Chapitre 20

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Je rigole face à Kendel. Il porte dans sa main une petite robe noire, tellement courte et tellement étrange que j'explose de rire.

— Tu es vraiment certaine que tu ne veux pas celle-là ? il demande, un sourire au visage.

Je secoue la tête. Cette robe est tellement courte et sans tissu qu'on pourrait certainement la confondre avec un maillot de bain ! Elle a beau avoir un certain charme, si l'on aime tout ce qui est à la limite du raisonnable, je refuse catégoriquement de porter un jour ce type de chose. Ce n'est pas du tout moi !

— Tu m'as prise pour qui ? Heather ? je lance, hilare.

Il sourit en remettant la robe sur le portant. Je le regarde faire avec un sourire timide. Comment ai-je pu penser que passer du temps avec Kendel risquait d'être gênant ? C'est tout l'inverse, à vrai dire. Cela va bientôt faire deux heures que l'on se promène dans les magasins, et l'atmosphère est vraiment détendue. Ce moment est très agréable. Je profite de chaque seconde avec lui, et je suis étonnée qu'il ne soit pas dérangé par mon attitude à vouloir faire tous les magasins.

Un ange passe.

— Jamais je ne te prendrais pour Heather, Aud. Vous êtes très différentes. Toi, tu es naturelle et très jolie.

Je rougis, flattée.

Au moment où je m'apprête à lui demander ce qu'il entend par « naturelle », quelqu'un se racle la gorge derrière nous. Puis, Kendel se retourne et il fixe un point derrière nous, soudain calme. Perplexe, je me retourne à mon tour pour faire face à... autre qu'Heather. Quand on parle du loup...

— Tiens, tiens. Mais qui voilà ?! dit-elle en faisant claquer sa langue au palais. (Elle jette un regard en direction de Kendel.) Tu n'as pas tort, tu sais. Je ne suis pas très jolie, moi, je suis sublime.

Je lève les yeux au ciel. On dirait vraiment une gamine.

— Dégage, Heather ! lance aussitôt Kendel.

Elle ne fait pas attention à Kendel et regarde ses ongles. Je bouille de l'intérieur face à tant d'indifférence.

— Je vois que Auden aime passer d'un frère à l'autre... lance-t-elle soudain en relevant la tête.

Je serre les poings. Heather dirige son regard de Kendel à moi et de moi à Kendel. Ce dernier, lassé, finit par m'attraper par le bras et me tire hors du magasin. Je me laisse faire.

Il a l'air en colère alors qu'il fusille le magasin des yeux derrière lui, semblant guetter si Heather revenait à la charge. Enfin, il se tourne vers moi :

— Désolé, Aud. J'espère que tu ne voulais rien acheter dans ce magasin.

Je secoue la tête.

— Non, ne t'inquiète pas. J'ai déjà acheté ce qu'il me fallait pour ma mère.

Il hoche la tête. Je le regarde se passer une main dans les cheveux. Je déglutis et l'admire tandis qu'il fait ce geste. Ses cheveux forment de belles petites boucles brunes. Est-il obligé d'être aussi parfait ?

— Bon, je reprends. Ça te dit une crêpe ? Je meurs de faim !

Il me sourit avant de prendre sa main dans la mienne. Je sens mes joues chauffer alors que sa chaleur corporelle vient se glisser entre mes doigts.

— Avec plaisir, dit-il. Moi aussi j'ai faim.

Tout le long du trajet, il garde sa main dans la mienne. Au bout de quelques minutes, nous arrivons devant un stand de crêpes. Je m'en prends avec deux boules de glace. De son côté, Kendel en prend une au chocolat et insiste pour payer. Le vendeur lève les yeux au ciel en nous conseillant explicitement de se dépêcher car il y a du monde derrière. Je finis par céder et laisse Kendel payer pour nous deux en adressant un sourire d'excuses au vendeur.

Au second regard |Terminé|Where stories live. Discover now