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Ba-Sing-Se
- Allez, bouge-toi ! ordonna-t-on en la secouant comme un prunier.
San détestait les réveils brutaux. Elle les détestait encore plus que les beignets aux pommes, avoir le nez bouché ou se prendre un coup de soleil, c'était dire !
Pourtant, Yokah n'était pas du genre à prendre en considération les chichis de son amie, et hésitait rarement bien longtemps avant de lui hurler dans les tympans lorsqu'il s'agissait de l'arracher au sommeil. Et il laissa un large sourire s'étendre d'une oreille à l'autre quand la Maître du Feu ouvrit les yeux et posa un regard féroce sur lui.
- Arrête de me crier dessus, je suis pas un chevautruche, aboya-t-elle avec toute la mauvaise humeur qui caractérisait son état d'esprit du matin.
- Çà ! personne n'en a apporté la preuve jusqu'à présent, se moqua le Maître de l'Eau. Mais si tu bouges pas très vite tes fesses, la crevette, tu vas te faire écrabouiller.
Péniblement, San prit appui sur ses coudes, se redressa avec toute la difficulté du monde, non sans un grognement d'insatisfaction et elle ne put qu'hausser les sourcils face à toute cette agitation qu'elle jugeait bien trop matinale.
Sur le pont, les centaines de réfugiés se mouvaient comme un seul et même homme, jouant des coudes et se bousculant à tout va en ramassant çà et là une couverture, un sac, quelques provisions. Une véritable ruche en pleine effervescence, à tel point que cela en donnait presque déjà mal au crâne à San. La houle se faisait bien davantage sentir que durant tout le reste du voyage, Rei et Yokah avaient déjà balancé leurs sacs par-dessus leurs épaules, frais et dispos tandis que la Maître du Feu, elle, peinait à remettre de l'ordre dans ses pensées. Et c'est à cet instant que San remarqua qu'au-dessus de sa tête, ce n'était pas un ciel joliment dégagé qui veillait sur celle, mais les parois humides et couvertes de mousse d'une grotte immense.
Ils étaient arrivés à quai, enfin, comme des dizaines et des dizaines d'autres de navires débordants de réfugiés, d'hommes et de femmes dont la vie avait été ravagée par la guerre.
San fronça le nez ; Ba-Sing-Se serait-elle réellement suffisamment grande pour tous les accueillir ?
Pressée par les paroles de Yokah et l'œil inquisiteur de Rei, San s'arracha à son sac de couchage, se dépêtrant autant que faire se peut de ses couvertures et se dépêcha d'enfiler une tunique propre avant de crocher son propre baluchon sur son épaule. La tête en vrac, elle se rendit soudainement compte qu'elle avait totalement perdu de vue Zuko et Iroh et quand elle demanda d'une voix pâteuse à ses compagnons de route où étaient-ils passés, Rei lui certifia qu'ils avaient fait partie des premiers à descendre du bateau. San en fut foncièrement déçue mais tenta de ne rien laisser paraître.
