LISA

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Pour qui se prend-elle celle-là ? Elle m'énerve avec son air suffisant à toujours rester calme peu importe la situation. J'ai l'impression qu'elle me regarde de haut, ça me donne envie de lui en mettre une. En plus avec ses questions débiles qui ne mènent à rien, elle croit faire quoi ?
Evidemment que je ne suis pas tarée ! Ce sont eux qui sont complètement à côté de la plaque mais ils le disent tellement souvent qu'à force, je me traite de tarée moi-même. En même temps, je suis entourée que de folles, normal que je le devienne à force.
J'aime pas le fait qu'elle essaie de rentrer dans ma tête. Qu'elle reste dans la sienne, ça m'ira parfaitement. C'est pas parce qu'elle est psy qu'elle a le droit de me parler comme ça. J'ai l'impression qu'elle me traite comme une gamine de cinq ans qui a fait une bêtise. En même temps, cette petite conne... Elle l'a bien cherché et puis c'est pas comme si je m'en voulais de toute façon. Ils ont pas intérêt à me demander de m'excuser, je lui cracherais à la gueule. Elle devrait se pendre tiens. Ca fera une gogole de moins sur cette terre, ça ne peut pas faire de mal. C'est pas comme si elle avait une grande valeur en ce monde. Il n'y a jamais personne qui vient la voir, ils l'ont juste mis là pour pas avoir à s'en occuper. C'est bientôt son anniversaire je crois, je lui offrirais bien une corde et un tabouret. Ca pourrait être drôle de voir la tête qu'elle ferait et ça serait encore mieux si elle utilisait mon cadeau à bon escient. Et maintenant, elle ne pourra plus dire qu'elle a vingt-neuf ans et toutes ses dents... Ca me fait pas mal rire d'ailleurs ! Toute façon, à cause d'elle j'ai fini en isolement alors elle le méritait et je recommencerais si il le

-Lisa ? Tu as de la visite.

La jeune femme soupira et elle reposa son stylo dans son journal qu'elle referma. Elle le rangea sous son matelas et se leva de son lit. D'un pas régulier, elle marchait aux côtés de l'infirmière. Deux portes sécurisées plus tard, elles pénétrèrent dans une salle où il y avait déjà plusieurs personnes. Les visites donnaient réellement l'impression d'être en prison. Les patients sont toujours surveillés, dans une salle commune pour tout les visiteurs. Lisa s'installa à une table face à un homme et une femme. Certains de leurs traits se retrouvaient sur le visage de la jeune femme. Elle avait le nez fin et la forme des yeux de son père, les lèvres pulpeuses et la couleur des yeux de sa mère. Sa maman lui sourit doucement et tenta de prendre sa main mais elle retira celle-ci de la table pour la poser sur sa cuisse. La femme baissa doucement les yeux dans un soupir avant d'afficher un sourire triste.

-Comment tu te sens ?

-Je suis enfermée, comment veux-tu que je me sente ?

-C'est pour ton bien Lisa, intervint le père.

-On y croit, tout à fait.

-Tu nous manques tu sais, fit la mère.

-Pas vous. Quand je sortirais d'ici, je veux plus jamais vous voir.

-Ne dis pas ce genre de chose enfin ! Tu veux blesser ta mère ?

-Je m'en fous et tu le sais.

-Tu n'es qu'un monstre sans coeur et tu t'étonnes d'être enfermée ici ?!

-Bouhouhou, vilaine Lisa, pas gentille !

-Je te l'avais bien dit Carole, on aurait pas du venir, souffla le père en se levant.

L'homme quitta la pièce sortant un paquet de cigarette de sa poche tandis que la mère restait assise à table face à sa fille. Un silence pesant s'installa avant que Carole se décide à parler.

-Tu sais... La maison est vide sans toi.

-Fallait pas me mettre ici.

-On pensait qu'ici ils pourraient t'aider, c'est tout. On a jamais voulu te faire de mal.

-T'as l'impression que ça va mieux, qu'on m'aide ? Et d'ailleurs, pourquoi on devrait m'aider ? Tout va très bien !

-On en a déjà parlé...

-Je ne ressens pas les choses comme les autres et alors ? Je fais de mal à personne !

-Lisa... Tu sais bien ce qui est arrivé.

-Hé ! Si elle est morte, c'est pas de ma faute. Elle n'avait pas les épaules pour survivre à ce monde.

-C'était ta meilleure amie quand même... Et ça ne te fait toujours rien ?

-Rien du tout. Je lui ai pas ouvert les veines, elle l'a fait toute seule.

-Mais...

-Mais rien du tout ! Je n'ai fais que dire la vérité. C'était juste la bonne excuse pour se buter, c'est tout.

-Elle t'aimait Lisa. Elle pensait que toi aussi et...

-Et quoi ? Je vais pas me forcer à aimer quelqu'un sous prétexte que cette personne est amoureuse de moi quand même !

-Non mais... Tu n'étais pas non plus obligée de lui dire tout ce que tu as dis.

-Vous allez encore m'emmerder combien de temps avec ça ? C'était il y a cinq ans !

-On essaie juste de comprendre comment tu peux être si détachée par rapport à ça...

-C'est vous qui êtes trop attaché à tout ça. Je vais pas faire une dépression parce qu'elle s'est suicidée ! C'est elle qui m'a abandonné. Si elle m'aimait vraiment, elle n'aurait jamais fait une telle chose, c'est tout.

-C'est à cause de ce que tu lui as dit Lisa et tu le sais.

-Pas du tout. Je te dirais d'aller te suicider, tu m'écouterais ? Non alors faut arrêter de déconner. J'y peux rien si elle a juste attendu la bonne excuse. Maintenant, ça suffit.

La mère ne su quoi répondre face à ces paroles ce qui arrangeait bien Lisa. Elle en avait marre que ce sujet revienne tout le temps sur le tapis. D'ailleurs, il était assez étonnant que le Dr. Logan n'en ai pas encore parlé mais ce n'était pas plus mal. Lisa se leva de sa chaise et haussa les épaules.

-Bon. Si tu n'as plus rien à me dire, j'ai autre chose à faire.

-Je... D'accord, soupira la mère en se levant.

-Salut.

-Je t'aime ma chérie.

-Ouais, c'est ça. A plus.

Elle s'éloigna de sa mère et passa la porte avant que l'infirmière ne la raccompagne à sa chambre où elle allait pouvoir vaquer à ses occupations.

La camisole des sentiments (TOME 1) [TERMINE - A CORRIGER]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant