Jour IIIII / III : Ou comment nous perdons le contrôle.

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Pendant quelques secondes, j'ai envisagé l'idée de m'opposer à leurs ordres tacites avant de réprimer mes instincts belliqueux en comprenant que les combattre ne serait qu'une perte de temps. D'autant plus qu'après avoir risqué ma vie en compagnie de la très accueillante faune locale, je me suis dit que faire confiance à des individus visiblement de la même espèce que moi n'était pas une si mauvaise idée, tout compte fait.

Je sens une main agripper la mienne. Je tourne la tête vers la rousse qui raffermit sa prise en croisant mes yeux. Ses perles de jades clouées sur moi, je les esquive rapidement. Un mélange de gêne et de dépit auquel je ne suis pas habitué et qui me déplaît fortement m'empêche de soutenir son regard. Machinalement cependant, des mots sortent de ma bouche.

« Ça va aller. »

Je me rends compte de la stupidité de mon intervention en même temps que je la prononce. Aussi, pour m'excuser et rester un minimum fidèle à moi-même malgré les circonstances, je me corrige en une tentative d'humour un peu bancale.

« T'inquiète, maintenant que tu sais te battre, tu n'as plus rien à craindre. »

Elle ne répond pas, évidemment.

« Vous...parlez le français... ? » Demande une voix avec un fort accent anglophone.

Mon attention se rabat vivement sur le bonhomme en uniforme qui vient d'ouvrir la bouche avec hésitation. Je me doute que mes compagnons d'infortune en font de même, ce qui ne manque pas de faire perdre au quadragénaire d'origine africaine le peu d'assurance qu'il avait réussi à réunir pour s'adresser à nous.

La petite troupe bicolore, fidèle à elle-même, nous ignore royalement.

Comme personne ne semble vouloir lui répondre et peut-être parce que je suis spatialement le plus proche de lui, je me décide à mettre fin à son calvaire.

« Euh... Ouais ? »

Une brève expiration de soulagement s'échappe de ses lèvres avant qu'il ne se décide à reprendre, en cherchant ses mots. Il a l'air épuisé. Comme nous d'ailleurs.

« Qui tu es ? »

Sa syntaxe n'a pas l'air très au point, mais je comprends que sa question ne m'est pas uniquement destinée et qu'il s'adresse à nous tous. On est pris de court : c'est plutôt nous qui avons l'habitude d'avoir des questions à poser.

« Toi, t'es qui ? » Je rétorque, méfiant mais tout de même heureux d'entretenir un semblant de conversation avec quelqu'un d'autre que les anciens membres du covoiturage.

Il semble se rendre compte du caractère impromptu de sa demande, puisqu'il esquisse un petit sourire gêné, laissant apparaître une dentition d'un blanc éclatant. Il lève son képi en signe de respect et le pose sur ses genoux. Il redresse son dos contre le siège.

« Excuse-moi, je suis rude. Je m'appelle Berry. Berry Ferguson. Premier pilote noir de Lockheed "èlofornaïn" Constellation. »

Je sens beaucoup de fierté dans sa voix. Il garde le torse bombé un court instant après sa réplique. Je n'ose pas lui dire que je n'ai rien compris à sa dernière phrase et décide de botter en touche.

« Pilote ? Pilote d'avion ? »

« Yup ! Pilot. »

Il prononce cette fois ses mots dans un parfait anglais que j'ai du mal à décrypter. Dans le doute, je fais les présentations. Il y a mieux comme cadre pour une expérience de speed-dating, mais bon, on fait avec les moyens du bord. Littéralement.

« Eh bien, lui c'est Sébastien..." Je commence en montrant du doigt le doyen du groupe.

« Nice to meet you Berry. » Me coupe Sébastien, avec un accent français complètement infâme.

Biohazard - Disparus [ Tome 1 Terminé ]Waar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu