LISA

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Son plateau blanc entre les mains, elle marchait d'un pas nonchalant vers une table où elle pourrait manger sa bouillie dont elle ne connaissait même pas les ingrédients. De toute façon, c'était ça ou rien. D'autres patientes de l'hôpital marchaient à ses côtés, devant ou derrière elle, certaines en contre-sens. Elle ne se bougeait pour personne, c'était aux autres de bouger pour elle ce qui eut pour effet que son épaule choqua contre celle d'une autre fille du service psychiatrique. Un bruit de plateau qui se renversait au sol suivit d'un « connasse » se fit entendre derrière Lisa. Elle s'arrêta et se retourna très doucement, un fin sourire aux lèvres. Elle observa la fille qui avait laissé sortir ce juron de sa bouche, serrant le plastique entre ses doigts.

-C'est moi que t'as traité de « connasse » ?

-Ouais ! Tu peux pas regarder où tu vas ?!

La jeune femme ne répondit rien et son visage angélique changea du tout au tout. Son sourire s'effaça et ses sourcils se froncèrent. Ses mains se retrouvèrent du même côté du plateau et lui firent prendre de l'élan, laissant sa nourriture et ses couverts en plastique tomber au sol. Une fois l'élan prit, elle le ramena à l'avant et le dessous du plateau heurta la joue de l'autre fille. Ne s'attendant pas à une telle violence, elle tomba sur le côté et Lisa ne s'arrêta pas là. Elle se jeta sur elle, l'empoignant pas son haut avant de lui mettre une droite.

-Me traite plus jamais de connasse espèce de moins que rien ! T'es rien ! T'es qu'une merde alors ne me parle plus jamais comme ça ! hurla-t-elle de rage alors qu'elle lui mettait encore un coup.

-Lisa ! Ca suffit, lâche-la ! fit une infirmière sur un ton autoritaire.

N'écoutant rien ni personne, elle s'apprêtait à lui porter un nouveau coup quand un homme l'attrapa. Un deuxième la prit par les jambes tandis qu'elle faisait ce qu'elle pouvait pour se débattre.

-Non ! Non ! Lâchez-moi ! Arrêtez, je vous en prie ! Laissez-moi !

-Désolé Lisa, tu connais le règlement. Pas de bagarre.

-Vous n'êtes qu'une bande de merde ! Vous ne valez rien ! Reposez-moi putain !

-Emmenez-là en isolation, elle réfléchira comme ça.

-Non ! Pitié ! Faites pas ça, je vous en prie ! Faites pas ça ! Non, non, non ! continua-elle de crier tout en se débattant sans parvenir à quoi que ce soit.

Sans perdre de temps, les infirmiers l'emmenèrent, traversant un long couloir avant d'arriver à une porte sécurisée. L'un des deux lâcha ses jambes et Lisa en profita pour se débattre un peu plus mais l'homme qui la tenait toujours était bien plus coriace qu'elle. Une fois la porte ouverte, il la poussa à l'intérieur et celui qui avait ouvert la porte la referma. La jeune femme qui avait été jetée au sol se releva et fonça sur la porte, frappant celle-ci de la paume de ses mains.

-Faites-moi sortir d'ici ! Bande de salauds ! Vous ne vous en sortirez pas comme ça ! Hurla-t-elle en frappant toujours la porte du plus fort qu'elle le pouvait.

Lisa finit par se laisser tomber au sol, pleurant de rage, les larmes coulant sur ses joues sans qu'elle ne puisse les retenir. Elle les haïssait tous autant qu'ils étaient. Ils n'avaient aucun droit de l'enfermer dans cette cellule aux murs en mousse. Ils ne pouvaient pas l'ignorer de cette façon. Elle comptait bien leur faire vivre un enfer une fois sortie de cette pièce ! Sa respiration était bestiale : une cadence irrégulière, des râles d'énervement, un souffle rauque. Son regard était plus noir que d'habitude, ses yeux bruns lui donnant déjà un air ténébreux. Ses doigts crispés sur ses avant-bras, elle émit un cri étouffé avant de relâcher toute cette rage. Un hurlement strident, perçant les tympans sortit de sa bouche alors qu'elle se griffait à sang les bras malgré ses ongles coupés courts. Une femme arriva à la porte, ses yeux étant seulement visibles par le petit carreau au centre supérieur de la porte.

La camisole des sentiments (TOME 1) [TERMINE - A CORRIGER]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant