La camisole des sentiments (TOME 1) [TERMINE - A CORRIGER]

CALLIE

-Vous pensez vraiment pouvoir m'aider n'est-ce pas ?

-Bien sûr... Tu ne le penses pas ?

-Non. Bien sûr que non. Comment pourriez-vous m'aider alors que je ne le peux pas moi-même ?

-Justement, je suis là pour ça. Pour tenter de te comprendre et te guérir.

-Me guérir ? Ca ne se guérit pas ce que j'ai.

-Vraiment ?

-Vraiment.

-Pourquoi penses-tu cela ?

-Je suis allongée dans ce fauteuil trois fois par semaine, je vous parle sans vraiment en avoir quelque chose à foutre.

-Pourquoi es-tu là dans ce cas ?

-Parce que j'y suis forcée. Je vous dis ce qui me passe par la tête. Les premiers mots qui me viennent à l'esprit. Je ne fais que meubler la discussion même si ça s'apprête plus à un monologue au final. Je parle et vous écoutez. Vous notez ce que je vous dis et c'est tout. Il n'y a pas d'amélioration pour autant.

-Et qu'est-ce qui te passe par là tête, là, tout de suite ?

-Je me demande ce que je fous ici. Pourquoi est-ce que les gens pensent qu'en parlant tout ira mieux ? Vous devez vous faire pas mal d'argent en écoutant une tarée parler.

-Tu penses que tu es tarée ?

-Parce que vous ne le pensez pas vous ?

-Non. Je dirais que tu es... Différente.

-Différente c'est juste un autre mot pour dire « tarée ».

-Ce n'est pas mon avis. Tu m'as l'air plutôt lucide, assez intelligente pour comprendre les choses qui t'entourent.

-Et cela fait de moi quelqu'un de différent mais pas taré ?

-C'est ce que je pense, oui.

-Qu'est-ce que je fais enfermée ici alors ?

-C'est ce que nous essayons de comprendre.

-Il n'y a rien à comprendre. Je ne ressens rien pour personne si ce n'est pour moi. Je ne fais attention qu'à moi, qu'à mes désirs et j'écrase tout ceux qui se mettent en travers de mon chemin sans jamais m'en sentir coupable. Je blesse les gens, j'en ai conscience mais je m'en fiche. Ca ne me fait ni chaud, ni froid. Rien, nada, quedal.

-Et pourquoi ça ?

-Parce que je suis tarée, docteur. Juste parce que je suis tarée.

-Pourquoi insistes-tu tant sur le mot « tarée » ?

-Parce que ce n'est que la vérité. Vous essayez d'être gentille, que je vous donne ma confiance mais vous savez pertinemment que si vous aviez l'impression que je vous l'accordais c'est que je serais en train de vous manipuler.

-Me manipuler ? C'est à dire ?

-Je vous ferais croire que je vous fais confiance ce qui vous donnerait de la valeur. Vous auriez l'impression de servir à quelque chose même si je suis une cause perdue. Vous auriez l'espoir de voir une amélioration et je vous y ferais croire jusqu'au moment où vous me laisseriez sortir. Une fois dehors, je serais de nouveau moi-même et je finirais par retomber dans ce trou à rat et on recommencerait tout depuis le début.

-Ai-je ta confiance pour que tu me dises tout ça ?

-Evidemment, docteur. Vous avez toute ma confiance.

-Vraiment ?

-Non, pas vraiment mais l'espace d'une seconde... Vous y avez cru puis vous avez repensé à ce que je viens de vous dire et vous vous doutiez de la vérité.