la, mon chéri. C'est très dur pour elle te perte son frère adoré. Nous reviendrons demain. R...repose toi bien.

Elle s'approche de la porte et se retourne. Les yeux larmoyants, elle chuchote :

— Je t'aime.

Moi aussi maman. Je vous aime tellement toutes les deux.

Une larme coule le long de sa joue et elle quitte la chambre, me laissant seul avec moi-même.

Les minutes qui suivent, je repense à ma vie en me remémorant les meilleurs souvenirs. Mes yeux s'humidifient, ma vue se trouble. Mais je refuse de me laisser aller et de pleurer. Je suis un homme fort, la mort ne me fait pas peur. J'ai accepté mon triste sort il y a déjà bien des années. Du moins, c'est ce que je me répète encore et encore, chaque jour depuis des années. Au fond de moi, je ne veux pas mourir, mais se l'avouer rendrait les choses bien trop difficiles.

J'entends la porte s'ouvrir puis se refermer doucement. Les heures de visites sont finies, un médecin ? Je distingue vaguement une silhouette s'avancer lentement vers moi. Les larmes troublent ma vue, je ne reconnais pas la personne. La masse s'assoit sur la chaise à côté du lit, là où ma mère était assiste quelques minutes plus tôt.

— Alu, chuchote l'inconnu.

Je reconnaîtrais cette voix entre mille. Sa main se pose délicatement sur la mienne.

— Je suis désolé, j'espère que tu sauras me pardonner un jour.

Je suis surpris par ces paroles, de quoi parle-t-il ? Je n'ai pas le temps de réfléchir plus longtemps, tout s'enchaîne si vite. Je sens quelque chose de froid transpercer la chair de mon cou. Une chaleur partant de ma nuque se propage pour irradier tout mon corps. Puis un liquide glacé se répand à l'intérieur de mes veines. J'ai l'impression qu'il fait moins quinze dans la pièce, je suis gelé. Je ne comprends rien à ce qui se passe. Tous mes membres me lancent, j'ai envie de hurler de douleur, mais aucun son ne franchit mes lèvres. L'intérieur de ma bouche me brûle, je sens quelque chose transpercer mes gencives.

— Ça va aller Alu', ne t'inquiète pas. Je suis là, me rassure la voix.

Non ça ne va pas ! Bon sang, qu'est-ce que tu m'as fait ? Qu'est-ce qui m'arrive ? Au bout de quelques minutes qui me semblent sans fins, la douleur s'arrête enfin. Je n'ai plus mal. J'enlève les branchements qui jusqu'à présent m'aidaient à respirer. Je suis surpris de voir mes membres répondre à nouveau aux ordres de mon cerveau. Ces derniers ne m'obéissaient plus depuis quelques semaines. Je me redresse dans mon lit, et me tiens l'estomac. Bon sang, je suis affamé ! Je meurs de faim.

— Je vais tout t'expliquer, mais tu dois d'abord boire ceci.

J'accepte la bouteille en verre rempli d'un liquide rouge. Du vin ? Il veut fêter quoi au juste ? Mon rétablissement miraculeux ? Je bois une gorgée avant de recracher le contenu sur le lit. Bon sang, c'est dégueulasse ! C'est quoi ce truc ? Ce goût métallique me rappelle quelque chose mais impossible de me souvenir quoi.

— Bois, m'ordonne la voix. Sinon tu n'auras aucune explication. Fais-moi confiance.

Je soupire et porte le goulot à ma bouche. Le liquide entre en contact avec ma langue avant de descendre dans ma gorge. C'est vraiment immonde, mais je le fais, à contrecœur. Je l'écoute, car je crois en lui. Une fois la dernière goutte avalée, je dépose la bouteille sur la petite table à côté de mon lit. J'attends impatiemment les explications, qui ne tardent pas. Au fur et à mesure, je comprends rapidement que je nage en plein cauchemar. Au début, je pense à une blague, mais je saisis très rapidement que ce n'est pas le cas. J'aimerais que ça soit un rêve dont je vais me réveiller d'une minute à l'autre, mais je sais que ce n'est pas le cas. Tout ceci est tout ce qu'il y a de plus réel. Quelques semaines avant mon vingt-sixième anniversaire, alors que j'aurais dû rendre mon dernier souffle, la vie en a décidé autrement. Je suis toujours vivant, même si j'aurais préféré mourir. Il n'avait pas le droit me faire ça ! Égoïstement, sans me demander mon avis. J'ai envie de hurler et de lui arracher son sourire.

Bon sang - sans vilain jeux de mot-, je n'arrive pas à y croire.

Je suis devenu un vampire.


Edité le 10 mars 2021

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Edité le 10 mars 2021

Dracula Où les histoires vivent. Découvrez maintenant