23. La cruelle loi du choix (1/3)

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Je suis allongé, sur mon lit, dans la roulotte. Que s'est-il passé ? Des bribes de notre expédition à Chartres me reviennent : le denier d'argent, le sacrifice de Pontbréant, Torque ! Je fronce les sourcils sous la concentration. À partir de là, mes souvenirs deviennent flous. Fabrizio est intervenu. Il m'a porté au travers de la ville... je crois. Comment suis-je arrivé au campement ? Une soudaine angoisse me saisit et je tâtonne près de mon cou d'une main malhabile. Elle se referme sur mon médaillon, sagement à sa place sur ma poitrine. Mon mouvement brusque réveille la douleur ; un gémissement s'échappe de mes lèvres. Une chaise racle sur le bois. La tête de Guy se penche au-dessus de moi, anxieuse.

— Guillaume ?

Son ton tendu vibre d'une inquiétude palpable. J'esquisse un sourire rassurant.

— Guy ? Comment suis-je arrivé là ?

Ses yeux soucieux plongent dans les miens. Je soutiens son regard sans comprendre. Il me dévisage un bref instant sans me répondre et pose une main fraîche sur mon front.

— Tu as encore de la fièvre, observe-t-il, préoccupé.

— Combien de temps ai-je dormi ?

Je tente de me redresser sur un coude pour regarder autour de moi, mais un élancement violent me saisit. Je retombe avec un cri.

— Ne bouge surtout pas ! m'ordonne Guy. Je vais chercher Geiléis.

Il disparaît de ma vue. Des éclats de voix s'élèvent au-dehors. Je ne distingue pas les paroles. Des pas précipités reviennent. Le visage de Geiléis, encadré de ses nattes rousses, apparaît face à moi, escorté d'un doux sourire. Elle est seule. Guy n'est plus là. La guérisseuse m'observe un moment, passe sa main devant mes yeux. Je la suis du regard.

— Ça fait plaisir de te voir réveillé ! s'exclame-t-elle à l'issue de cet examen attentif.

Son ton se veut léger, joyeux, mais je perçois également tout le soulagement qui détend ses épaules.

— Est-ce que quelqu'un pourrait enfin me dire ce qui s'est passé, depuis combien de temps je suis là ? reprends-je.

— Fabrizio t'a ramené de Chartres sur son dos. Tu t'en souviens ?

Ces paroles évoquent un vague arrière-goût d'un trajet interminable, cramponné à deux épaules, entouré de brouillard.

Devant mon bref désarroi, les yeux verts de la gardienne me soutiennent de leur sollicitude.

— Tu avais perdu beaucoup de sang quand tu es arrivé. La blessure était profonde. Tu es resté inconscient pendant trois jours. Nous avons eu très peur.

Sa voix tremble légèrement sur ces derniers mots ; un nuage traverse son regard.

— Est-ce toi qui m'as soigné ? Mon médaillon... ? m'enquiers-je avec une brusque angoisse.

Geiléis se redresse et lève les yeux au ciel.

— Il n'y a donc que cela qui t'importe ? Ton médaillon est resté à ton cou pendant tout ce temps. Ton secret est sauf.

Je laisse échapper un soupir de soulagement. La tension soudaine se dénoue aussi vite qu'elle est apparue. Mes doigts cherchent sur ma poitrine et se referment sur le bijou.

— Je dois dire que suis étonnée par cet objet, reprend-elle. Ses effets ne ressemblent pas aux Tissages des Veilleurs, mais m'évoquent plutôt les glamours des faés. Il doit remonter à l'époque des Anciennes Alliances.

— J'ignore tout de son origine. Il appartenait à ma mère, mais elle est morte en me mettant au monde. Je suppose qu'elle était Veilleuse.

Je laisse un instant mes pensées dériver vers cette mère mystérieuse. Que dirait-elle en me voyant ici, maintenant ? Quelles aventures a-t-elle vécues qui l'ont amenée en possession de ce talisman ? Je ne connaîtrai hélas jamais la réponse à cette énigme.

— Mon père avait conservé ce médaillon précieusement. Il m'en a fait cadeau pour mon seizième anniversaire. Je dois avouer que j'ai été plutôt surpris la première fois que je l'ai passé à mon cou, dans ma chambre, devant la glace.

— J'imagine, concède-t-elle avec un sourire malicieux qui fait pétiller ses prunelles.

Puis elle reprend, plus sérieusement :

— Tu devrais leur dire, Guillaume. Ce n'est pas bon de garder ce secret. Ce sont tes amis.

Je me rembrunis. Les paroles de Geiléis se font l'écho de celles des spriggans et ce n'est pas une décision que je me sens capable d'affronter. Je m'affaisse au fond de mon lit, lesté d'un poids au creux du ventre.

— Je sais. Je leur dois la vérité. Mais j'ai si peur de leur réaction, de leur rejet ! Bientôt, lui assuré-je. Je leur dirai bientôt.

Je pousse un long soupir. La fatigue revient en force, tout d'un coup. Je prends conscience de l'étau de feu autour de mon front. Geiléis me tend un gobelet.

— Tiens, bois ça ! Tu as encore besoin de te reposer. Nous reprendrons cette conversation plus tard.

J'avale la potion avec une grimace. Le liquide me laisse une amertume et une sensation un peu râpeuse sur la langue. Mes yeux se ferment d'eux-mêmes. Le sommeil m'emporte.

Le crépuscule des VeilleursΌπου ζουν οι ιστορίες. Ανακάλυψε τώρα