XVI : Par les liens du coeur ou du sang.

517 39 4
                                    

Peyton

Il était l'arme et j'ai tiré le coup de feu. Maman a fabriqué la poudre et papa a reçu la balle. Spencer dans tout ça ? C'était le témoin inconsolable.

Août
Agenouillé dans une jupe cintrée blanche, un chemisier en dentelle noir et mon sac à main à l'épaule, mes talons beige s'enfoncent dans la terre et laisse leur empreinte sur l'herbe fraîche dont la rosée encore présente de bon matin barbouille d'eau mes chaussures. Je dépose un petit bouquet de fleurs violette, des Lilas puis croisent mes doigts ensemble, devant moi, pour me donner du courage.

_Bonjour papa. Dis-je après une inspiration. Je suis désolée de ne pas être venue te voir plus tôt, mais cela aurait sans doute perdu de l'intérêt, non ? Je relève le regard vers sa tombe et souris quelque peu. C'est pas grave. Les choses ont été un peu folles par ici ces derniers temps, d'ailleurs tu dois sans doute te demander pourquoi je suis revenue alors que je criais que je voulais partir tout en claquant la porte alors que tu étais installé dans le vieux canapé jaune devant notre toute petite télé, exaspéré par mon comportement, une fois de plus. Je suis désolée de ne pas avoir été là à ton enterrement, j'avais encore du mal à encaisser ta mort et les derniers mots que tu m'as adressés.

« Tu lui ressembles. Tu es exactement comme elle, comme ta mère. » fut la plus grande insulte qu'il a pu me balancer au visage, celle qui m'a fait claquer la porte d'entrée une fois pour toutes, les larmes aux yeux.

_J'espère que tu ne m'en veut pas, papa. Je t'en prie, ne me tient pas rigueur de mon passé, pour moi tout est oublié. Et s'il te plaît, ne me demande pas de revoir Tu-sais-qui, je n'ai pas besoin d'apaiser les tensions avec lui. J'ai refait ma vie, au cas où ça t'intéresse, à Philadelphie. Je suis devenue journaliste dans une grande boîte et j'ai quelques bons amis. Mais je suis revenue, par la force des choses : Alice s'est mariée ! Tu aurais dû voir ça, tu aurais adoré le mariage et les plats servis. J'espère que de là où tu es, tu es bien nourri aussi.

Je ris, d'un rire quelque peu nerveux et replace quelques pétales de fleurs sur le bouquet. Tout en regardant l'écriture sur la tombe de mon père, ces quelques mots qui résument ce qu'a était son existence : à notre bien-aimé Barckley, père aimant, ami bienveillant et travailleur acharné. Je reprends mon souffle, celui-ci bloqué dans ma poitrine.

_Je ne compte pas restée. C'est en me rendant compte du jour qu'on était que j'ai réalisé que mon passé était en train de me rattraper. Je suis une cible facile ici, papa. Ta fille est mise en charpie, heureusement que tu n'es pas là pour voir ça. Tu aurais honte, moins pour nous que pour les habitants de cette ville. C'est difficile à vivre au quotidien, même si Peter se charge d'effrayer les détracteurs avec des regards menaçants. Mais c'est vrai ! Tu ne connais pas Peter, tu l'adorerais. Il est malin, belliqueux, ambitieux et joueur. Il fait bon vivre d'être à ses côtés, mais je suis en train de me faner, papa, et je ne veux pas qu'il observe d'un œil contemplatif, mon dernier pétale tomber. J'ai trop de mauvais souvenir ici pour tourner la page. Dans les bras de Peter, je n'ai fait que retarder le cas échéant. Et le voilà, ce jour où je crois devoir partir. Je te dis bonjour et au revoir. Ne m'en veux pas, je ne sais pas quand on se reverra. Bientôt, j'espère. Au moins une fois. Je t'aime, papa.

Je me relève, les mains sur les genoux, pliée en deux et laisse des larmes silencieuses s'écouler sur mes joues. J'entends des pas et du coin de l'œil, je remarque quelqu'un.

_Qu'est-ce que tu fais ici ?

Ce même ton morne et froid, presque sévère et si facilement revêche. De nous deux, s'est-elle qui ressemble le plus à maman.

Again and Again [Terminée]Where stories live. Discover now