Chapitre 20 : Céili

220 15 18
                                    

Luan

Le vent de la mi octobre soufflait maintenant si fort que Luan se sentait tirée en arrière et qu'elle détourna la tête pour protéger son visage des bourrasques. Cela lui donnait l'excuse d'éviter encore une fois le regard vairon de son ami.
Elle sentait le froid qui attaquait sa nuque maintenant qu'elle n'était plus protégée par ses épais cheveux, mais c'était son cœur qu'elle sentait geler.
Ce n'était pourtant pas la première fois que Lysandre la repoussait avec tant de brusquerie et de politesse mais ça la prenait toujours autant au dépourvu et elle avait du mal à cacher la tristesse sur son visage.
Il avait pourtant dit être venu pour elle. Et elle avait eu l'impression qu'il avait apprécié sa soirée.
Mais encore une fois, avec lui, on n'était jamais à l'abri.

— À quelle heure est ton avion, demain ? murmura-t-elle si bas qu'il eût du mal à l'entendre.
— Vingt-trois heures.
— Tu le prends à Dublin ?
— Oui, acquiesça le garçon.
— D'accord... Donc ça te fera plus de deux heures de trajet... Et il faudra que tu sois à l'aéroport assez tôt pour ne pas rater ton vol... Ça ferait que tu devrais quitter le comté en fin d'après-midi... C'est vraiment tôt... regretta-t-elle en fermant les yeux alors qu'une forte rafale de vent rejeta les pans de l'écharpe de Lysandre en arrière.
Elle la détacha et la lui tendit.
Après un soupir fatigué, il la récupéra.

— Tu devrais rentrer. Tu vas attraper froid, maintenant, laissa-t-il tomber en voyant que les gens rebroussaient chemin sur la promenade, sûrement rebutés par le froid.

Machinalement, elle secoua la tête.

— C'est vraiment bête que tu ne restes pas plus longtemps... On se serait baladés... Tu me le diras, si tu reviens ici pour faire comme Ed Sheeran et tourner un clip dans les rues ? Je viendrai te dire bonjour.
— Alors avec tout le respect que je dois à cet artiste aux millions de fans, si tu nous compares à Ed Sheeran, Castiel risque de te faire la gueule jusqu'à la fin des temps, répondit-il sans réfléchir.

Luan rit rapidement en caressant nerveusement les pointes de ses cheveux courts. Pendant un instant, elle avait eu peur qu'ils se quitteraient fâchés sans savoir vraiment pourquoi.

Mais elle avait espéré autre chose. Elle ne savait pas exactement quoi. Peut être simplement continuer comme ça sans vraiment penser à la suite. Se laisser porter, s'évader le temps de deux jours sans se poser de questions. C'était tellement mieux de ne pas savoir. Ou de faire comme si on ne savait pas.

Son téléphone se mit à vibrer et à sonner dans sa poche.

— Cette fois c'est le mien, s'excusa-t-elle.

Elle vit le visage de Lysandre se fermer davantage au moment où elle sortait son portable de sa poche pour répondre.
Après avoir raccroché, le malaise de Luan et ses appréhensions s'effacèrent complètement et lorsqu'elle chercha Lysandre des yeux, elle n'avait plus qu'un radieux sourire sur son visage fin.

— Ils poussent les tables !
— Quoi ?
— Ils poussent les tables, répéta-t-elle plus fort, son cœur battant de joie dans sa poitrine.
— Quoi ? Quelles tables ? demanda le chanteur en fronçant les sourcils, comme s'il essayait de se concentrer pour trouver un sens à la phrase de Luan.
— Mais les tables ! Ils les poussent ! Alors je suis vraiment désolée mais il n'est pas question que tu rentres tout de suite, ce serait trop bête !

Sans attendre plus longtemps, elle attrapa Lysandre par la manche et commença à courir sur la promenade pour faire le chemin inverse. Courir décemment avec les vestes épaisses ne lui réussit pas et elle fut rapidement essoufflée, son cœur battant autant à cause de l'effort qu'a cause de l'anticipation excitée. Mais elle persévéra et continua de courir sans regarder en arrière, le garçon sur ses talons.
Ils arrivèrent à nouveau en ville, dans le quartier latin et retrouvèrent aisément le pub où ils avaient passé la soirée.

Map Of Your Heart (Lysandre)Where stories live. Discover now