À cet instant, mon intérieur est froid comme glace, et au même moment, je sens que je brûle. C'est une sensation étrange et je me lève le cœur battant pour prendre son visage entre mes mains afin de venir l'embrasser. C'est comme si ma colère, n'existant que dans un ressenti, demande à sortir de mon corps à travers ce baiser. C'est un baiser de brute. Aucune douceur. Rempli de force et de douleur. Elle réagit à cette demande mais seules nos lèvres entrent en contact. C'est un baiser qui me tord de douleur et qui me broie de l'intérieur. Mais je l'embrasse pour la dernière fois. Je profite de ces lèvres que j'ai embrassé plus d'un milliard de fois. Elle me suit dans mes gestes et je sens l'une de ses larmes qui coule sur sa joue se coller sur la mienne. La force de notre baiser m'empêche de faire passer l'air dans mes poumons et je m'arrête aussi brusquement que j'ai commencé. Elle l'a ressenti aussi puisque la noirceur de son regard s'intensifie lorsque ses yeux croisent les miens. C'était un baiser d'adieu. Je la quitte. Je quitte mon amour pour me libérer, pour nous libérer de cette histoire sans avenir. Je quitte cet amour aussi pur qu'éteint. Je quitte cet amour incompris. Je la quitte. Elle est partie.


Six mois après
4 ans de relation


C'est vrai que j'ai quitté Hazel, mais pas tellement en fait. Elle ne vivait plus à la maison mais ses affaires sont toujours là. On s'est revus plusieurs fois, on a couché ensemble autant de fois, et même si on était séparés, c'était trop dur de ne pas céder à la tentation. C'était vraiment bizarre. Mais là, elle me manque. Et comme je ne voulais pas le lui dire en face, je lui ai écrit une lettre.


Le cœur pourrait écrire tout seul un poème sur le sentiment de l'impossible. Mon cœur le connait parfaitement ce poème d'ailleurs. Comment je peux faire, alors que tes yeux ne sont pas là pour moi, que tes yeux ne peuvent pas se noyer dans les miens ? La vie ne deviendrait elle pas plus sombre ? Je ne te l'ai jamais dit jusque-là mais tu es celle qui donne un sens ma vie. J'ai bien trop peur de te l'avouer mais ton regard, ta bouche, ton sourire, tout est ancré en moi. C'est tellement étrange, mais j'ai envie de tout casser. Je n'arrive plus à jouer. Ma guitare ne s'accorde plus à mes doigts. Si je ne te touche pas, je ne peux plus toucher quoi que ce soit sans le rendre moche et détruit. Je ne sais pas. J'ai tellement besoin de toi. Pourquoi tu me fais cet effet-là ? L'amour est censé être la plus belle chose sur terre. Si t'aimer est aussi douloureux, alors je n'en veux pas. La plupart des gens n'aiment pas seulement avec leur cœur, mais avec le regard, le toucher, l'odorat... avec chacun des sens. Comment tu veux que je réussisse à t'oublier ? Si je demande à mon cœur de se taire, tes yeux vont manquer aux miens... Si je ferme les yeux, mes mains vont vouloir te toucher. Si je ne peux plus te toucher, je vais sentir ton odeur, et si je ne peux plus te sentir, alors mon cœur recommencera à saigner... Non je ne peux pas t'oublier. L'oubli est un bien aveugle. L'oubli est une obscurité sans fond. Par où je dois commencer pour t'oublier ? Je ne le sais pas, je n'en ai pas envie. Ce que je vais faire, c'est commencer à m'oublier moi-même à ta place. Je sais que ça ne signifie rien. Ce que je voulais dire par là, c'est que si je me dis que je ne suis plus rien pour toi, alors peut être que je peux me faire une raison. Mais Hazel, ce qui nous arrive n'est ni dû à l'amour, ni l'impossibilité mais je refuse que ce soit une séparation. Je ne sais pas ce que c'est... le seul mot me venant à l'esprit est un déchirement. Ce qui nous arrive, c'est comme la douleur d'une rose qui voulait fleurir mais qui a échoué. Je n'y arrive plus sans toi. Que s'est-il passé pour que nous en arrivons là ?Je t'en supplie, éclaire moi...



Une semaine après, je sortais fumer une clope au balcon, et je la vois arriver...
Je dévale les marches deux par deux en manquant de tomber tellement j'étais rapide. J'ouvre la porte de la maison et elle me regarde. Je l'imite. Personne n'ose rien dire. Mais je pense qu'elle a lu ma lettre. J'en suis sûr. Elle me regarde toujours et je m'approche d'elle. Je n'ai pas envie de craquer, cette fois. Je ne vais pas l'embrasser, cette fois. Alors on se fait la bise, c'est plus approprié. Je veux qu'on parle seulement elle et moi.

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