Le Premier Jour De Ma Vie

Vingt-huit - Blaise

- Tu peux t'asseoir si tu veux, il me propose et enlève lui-même sa veste qu'il pend.

- Non merci je préfère rester debout, je me renfrogne.

Même si une partie en moi a envie d'entendre ses explications, l'autre a envie de tout envoyer balader. J'en ai marre des mecs qui me mentent et qui pensent que je vais les pardonner. L'amour ça marche pas comme ça. La confiance doit être réciproque et bien souvent quand il y a trahison, elle ne l'est plus.

- Pourquoi tu prends toujours cette position de défense ? Il fronce les sourcils et je comprends que les hostilités commencent.

- Tu voudrais que je sois aimable ? Oh bien sûr, c'est certain que j'ai envie d'être gentille avec toi après ce que j'ai vu.

- Mais laisse-moi t'expliquer putain, il s'énerve et ma pression ne redescend pas. J'ai rien fait avec Savannah ! Elle est juste venue récupérer des affaires !

- La poitrine à l'air ? Je crie par dessus lui et il rétorque rapidement.

- Il s'est rien passé Blaise !

- J'en sais rien Asher, je baisse ma voix et reprends mon souffle. Qu'est-ce qu'il me le prouve ?

- Je suis honnête avec toi, il ferme les yeux et s'appuie contre le mur.

Je ne sais pas s'il est vraiment honnête avec moi. Je ne sais que ce que j'ai vu et ça m'a largement suffit. Elle était dans son appartement et c'est elle qui est venue m'ouvrir pour me dire qu'il était dans la salle de bain. Je n'ai pas besoin d'autres preuves.

Soudainement, les lumières du salon s'éteignent. Ma respiration se fait plus forte lorsque je me rends compte que les lampadaires de la rue se sont aussi éteints, comme je le vois par la grande fenêtre.

- C'est quoi encore ça ? Sa voix rauque résonne dans la pièce et je l'entends bouger.

Moi j'attrape mon téléphone et essaie de nous faire de la lumière, tant bien que mal.

- Finn dit qu'il y a une coupure de courant dans toute la ville, il m'annonce et je soupire.

- Et bien sûr ça devait être ce soir...

Dans le silence, j'éclaire Asher pendant qu'il cherche un briquet dans les tiroirs de son entrée. Quand il en trouve finalement un, il allume les bougies sur sa table, nous permettant d'avoir déjà plus de lumière.

Je devrais être tellement énervée contre lui. Pourtant l'ambiance qu'il vient de créer me berce et je n'ai qu'une envie : m'abandonner dans ses bras.

*

Je viens de passer les trente minutes les plus longues de ma vie. Nous sommes malheureusement toujours dans le noir avec pour seule lumière, deux bougies. Asher a décidé de s'allonger sur son canapé pendant que je reste debout, près de la fenêtre à attendre que la lumière revienne.

- Ce mec c'est ton collègue ?

- Hein ?

De quel mec il parle ? Si y a bien une fille qui n'a pas l'air d'intéresser les mecs, c'est moi. Alors je vois vraiment pas de qui il parle.

- L'autre jour je t'ai attendu devant ton boulot. T'es sortie avec un mec du bâtiment.

- Phil ? Je me rappelle tout à coup. Tu étais là quand on est sorti ?

- Ouais, il soupire, j'aurais jamais dû venir.

Mon cœur se serre quand il prononce ces mots. Je me sens tellement mal. Il doit me prendre pour la pire des hypocrites pourtant je n'ai pas voulu le blesser en envoyant ce message. Je ne voulais juste pas qu'il sache que je voyais Phil. Parler de mon passé ne me fait pas particulièrement plaisir et je n'ai pas non plus envie de l'y mêler. Asher est un gars bien, enfin je crois, et il n'a pas besoin de mes problèmes dans sa vie.