Sophie : J'peux te parler un instant ?

- : Prends rendez-vous comme tout le monde😘

Je me retourne et continues mon repas.
Elle n'insiste pas davantage et tant mieux, car c'est la dernière personne avec qui j'ai envie de parler.
Son visage couvert de bleus m'a fait rappeler que je dois à tout prix parler à Aymen.

Je sens que quelque chose se prépare. Et mes intuitions ne se trompent jamais.

[...] 13h20. L'heure de la promenade.

C'est à travers ma fenêtre que j'observe les détenus profiter du peu d'air qu'on leur offre. Leur liberté quotidienne se limite à une petite cour et de quelques bancs.
En les voyant ainsi, coupés du monde, je ne peux m'empêcher de penser qu'ils sont chanceux. Ils n'affrontent pas l'horreur qui se trouve à l'extérieur.
Un sentiment égoïste de ma part peut-être ?

Noyée dans mes pensées, je n'avais même pas remarqué la présence d'Aymen qui était assis à mon bureau.
J'ai sursauté en le voyant.

- : Tu m'as fait peur ! Ça fait longtemps que t'es là ?

Aymen : Assez pour comprendre qu'il y a un truc qui va pas.

Pile !

Il me fait signe de m'asseoir sur lui. Je m'exécute et lui fait un câlin.
Quand je suis dans ses bras, j'ai l'impression que plus rien ne peut m'atteindre. Ces bras musclés m'enveloppent et m'apaisent.
Soudain, j'ai comme une envie de lui parler de tout, des messages anonymes, des photos etc...

Mais je vois dans son regard, qu'il ne va pas bien non plus. Quelle égoïste serais-je si je l'embêtait avec mes problèmes sachant qu'il en a aussi ?

Je me détache de lui et le regarde d'un air sérieux.

- : Je veux savoir ce qu'il se passe maintenant.

Il détourne le regard et mord sa langue. Mauvais signe.

- : Aymen.

Il pose son regard sur moi à nouveau et me fixe.

Aymen : Samedi soir.

Mais de quoi il parle ?

- : Evite les devinettes et viens-en au fait.

Aymen : Samedi soir. Sortie. C'est tout ce que t'as à savoir.

L'évasion ? Je me redresse et fais mine de ne pas être choquée.
J'ai peur pour eux, pour lui.

- : Très bien. C'est vous que ça concerne. Mais dis moi le rapport avec Zyad.

A l'entente de ce prénom, ses muscles se sont contractés, son poing s'est serré et sa veine du front est sortie prendre l'air...

Aymen : Je vais le tuer.

Je glisse mes lèvres dans son cou et lui caresse les cheveux.

- : Calme toi Aymen.

Je sens sa tension redescendre.
Après un court instant, il se met enfin à parler.

Aymen : Le peu de fois qu'on peut se voir pourquoi on est obligé de parler de ce hatay ? J'ai que 10minutes devant moi avant que le maton revienne me chercher.

Il a pas tord.
Je lui fais un petit bisous sur la joue.
Il me sourit et me contemple avec un regard indescriptible.

Je vous souhaite à toutes de vivre cela un jour. Que quelqu'un vous regarde avec des yeux d'amoureux. Un regard envoûtant.

Nejma : La psychologue et le prisonnierWhere stories live. Discover now