Le diable est une femme.

67.

Anastasia.

Ce sont les choses auxquelles nous tenons le plus qui nous détruisent.

- Viens je veux te montrer quelque chose,Vinchenso captura ma main dans la sienne.
- On ne devrait pas aller manger ?
- Ça ne prendra que deux minutes !

Il me tira en dehors de la pièce et continua de me guider à travers cette immense maison.
Droite,gauche,gauche, droite.
Il s'arrêta enfin devant une immense porte, impressionnante presque solennelle.

- C'est le bureau de mon père.
- Il ne risque pas de te tuer s'il te trouve dedans ?

Avec un sourire en coin,il répondit :

- C'est certain mais j'aime le danger.

Je grognai devant cet imbécile avant de le suivre à l'intérieur d'un énorme bureau lugubre et froid.
Il appuya sur l'interrupteur et la lumière nous aveugla directement.
Il lâcha ma main avant de se diriger vers une immense bibliothèque.Il y trônait d'énormes fardes de toutes les couleurs alignées sur une première étagère et sur une suivante,des livres de toutes épaisseurs.

- Qu'est-ce que tu cherches Vinchenso ?
- Un album photo.
- Celui-là ? Je montrai un petit album avec une couverture en velours rouge vif.
- Non le rouge c'est celui de Vladimir,le mien est vert un peu comme.

Il se stoppa net avant de tirer sur un livre qui dormait sur une des étagères les plus hautes.

- Un peu comme celui-là.

Il sourit fièrement,heureux d'avoir trouvé l'objet de sa quête.Le bouquin était petit et ressemblait à s'y méprendre au rouge vu plutôt.Le pourtour du livre que tenait Vinchenso était d'un vert émeraude absolument sublime même s'il avait besoin d'être dépoussiéré.
Vinchenso ouvrit avec grand soin le bouquin à une page précise.

- Voilà je voulais te montrer ça !

Il pointait du doigt une photo vieillie.Sur le fragment de souvenir deux garçons étaient punis sur une chaise,le visage complètement barbouillé de chocolat.

- Vladimir et moi nous faisions vraiment n'importe quoi à cette époque.

Un sourire orna son visage quand il se rappela,sans doute,le moment représenté.

- Vous étiez épuisants je pense.
- Pire que ça.Nous étions toujours en train de faire des conneries.

Je rigolai franchement avant de tourner plusieurs pages d'un coup.
Soudain,une enveloppe tomba lourdement au sol.
Je regardai Vinchenso dans les yeux,peut-être allait-il s'énerver,mais ces derniers n'exprimaient que de la surprise.Il déposa l'album sur une étagère avant de s'abaisser pour ramasser la lettre.
Avant d'ouvrir cette dernière il se redressa.Je ne ratai aucun de ses faits et gestes, ni son regard impassible.
Il déplia le papier à l'intérieur,déposant l'enveloppe sur le livre.

Je voyais bien à son visage que plus la lecture du document avançait plus il se figeait,se réfugiait derrière une épaisse carapace qui empêchait le monde extérieur de l'atteindre.

- Vinchenso,je murmurai faiblement en me rapprochant de lui.

Il recula comme si je l'avais heurté.

- C'est un certificat de naissance.

Silence.

- J'ai été adopté.