Biohazard - Disparus [ Tome 1 Terminé ]

Jour II : Ou comment la nature déclenche les instincts.

« Est-ce qu'on cherche quelque chose en particulier ou tu comptes nous faire errer au pif dans l'espoir de tomber sur des vivres ? »

Elle laisse échapper un petit soupir dédaigneux qui réussit presque à m'énerver.

« Ce serait du suicide de vagabonder sans plan. On va rejoindre le point d'eau qu'on a trouvé avec Arthur hier aprèm'. On remplit les gourdes de Sébastien, on fait un tour un peu plus loin, puis on rentre. On devrait y être dans un peu moins d'une heure en marchant vite. »

Je hoche la tête. Elle a l'air de savoir ce qu'elle fait, c'est rassurant et ça m'en ferait presque oublier son antipathie.

« C'est compris. Je te suis. »

« Garde l'œil ouvert, ce serait bien de trouver du gibier. Je ne donne pas cher de notre peau si on ne se nourrit que de fruits pendant plus d'une semaine. »

Je hoche la tête à nouveau et lui emboîte le pas. Mon cœur bat la chamade, malgré moi. Je ne peux m'empêcher de frissonner en pensant à l'inconnu qui m'attend dans cette forêt. Je me rassure néanmoins en me disant que cette sortie ne sera sans doute qu'une joyeuse cueillette d'ananas.

L'ombre des sapins nous recouvre et l'atmosphère devient mystique tandis que nous entrons finalement dans le dédale de résinifères.

Nous marchons ainsi en silence pendant de longues minutes. Avec le soleil caché derrière la cime des arbres, je finis de perdre toute notion du temps. Harmony semble concentrée à suivre rigoureusement le chemin auquel elle s'est habituée.

Je laisse pour ma part mes yeux drosser entre les troncs et les reliefs. Je suis impressionné par les couleurs très riches qui contrastent le paysage malgré l'ombre qui nous surplombe. C'est comme si le sol était couvert d'un tapis de verdure, agrémenté ici et là de petites fougères aux teintes plus hétéroclites. J'ai beau scruter les moindres recoins, le paysage reste inéxorablement immobile.

A croire que la vie dans cette forêt ne se limite qu'aux végétaux...

Pourtant Harmony semblait plutôt sûre d'elle en affirmant avoir vu certains ananas avec des traces de morsures.

« Marche plus vite, ou je vais te perdre. »

Mon regard se rabat rapidement sur le dos de la blonde, quelques dizaines de mètres plus loin.

« Désolé de pas avoir ton agilité de chimpanzé. » Je décoche.

Elle s'arrête. Je la rejoins en quelques bonds de roches en roches pour me positionner dans son dos. L'aurais-je vexée ?

« Ne me dis pas que t'es vexée. »

Elle se retourne sur moi, un doigt posé sur les lèvres pour m'intimer au silence. Je ne dis rien mais l'interroge du regard. Elle fronce les sourcils et m'invite à me mettre à son niveau.

Elle semble fixer quelque chose un peu plus loin dans la forêt, mais j'ai beau plisser les yeux dans la même direction, je ne vois que des troncs.

« Qu'est-ce qu... ? »

Elle m'interrompt en plaquant sa main libre sur ma bouche. Surpris par la vivacité du geste, je me tais sur-le-champ. Soudain, un impressionnant bruissement de branches retentit dans la direction où regarde la jeune femme, une trentaine de mètres plus loin.

Une forme colossale se défait du décor, semble comme bondir d'un sapin à l'autre, avant de grimper à toute vitesse vers la canopée. D'épais branchages tombent sous le passage de la chose.

L'action est vive, et plongé dans cette pénombre, je n'ai pas le temps de distinguer de quoi il s'agit.

Je remarque que j'ai instinctivement plissé les genoux et fait un pas en arrière. Un bruit strident retentit et me perfore les tympans.