Biohazard - Disparus [ Tome 1 Terminé ]

Quarantaine - Jour 1 : Ou comment semble débuter la fin.

Le lazaret.

Voilà le nom donné hier à cet incroyable enceinte de verre par l'auto-proclamé intendant des lieux. Sa voix calme et posée, de par sa résonnance quasi-omnidirectionnelle, est encore toute fraîche dans ma mémoire. Chacun des mots de son interminable discours est encore imprimé dans mon cerveau. Il en est de même pour sa projection en deux dimensions sur l'un des pans de la structure. Son visage imberbe et chauve, tantôt souriant, tantôt affligé, mais résolument bienveillant, reste gravé dans ma mémoire.

« Mesdames, Messieurs. Avant de m'introduire à vous, je tiens à vous présenter mes plus sincères excuses pour la situation infernale dans laquelle vous avez été entraînée, et ce, contre votre gré. Je vous fais également confiance pour accepter ma plus franche compassion quant aux rudes conditions de vies de la semaine que vous avez vécue. Jamais des êtres humains ne devraient avoir à subir ce genre d'expériences. Aucun traitement, aucune parole ne pourront jamais soulager les blessures, l'isolation, la faim et les morts. Mais sachez que votre présence ici marque pour beaucoup, la fin de votre calvaire. »

Passée la surprise de cette voix sortie de nulle part, l'ensemble de la population du dôme se concentra alors sur les mots de l'hologramme.

« Mon nom est Joseph Nadar, et je suis l'intendant du lazaret MCSS : une infrastructure encore récemment désaffectée mais remise en fonction pour vous accueillir. La vie y sera rudimentaire mais vous y serez protégé de l'hostilité de l'environnement extérieur. »

Sur ces mots, et parce que son intonation rassurante semblait sonner juste à leurs oreilles, beaucoup des hommes et femmes présentes lâchèrent un léger soupir de soulagement.

« Comme les plus malchanceux d'entre vous ont pu le constater, vous n'êtes plus exactement là où vous vous trouviez il n'y a pas si longtemps. Aussi incroyable que cela puisse paraître, nous sommes tous ici une bonne dizaine de millions d'années dans le passé. Dans le Crétacé Supérieur Santonien, pour être précis, une période de la vie de notre planète où rien de ce que vous connaissez n'existe ou ne s'applique. »

Même pour notre petit groupe qui s'était déjà fait à l'idée, cette annonce, aussi solennelle qu'implacable, fut un véritable choc.

« Votre présence ici n'est pas un hasard. Un incident terrible et imprédictible s'est produit. Il serait inutile pour nous autant que pour vous d'aller dans les détails de cet accident, tant il dépend d'un domaine de connaissances vous étant totalement étranger. Ce qui est important, c'est que nous avons les moyens et la volonté de vous ramener chez vous. »

La tension, déjà presque à l'état solide dans l'assemblée, gagna encore un peu en intensité.

« Cependant, votre retour devra attendre. La semaine que vous avez passée ici vous a confrontés aux risques biologiques caractéristiques de cette ère. Bactéries, virus et autres parasites endémiques du Crétacé sont tout autant de risques potentiellement mortels auxquels vous avez été exposés bien trop longtemps pour que votre retour chez vous ne se fasse au détriment de votre sécurité et celle de vos proches. Certains d'entre vous sont peut-être déjà infectés sans le savoir. Pour cette raison, et parce que les derniers survivants viennent d'intégrer le lazaret, il a été décider de lancer une procédure de quarantaine durant laquelle votre état de santé sera contrôlé et au cours de laquelle les potentielles infections seront traitées. »

Les quelques murmures qui résistaient encore depuis le début du discours se turent pour de bon. Je me souviens avoir à ce moment-là regardé tout autour de moi pour découvrir une multitude de regards méfiants en faire de même.