Chapitre XXIII - ... avec un ennemi

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Le consort ! Alors c'était lui le fameux second de Voroï, l'homme qui avait élevé Romuald et gérait la cité masqué, celui qui avait accueilli ma sœur. Et on l'obligeait à me suivre ! C'est que je représentais beaucoup finalement.

- Vous avez fait quoi pour qu'on vous envoie me surveiller ? Tuer la famille de Voroï ?

- J'ai la particularité de pouvoir passer dans l'invisible sans utiliser la magie. Un don pratique pour vous espionner non ?

- Il faut vraiment qu'on parte d'ici ! déclarais-je en l'ignorant, ne pensant qu'à ma petite-amie. Avant que Kamélia ne reviennes.

- Théophile, je ne suis pas certaine. Pourquoi lui faire confiance à lui ! Kamélia est notre amie.

- Non Élodie ! Le feu est une sorte de souvenir qu'a laissée mon père. Kamélia a agi avec lui et sa fiancée...

- Exactement comme avec vous ! s'exclama Le consort pris d'une soudaine révélation.

- Vous m'avez suivi là-bas ?

- Je n'en ai pas les moyens, mais continue. Qu'est-il arrivé à Babette et ton père ?

Sur le coup je n'ai pas remarqué qu'il avait utilisé le surnom de Céline, alors que seule Hélène se le permettait. Je ne pensais bien sûr qu'à sauver Élodie. Je ratais là l'occasion de l'interroger.

- Kamélia les a connectés à une sorte de machine, elle aspirait toutes leur énergie. Ils allaient mourir, quand Céline, grâce à ses pouvoirs, a pu libérer mon père. Malheureusement, Céline était morte avant qu'il arrête la machine.

- La pauvre ! C'était une fille bien ! Elle ne méritait pas cela !

Élodie fixa le Consort avec surprise, il semblait vraiment triste, mais encore une fois je n'y prêtais pas attention, je continuais donc.

- Enfin bref, la machine va aspirer mes pouvoirs et ton insensibilité à la magie. Je ne sais pas pourquoi, mais cela nous tuera.

- On va mourir ! paniqua ma petite amie.

- Je vais tout faire pour que cela n'arrive pas, la rassurais-je.

- Je ne le permettrais pas non plus ! assura le Consort.

- Alors comment se sortir d'ici ?

- On ne peut sortir d'ici. Mais attendons que Kamélia vous amène.

- Pardon !

- J'ai un plan, assura le sans-visage.

Et voilà que je me retrouvais à suivre le plan d'un ennemi. L'amour rend fou, aussi fou qu'un sans-visage. En même temps pour une fois il n'était pas contre moi, alors je ne pouvais qu'en profiter.




Kamélia arriva assez peu de temps après. Élodie et moi nous affichâmes des sourires angéliques.

- Suivez-moi les enfants ! J'ai quelque chose à vous montrer.

On la suivit, le mur s'effaça devant nous et nous tombâmes dans une plaine. Le consort lui lança alors un sort à ce moment-là, mais Kamélia parvint à le contrer.

- Fuyez ! nous ordonna-t-il alors qui continuait d'envoyer sa magie sur la fée.

Malheureusement il était très peu puissant et Kamélia une fée. Nous, nous ne pouvions bouger. Nous étions paralysés par une force immense. Je me concentrai, tentai de me défaire de mon sort, mais Élodie m'en empêchait. Je ne pensais qu'à elle. Me concentrer était impossible. J'attaquai donc Kamélia et je sentis la pierre faire de même.

Enfin, elle nous libéra. J'agrippais la main de ma petite-amie et me mit à courir loin de la fée. Malheureusement, Kamélia c'était repris. Et si la pierre me protégeait de ses sorts, la fée se concentra alors sur le sol. Il se mit à bouger, l'herbe nous attaqua et Élodie et moi nous commençâmes à nous embourber, comme dans du sable mouvant. J'essayais de me libérer, mais je ne faisais que m'enfoncer. Élodie, agrippée à mon bras, paniquait totalement. Elle pleurait, hurlait à l'aide. Malheureusement, le consort, aux prises avec Kamélia ne pouvait nous aider. Elle était trop forte pour lui. Je me décidai alors à lui venir en aide en vidant tous mes pouvoirs sur la fée, qui tomba inconsciente.

- Vite ! hurlais-je au consort.

Il apparut alors, prit une branche et la fit grandir et solidifier avant de la nous tendre. Je laissais Élodie s'y agripper, mais elle peinait à se soulever, autant qu'il peinait à porter la branche.

- C'est trop dur ! déclara-t-elle.

- D'accord.

Il transforma la branche en une longue corde.

- Accrochais là à vos poitrines ! nous ordonna-t-il.

J'aidais Élodie à l'attacher. Mais avant que le consort puisse tirer ma petite-amie, Kamélia s'était levé et poussa notre sauveur avec nous dans les « herbes mouvantes »

- Vous êtes à moi, tous les trois, désormais. Inutile de lutter !

Le sans-visage, moins embourbé que nous, nous agrippa et nous souleva à sa hauteur avec peine. Cela ne faisait que nous faire gagner du temps. Nous tentâmes de disparaître avec la magie, en vain. Les herbes semblaient imprimées d'un puissant attractif.

- Cela nous affaiblit inutilement ! conclut le sans-visage.

Nous nous débattîmes vainement, juste pour faire quelque chose, pour essayer. Je ne voulais pas mourir et je ne voulais pas qu'Élodie subisse ce sort.

- « Pas tout de suite ! La fée a encore besoin de nous ! » me souffla la pierre.

- Ne vous inquiétez pas ! rassura le consort. On ne vous abandonnera pas. Tout n'est pas fini. Voroï va arriver d'une minute à l'autre pour nous sauver.

Je trouvais cela étrange que mon dernier espoir soit mon ennemi de toujours, mais j'espérais vraiment sa venue. De plus, le consort su se montrer rassurant. Élodie et moi n'étions que des enfants. Lui, c'était un adulte. Il pouvait porter cela plus facilement que nous. Et il le fit. Il sut trouver les mots justes pour nous consoler, laisser allumer cette flamme d'espoir en nous. Il était aussi très paternel. Et sans que je sache comment, je me trouvais dans les bras d'un sans-visage, tenant la main de ma petite-amie. On s'agrippait à lui et dans un dernier espoir, il tenta de nous soulever. Je voyais Élodie, le visage ruisselant de larmes et le regard fou et espérait que ce ne serait pas ma dernière vision.

On s'enfonça encore, jusqu'à être totalement englouti. Mon corps tout entier s'immobilisa alors.



La semaine prochaine dernier chapitre de ce tome. J'arrives pas à y croire !!

La fée perfideWhere stories live. Discover now