CALLIE

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-Qu'est-ce qu'elle a ?

Callie leva la tête de son dossier pour poser ses yeux bleus sur sa femme, un air interrogateur sur le visage, ne comprenant pas bien sa question.

-Cette fille... Tu ramènes tout les soirs son dossier, c'est qu'elle doit être intéressante non ?

-Trouble de la personnalité antisocial.

Sa compagne la regarda, l'air perplexe. Logan comprit facilement qu'elle ne comprenait pas ce que cela voulait dire n'étant pas psychiatre ou même médecin.

-Psychopathe si tu préfères.

-Oh, je vois. Ca consiste en quoi exactement ?

-C'est assez complexe à vrai dire mais grossièrement : les personnes atteintes de ce trouble sont des êtres charismatiques, narcissiques, manipulateurs, antipathiques, égoïstes et surtout imprévisibles. En gros, elle ne pense qu'à elle, qu'à ses désirs et elle se fiche des autres. Ils n'ont aucune valeur à ses yeux et elle ne ressent aucune empathie. Si quelqu'un se tue devant elle, par exemple, ça ne lui fera rien.

-Est-ce que des gens comme elle tombent amoureux ?

-Oui. Ils peuvent tomber amoureux mais c'est destructeur. Comme je te disais, ils sont imprévisible. Ils font tout sur un coup de tête et ils ont tendance à chercher l'adrénaline. Pas toujours de la bonne manière, ce qui a des conséquences.

-Ce sont pas tous des meurtriers, si ?

-Non, pas du tout. Ils n'ont pas tous de pulsions meurtrières et je pense même qu'avec un bon suivit, ça n'arriverait pas. Je pense que c'est à cause de cette recherche de l'adrénaline qu'ils en viennent à ce genre de chose mais il y a sûrement d'autres facteurs qui entrent en compte. De plus, ils vivent sous leurs propres règles, c'est certainement ce qui les rend les plus dangereux.

-Un peu comme des anarchistes ?

-Si on veut. Ils ne supportent pas qu'on leur impose les choses et ils n'en font qu'à leur tête.

-Du coup, ils sont dangereux ou pas ?

-Je dirais que dans un cadre de vie calme, non mais il ne faut pas se mettre en travers de leur chemin. Par exemple, on m'a rapporté que Lisa, la patiente dont je m'occupe, a frappé une fille qui l'a insulté et elle lui a cassé des dents.

-Tu as le droit de me dire ça ?

-Mh... Ca n'est pas du domaine du secret professionnel, ce n'est qu'une bagarre.

-Est-ce que tu peux me parler d'elle ?

-C'est à dire ?

-Décris-la moi.

Callie pencha doucement la tête et haussa les épaules. Elle allait devoir choisir ses mots pour ne pas briser son serment d'Hippocrate. Ce dernier contenait la règle de ne rien dévoiler de ce que le patient peut lui dire, même après sa mort. Tant qu'elle ne disait pas ce que Lisa lui disait alors il n'y avait aucun problème à ça.

-Par où commencer... C'est une jeune femme qui a vingt-quatre ans et qui a été admise il y a cinq ans.

-Pourquoi ?

-Sa meilleure amie s'est suicidée et ce serait à cause d'elle, une histoire dans le genre. On en a pas encore parlé à vrai dire mais peu importe.

-Ah bon ?

-On ne va pas trop rentrer dans ce genre de détail, ça devient trop privé.

-D'accord. Continue alors...

-Elle est intelligente, elle sait parler et elle est surtout très franche. Elle ne fait pas semblant de s'intéresser à ce que tu lui dis. Elle est charismatique et elle en joue. Elle sait qu'elle a un joli visage qui lui donne l'air d'être un ange adorable. Elle est très froide et détachée par rapport aux choses et aux gens qui l'entourent. Elle est très impulsive. Sarcastique aussi et elle aime bien tester les limites des gens, du moins c'est comme ça que je le ressens.

-Pourquoi ?

-La première fois qu'on s'est vu et trois ou quatre fois après, elle est restée silencieuse. Je ne pouvais pas la forcer à parler alors je m'occupais de remplir la paperasse, de compléter des dossiers puis elle a fini par parler en voyant que je ne la forçais pas. Je me dis qu'elle testait mes limites, qu'elle cherchait à voir comment j'allais réagir face à son silence.

-Donc pendant ces séances, tu n'as rien dit ? Tu l'as laissé faire ?

-C'est ça.

-Je ne sais pas comment tu as fait. À ta place, je me serais certainement énervée à un moment donné.

-Ca n'aurait servit à rien alors il valait mieux que je m'occupe pour faire passer le temps. Aujourd'hui, elle parle beaucoup, de tout et de rien mais elle essaie aussi d'être intrusive ce qui ne me plaît pas.

-Intrusive ?

-Elle pose des questions qui n'ont pas lieu d'être. Elle m'a demandé si j'aimais les femmes par exemple ou si je la trouvais jolie...

-Ton serment mon amour.

-Mh, c'est vrai. J'en dis trop.

-Mais... Tu la trouves jolie ?

-Honnêtement. Oui, c'est une belle femme.

-Tu peux me la décrire physiquement ?

-Elle fait un mètre septante-quatre.

-C'est précis, c'est noté dans son dossier ?

-On fait juste la même taille.

-C'est plutôt logique, ensuite ?

-Elle est mince. Elle a de longues jambes galbées. Elle a des mains qui ont l'air douce au touché. Au niveau du visage, elle a de jolis traits. Ses cheveux sont châtains clairs, ils lui arrivent un peu plus bas que les épaules et elle a un frange. Elle prend soin d'elle, ça se voit. Ses sourcils sont bien tracés, ses yeux sont bruns plutôt clair et ronds. Elle a un nez fin, les joues légèrement creusées et une bouche pulpeuse. Je dirais qu'elle a une mâchoire en diamant... Je pense que c'est tout.

-J'ai pas l'impression que tu saurais me décrire avec autant de précision.

-Quoi ? Tu es jalouse ?

-J'ai parfois l'impression qu'elle passe avant moi...

-Tu m'as l'air d'en avoir beaucoup des impressions. Ce n'est qu'un patiente Meg, ce n'est pas elle que j'ai épousé tout de même et puis je la vois trois fois par semaines et je ne peux que la regarder quand elle me parle alors il est normal que je sache la décrire.

-Si tu le dis...

Callie soupira et lui fit un signe de la main pour qu'elle vienne près d'elle. Sa femme s'approcha et elle la tira doucement pour qu'elle s'assoit sur ses genoux. La psychiatre posa sa main sur sa joue et lui sourit.

-Je t'aime et tu le sais, il n'y a aucun risque. De plus, c'est une patiente et enfermée qui plus est.

-Je sais, désolée... Je t'aime aussi.

Elle embrassa Megan avec tendresse avant que cette dernière ne vienne rompre le baiser. Elle se leva et prit la main de Callie, l'emmenant avec elle vers leur chambre. Meg semblait avoir besoin d'attention et la psy ne pouvait pas le lui refuser non plus.

La camisole des sentiments (TOME 1) [TERMINE - A CORRIGER]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant