Cent ans. Cent ans que la Nation du Feu a décidé de mettre le reste du monde à genoux, sans que personne ne lui fasse réellement opposition. Seulement, L'Avatar est de retour et avec lui, l'espoir d'un monde enfin en paix.
San, elle, est née au creu...
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Pardonner et se pardonner
Le crépuscule tombait, à l'horizon, et San s'était largement éloignée du reste du campement pour s'entraîner seule avec elle-même. Pourtant et malgré les gestes qui s'enchaînaient avec fluidité, elle avait l'esprit ailleurs, et se rejouait sans cesse dans sa tête la carte d'Omashu qu'elle avait fini par obtenir de la part de Bumi, non sans auparavant devoir accomplir toutes sortes de défis idiots pour y parvenir.
La jeune femme laissa un frisson courir le long de sa colonne vertébrale. Brrr ! elle préférait ne plus y songer, même si son corps, lui, refusait d'oublier et hurlait des mille courbatures qui le meurtrissaient de la pointe de ses orteils à la racine de ses cheveux.
On n'avait pas idée de choisir un roi aussi cinglé.
San répétait mécaniquement les mêmes mouvements depuis des heures déjà, enchaînant exercices de respiration et techniques basiques de Maîtrise du Feu sans même avoir à y penser, tant elle les connaissait par cœur, ce qui n'empêchait pas la transpiration de venir perler sur son front. Lorsqu'elle avait eu quelques minutes de temps libres – oui, quelques minutes à peine, Bumi avait eu bien du mal à se décider à lui lâcher la grappe – elle avait longuement observé Maître Pakku et deux de ses plus prometteuses disciples, tout droit venus du Pôle Nord. Naya, surtout, la plus douée des deux et sur laquelle San avait bien du mal à ne pas laisser traîner un regard un peu trop lourd en sous-entendus, auquel la Maître de l'Eau préférait répondre par de grands éclats de rire.
Quoi qu'il en soit, Pakku n'était ni bavard, ni aimable, ni particulièrement prompt à distribuer ses connaissances à tout va mais qu'importait ! Ses mouvements de Maîtrise de l'Eau étaient terriblement inspirants et San avait grande hâte de les essayer et de les adapter de son côté.
Mais pas ce soir-là. Elle était bien trop épuisée. Et puis, elle avait encore un parchemin ou deux sauvés de la partielle destruction du Temple de l'Air Astral à étudier, le soir-même. La journée était encore loin d'être terminée.
S'autorisant finalement quelques instants de répit, San vint s'assoir au bord du ruisseau auprès duquel elle était venue se réfugier, hésitant un court instant avant de se débarrasser de ses bottes et de laisser ses orteils tremper dans l'eau aussi fraîche que claire. La jeune femme laissa finalement échapper un grognement entre ses dents serrées quand son regard se heurta aux énormes ecchymoses qui lui décoraient les mollets, souvenirs impérissables des sept duels auxquels elle avait déjà eu à se livrer depuis la veille.
- Ton jeu de jambes, jeune fille ! n'avait eu de cesse de lui scander le vieux roi d'Omashu. Tu es raide comme un piquet, pour une Maître du Feu !
Lui aussi aurait été probablement raide comme un piquet s'il avait été contraint à faire quatorze fois le tour du campement au pas de course, mais San s'était mordue la langue pour s'empêcher de répliquer quoi que ce soit puisque la seule fois où elle l'avait fait, elle l'avait amèrement regretté. Son dos écorché sur toute sa longueur était là pour le lui rappeler avec vivacité. Bumi n'était pas vraiment enclin à se faire contredire.
