Chapitre 34 : Vérité

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Chapitre 34 : Vérité

Je suis restée un moment, immobile, médusée, à fixer un point du mur de ma chambre. J'avais la sensation que la Terre s'était arrêter de tourner ; comme si le temps était suspendu, prisonnier dans l'espace temps. Une image martelait mon esprit, celle des fines lettres de mon prénom sur le poignet de Rames.

Qu'est ce que cela voulait-il bien dire?Ressentait-Il quelque chose pour moi? Ou était-ce seulement un rêve dont j'allais bientôt me réveiller?

Aucune réponse ne me venait clairement. Mon cœur y croyait, ma pensée, elle, ne savait plus où elle en était. Je me sentais vulnérable comme je ne l'avais jamais été. Mais en même temps, un sentiment d'épanouissement que je n'avais jamais connu auparavant m'envahissait et m'enveloppait dans un nuage de douceur.
Ce même nuage qui me berçait quand j'étais petite.

Ma mère entra dans ma chambre et vint s'assoir à côté de moi. Sans rien dire, nous restâmes un moment côte à côte avant que je ne brise le silence :

« Dis maman, les prénoms qui s'écrivent sur nos poignets quand on aime quelqu'un, est ce qu'on peut le contrôler ?

- Je savais qu'un jour, cette question viendrait, répondit-elle, en me regardant tendrement. Et pour répondre à ta question, non, ça ne se contrôle pas. Tu ne peux pas le décider. Tu ne peux pas en jouer. C'est ton âme qui parle.

- Je crois que je suis amoureuse maman... et ça me fait peur...

- Tu n'as pas à avoir peur, l'amour c'est vraiment quelque chose de magnifique. Surtout quand les sentiments sont partagés... et je sais qu'ils le sont. »

Je m'appuyai contre elle et la laissai me serrer dans ses bras. Ma mère me connaissait  mieux que moi même. Elle avait ce don de lire habilement dans le regard des autres. D'ailleurs, j'étais persuadée que les pouvoirs de Salvo lui venait d'elle.

Quand le soleil se leva, mes pensées s'étaient légèrement éclaircies. Ma mère s'était endormie à côté de moi et intérieurement, j'étais contente qu'elle soit restée. Ces mois loin d'elle m'avaient fait oublier à quel point je tenais à elle et à quel point elle m'était indispensable. C'était ma famille, mon sang, ma chair. En baillant, ma mère se réveilla à son tour et me dit simplement :

« Ça y est, c'est le grand jour! Tache d'être prête pour cette après-midi, lâcha-t-elle, en me lançant un sourire en coin. »

Le grand jour, on y était, pensai-je. Aujourd'hui, le dénouement de tout ce que nous avions fait ces derniers mois devait se jouer ; et je savais au plus profond de moi que si quelque chose se passait mal lors de l'audience, je pourrais faire une croix sur Rames. Il ne serait jamais heureux en sachant son père en prison pour un crime qu'il n'avait pas commis. Sur ces pensées, je me dirigeai vers mon armoire et en sortie ma robe verte émeraude préférée. Je la passai par dessus ma tête et la fis descendre sur mes hanches. Je m'assis devant la coiffeuse et me passai un coup de mascara sur les cils. Une fois apprêtée, je rassemblai mes esprits et descendis pour prendre le repas. Je ne parlais pas à table, trop concentrée et stressée par l'issue du procès qui approchait au fur et à mesure que les aiguilles défilaient sur l'horloge.

Quand l'heure fut venue, je suivis mes parents pour me rendre au lieu du procès. Cette salle se situait à l'autre bout de la rue à l'extérieur du palais. Une escorte nous accompagna jusque devant la salle ce qui me fit intérieurement râler. C'était la première fois que j'entrais dans une telle salle et j'en eus le souffle coupé. La salle était grandiose, ornée d'or et de fresques sur les murs. Ma mère me tapa l'épaule discrètement en me montrant de la tête l'assemblée déjà présente. Mon cœur se mit à accélérer en apercevant la musculature de Rames. Une fraction de seconde, son regard entra en collision avec le mien et je sentis mon tatouage me picotait légérement. Il me lança un faible sourire, sur lequel je n'eus pas de mal à lire toute son impatience et son anxiété. La salle était déjà pleine à craquer. Elle était diviser en deux grandes parties : une partie située derrière le banc où siégerait le père de Rames et une autre partie réservée aux victimes et personnes souhaitant participer à la séance. Je suivais mes parents pour me placer de part et d'autre du chef des Legis, Paul, qui animerait la séance.

Un monde de Penseurs : Leia (Tome 2) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant