Jour IIIII / I : Ou comment rien ne s'arrange.

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Accroupi sur le sol de notre tanière naturellement taillée dans la roche, je fixe le feu d'un regard vide. Les flammes dansent au-dessus des braises. Elles naissent en divers endroits, grandissent et s'élancent dans les airs avant de mourir dans un soupir de fumée grise. Le spectacle est envoutant. Je jette quelques branches supplémentaires pour alimenter le petit brasier. Des milliers de petits éclats incandescents s'envolent, comme en remerciement à mon offrande.

Je lève la tête vers le plafond de la caverne. Ce n'est pas si mal comme endroit pour mourir.

J'ouvre le sac de la blonde pour en sortir le dernier ananas rose qu'il contient. Plutôt modeste comme dernier repas. Dire qu'il y a peu de temps, je trouvais ce fruit délicieux. Je l'ouvre en deux et en prend une bouchée. Maintenant, j'ai juste envie de le jeter dans le feu au même titre que le reste.

Dans le feu, hein...

Je plante un quartier sur une pique en bois et commence à le faire griller comme un marshmallow. Pas peu fier de mon idée, je le fais dorer quelques secondes avant de le porter à mes lèvres.

Dégueulasse.

Je ris nerveusement. Comme si cuire un fruit allait me sauver. Je prends une gorgée d'eau pour faire passer le mauvais goût de ma dernière invention culinaire.

Le soleil ne devrait pas tarder à se lever, encore deux ou trois heures peut-être. Plongé dans le noir depuis hier soir, j'ai résisté à l'envie de dormir toute la nuit.

C'est-à-dire qu'avec l'autre belle au bois dormant qui pionce depuis l'incident de la veille, je suis le seul à pouvoir assurer la surveillance des alentours. Mauvaise foi mise de côté, la jeune femme est tout de même bien amochée. J'ai fait tout ce que j'ai pu dans la limite de mes connaissances pour stabiliser son état. J'avoue avoir eu une petite période d'hésitation avant de faire l'état des lieux de ses blessures. Puis ; avec la certitude que malgré l'inimitié qui nous lie, Harmony préférerait définitivement vivre au détriment de sa pudeur plutôt que l'inverse ; je lui ai retiré son pantalon et son tee-shirt.

Son tibia droit présentait un angle plutôt suspect en plus d'afficher tout un tas de couleur peu rassurante, du bleu au violet foncé. En plus de cette fracture, son flanc montrait des signes évidents de traumatisme costal. Ajoutées à cela, deux plaies suffisamment profondes pour être inquiétantes lui barraient les épaules juste au-dessus de chaque clavicule et de chaque omoplate. Le prédateur devait avoir une sacrée paire de serres pour laisser derrière lui des blessures pareilles.

Je me suis permis de déchirer le tee-shirt de la blonde en fins haillons pour en faire des compresses et stopper les saignements du haut de son corps. Le reste des fripes m'a servi, couplé avec un bois flotté bien droit, à confectionner une attelle de fortune pour sa jambe.

Son choix de culotte lui, malgré la gravité de la situation, m'a fait sourire. J'aurais payé cher pour voir sa réaction si elle s'était réveillé en sous-vêtement devant moi, mais je lui ai néanmoins renfilé son jean en prenant garde de raboter le tissu au niveau de sa jambe droite pour laisser respirer mon dispositif.

Je pose mes yeux sur elle.

Je pense avoir fait tout mon possible pour l'aider, et sans me vanter, le résultat est assez satisfaisant. C'est juste dommage qu'il ne changera rien à notre avenir. Je commence à accepter petit à petit la fatalité qui s'avance tranquillement vers nous. Je n'emmènerais pas trop de remords avec moi, à part peut-être de mourir le ventre vide, ou de ne pas m'être tapé Cynthya quand j'en ai eu l'occasion.

Mon regard glisse le long du corps d'Harmony. La courbe de ses petits seins dessine un harmonieux dénivelé entre sa poitrine et sa taille. Son ventre monte et descend hypnotiquement en suivant le rythme de sa respiration.

Biohazard - Disparus [ Tome 1 Terminé ]Where stories live. Discover now