Nejma : La psychologue et le prisonnier

13.

« T'es rentré dans ma vie comme dans un freestyle, t'as voulu qu'on s'évade comme Bonnie & Clyde. »
- Youssef Akdim.

13.

J'ouvre la notification et je vois que c'est un message d'un contact enregistré sous le nom de "Men".

Je comprends vite que c'est la dernière syllabe de "Aymen". Ils ont pensé à tout.

« slm tu dors ? »

A 2h30 du sbah il dort toujours pas.
J'avais toujours du mal à me faire à l'idée qu'ils avaient des téléphones dans leur cellule. S'ils se faisaient prendre, ils allaient prendre beaucoup de mois supplémentaires.

- « Aleykoum Salam, non »

Même pas une minute après je reçois un appel de lui. Il est sérieux.
J'hésite un instant et je décroche.
Il parlait à voix basse.

- : Allo

Aymen : Ouais

- : Ça va ?

Aymen : Al Hamdoulillah et toi ?

- : Al Hamdoulillah.

Il y a eu un blanc de quelque secondes.

- : Que me vaut ton appel ?

Aymen : J'arrive pas à nehess wAllah, en plus ce hataye de Samir il ronfle et ça résonne dans toute la cellule.

- : Mdrr

Après ça, guess what... On a parlé comme jamais !

Je n'attendais pas à ça, il me parlait ! Aymen me tapait la discute pendant de longues minutes. Qui l'aurait cru ? Nous rigolions comme si nous étions de bons vieux amis.

Il était maintenant 3h30 et je commençais à sentir mes paupières s'alourdir.

- : Bon Aymen je te laisse, je commence à être fatiguée.

Aymen : Azi, fait hendek à toi Nejma. On se voit demain In Shaa Allah.

On raccroche et je m'endors avec l'esprit léger. Je sentais quelque chose en moi qui grandissait de jours en jours, d'heure en heure et de minute en minute. Ce n'était autre que mes sentiments envers Aymen. Je commençais, en effet, à ressentir de nombreuses choses.

[...]

12h00 Je suis au bureau. Je viens d'avoir un rendez-vous avec un détenu. Il a été condamné pour viol et agression sur une mineur. Et durant toute la séance il n'a fait que de me parler de son regret, de son chagrin et de la haine qu'il avait envers lui-même pour avoir commis cet horrible acte irréfléchi.

Y a-t-il donc une part de bon dans chacun de ces détenus ?

Plus tôt dans la matinée, Azzedine est venu me proposer de venir manger avec lui à midi. J'ai accepté bien évidemment.

Je sors de mon bureau et vais au réfectoire. Je me sers un plateau Halal après avoir bipé mon pass. Je me dirige vers les tables. Tous les détenus étaient présents. Arrivée au niveau de la table d'Aymen et la bande, je ne leur fis qu'un simple signe de tête pour les saluer. Tel était l'arrangement. Personne ne devait savoir que nous nous entendions bien. Donc un simple hochement de tête suffisait.