La fée perfide

Chapitre VIII - ... oui plus encore que d'habitude.

Mon premier Noël à Barcelia ne fut pas si mal. La cité fut magnifiquement décorée. Pour l'occasion, sachant que c'était mon premier noël sans lui, Hélène a invité Xavier. Il vint, fiancé, au plus grand plaisir de ma mère. La veille, on se rendit dans de beaux vêtements assisté à un mystère. Et le lendemain, à la messe de minuit avant un immense repas assez différent de celui de Firento où l'on mangea du lapin avec du chou rouge. Je fus très surpris devant les cadeaux d'Éric. Il paraît que c'est la coutume dans le monde extérieur de s'offrir des cadeaux.

Les mois passèrent et me paraissaient plus agréable que le précédent. Je commençais à me faire à mon titre, les avantages allant avec, aidaient sans doute beaucoup. Quant à la vie à Barcelia en elle-même, elle me paraissait plus belle chaque jour. Certes, Nicolas me manquait. Est-ce que c'est vraiment ce que je viens d'écrire ? Je me fais vraiment sentimentaliste en vieillissant. Cependant je m'égare.

Donc ma cité de naissance me manquait, surtout les Cadowell. Et tout n'était pas rose à Barcelia. Je devais faire avec Mickaël. Et entre lui et Baptiste, j'ignore lequel est le plus détestable, l'un étant certes plus inquiétant, mais n'avait jamais fourré sa langue dans la bouche de ma sœur ; contrairement à l'autre plus sympathique mais qui était le petit ami de ma sœur avec qui je devais passer du temps à les voir se tripoter.

Bref, il y avait des inconvénients, en plus de Mickaël, j'avais des leçons de politique à mourir d'ennui, et Sylvain, qui faisait tout pour gâcher mes moments de joies. Dire que j'ai quitté Clément pour pire !

Mais Élodie valait bien tout cela. Pour elle, j'aurais tout supporté sans doute. Je me passais de chocolat pour les lui offrir, je me levais plus tôt ou jouais moins aux jeux vidéo pour aller faire un tour avec elle. Je l'écoutais parler de truc de filles et retenait ce qu'elle me disait, parce que j'en étais amoureux. Je ne pouvais pas me le cacher plus longtemps. Et je finis même par l'avouer à Nicolas pendant une de nos conversations par communiqueur.

S'il fut heureux pour moi, il me conseilla de me méfier. On ne savait encore rien d'Élodie.

Nous avions découvert grâce à des examens médicaux que tous les mois, elle ingérait une drogue potion qui faisait perdre la mémoire. Mais elle jurait ignorer comment elle l'avalait. Et elle était étroitement surveillée. Et puis elle était censée être insensible à la magie, comment cela fonctionnait alors ? Mais il y avait aussi autre chose. Quelque chose qui faisait que moi comme les autres hommes, on trouve Élodie particulièrement attirante. Je ne sais pas d'où cela venait. Ni elle. Ce n'était pas au même niveau qu'Hélène ou Camille. C'était moins flagrant, plus discret.

J'étais pourtant incapable de me méfier d'elle. J'avais confiance en elle. Comme en Éric. Tous les trois, on tentait de se soutenir dans nos nouvelles vies. Notre ami du monde extérieur était un peu plus rébarbatif, mais on avait un lien très fort. Même s'il m'arrivait de le maudire pour ne pas me laisser seule avec celle que j'aimais.

Par contre, je ne pouvais pas vraiment à me sentir tranquille. Je me sentais épié à chaque instant. Voroï n'avait-il pas envoyé des sans-visages me surveiller quelque part, invisible. Peut-être même en faisait-il de même avec mes proches. Et s'il en avait assez d'attendre que je fasse ce qu'il exige et me tue ou tue l'un de mes amis pour faire pression sur moi. Cette idée me faisait frissonner. Même le seul fait de ne pas être sûre d'avoir une intimité me gênait. Là-bas, à la tour, les sans-visages ne se moquaient-ils pas de moi, après m'avoir vu baver dans mon sommeil, entendu chantonner ou écouter mes conversations où je divulguais mes secrets intime. Je n'avais aucun moyen de savoir la vérité et cela me rendait fou. Je voulais courir quelque part, loin, seul, là où ils ne pourraient pas me suivre. Mais cet endroit n'existait pas. Pas même mes pensées s'ils étaient bons télépathes.