Map Of Your Heart (Lysandre)

Epilogue

Luan

Les températures auraient presque été douces pour un mois de décembre. On était le 28 mais le vent soufflait continuellement pour refroidir l'atmosphère. Le ciel étalait ses couleurs grises au dessus de Luan, qui soupira discrètement.

Elle ne savait pas si le ruban était toujours là. Ça faisait un an depuis qu'elle l'avait accroché et elle n'était pas revenue depuis. Par peur de voir qu'il n'était plus là et d'y voir un mauvais présage, sûrement.
Pourtant, elle le savait : les rubans ne restaient pas éternellement pendus aux branches des arbres sans être abîmés. Pas avec le temps qu'il faisait ici...

Plus elle descendait sur le petit chemin serpentant le long de la côte, plus son cœur se serrait et elle sentait que malgré son éternel calme apparent, Lysandre était tendu également. Leurs doigts entrelacés se crispaient légèrement les uns autour des autres avec une petite pointe d'angoisse qui n'avait rien à voir avec le malaise gauche que pouvaient ressentir deux amoureux qui venaient de se retrouver après une longue séparation.

Quand le château, ou plutôt ce qu'il en restait, fut devant eux, le jeune homme passa son bras autour des épaules de Luan et l'approcha de lui. Elle se coula le long de son corps en appréciant son parfum masculin et frais et en se disant qu'elle aurait aimé une de ses chemises pour dormir. C'était une des choses qu'elle préférait chez lui : son odeur. Et elle ne savait vraiment pas pourquoi mais il lui suffisait d'être assez proche de Lysandre et de le respirer pour que le malaise des premiers moments dû à ces longs mois d'attente, s'estompe comme les couleurs délavées d'un vêtement trop porté.

Rassurée par l'attitude de son petit ami, elle inspira à fond pour se donner du courage et imagina le ruban toujours noué autour de cette grosse branche.
Mais... Elle sentait que son absence lui mettrait un rude coup au cœur.
Et elle le voyait comme un présage. Un signe. Pour elle, c'était important. Une sorte de pari.

Les ruines, elles, étaient toujours là. Rien n'avait bougé. Ni les pierres ni les lianes ni même ce petit amas de branches près de l'entrée.
Ils pénétrèrent lentement, presque religieusement entre les murs, comme si c'était l'église qui les verrait mariés.
Ce n'était qu'un ruban...
Mais elle avait misé son futur là-dessus.

L'arbre derrière l'ouverture de la fenêtre de la dernière salle était là aussi, toujours immense mais complètement dégarni et la tâche de couleur au milieu des branches nues ne laissait pas de place au doute.

— Il est encore là ! soupira-t-elle.

Lysandre se contenta de hocher la tête avant de serrer la jeune fille dans ses bras et d'embrasser distraitement le haut de sa tête, les yeux fixés sur le tissu qui volait docilement.

— Je le savais, murmura le chanteur de sa voix douce.

Le savait-il vraiment ou bien l'espérait-il simplement ?

La lumière du jour déclinait rapidement et Luan fit la moue et pesta contre les nuages : il n'y aurait pas de coucher de soleil cette fois... L'hiver n'était pas la meilleure saison pour ça, ça aurait été bien trop espérer.

— Rassurée ? demanda Lysandre, le nez dans ses cheveux.
— Rassurée de quoi ?
— Tu avais peur que le ruban ne soit plus là, non ?
— Hum... Pas toi ?
— Je ne suis pas superstitieux. J'ai juste senti que c'était important pour toi.