Chapitre II - ... à Firento en prestigieuse compagnie.

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Ma dernière semaine à Firento me parut bien trop courte. Dès notre retour de cours on devait choisir quoi garder et quoi jeter. Chaque chose dont je devais me séparer était une épreuve. D'un coup, tout me paraissait précieux, emplis de bon souvenir, et m'en séparer me brisait le cœur. Mais je ne pouvais pas tout conserver.

Ma mère faisait, chaque jour, avec Christophe, un aller-retour pour Barcelia avec une partie de nos affaires. Il y avait aussi des tas de choses administratives et des arrangements entre les souverains de Firento et ceux de Barcelia. Cela me paraissait ennuyeux à mourir. Mais au bout de deux jours, ma mère revint avec le sourire, de plus en plus tard.

Évidemment, je m'attendais à être convoqué par leur Majesté et par la Directrice. Ce furent les souverains qui agirent les premiers. Le soir même du retour d'Hélène.

- J'aurais aimé vous connaître plus les enfants. Mais sachez que ce fut un honneur de vous avoir accueilli, affirma Claire.

Sans doute pour quelques arrangement politique plus que par bonté d'âme, car si elle avait réellement voulut nous connaître, elle nous aurait invité bien avant.

- Aujourd'hui, je comprends mieux pourquoi votre père n'a jamais accepté nos invitations. Il craignait d'être reconnu. Dire qu'on avait le Grand Roi sous notre nez !

Le Roi Serge n'en revenait toujours pas.

- J'espère que vous avez passé un agréable séjour ici ! continua sa femme.

- Évidemment Madame ! répondit Camille.

Maintenant plus de Majesté. On était des princes.

- Combien de fois on l'a maudit de révéler nos secrets ! On cherchait partout qui avait pu laisser échapper tant de secrets d'états ! Et on étouffait l'affaire pour que Barcelia ne le sache pas. Mais c'était le Grand Roi ! s'emporta le souverain de Firento.

- Nous avons passé des moments merveilleux ici, repris-je d'une voix assuré, essayant de me la jouer prince.

Si Camille y arrivait, je devrais pouvoir le faire quand même !

- J'espère que Barcelia n'oubliera pas qu'on a élevé le futur Grand Roi ! intervint le roi.

- Ne vous inquiétez pas ! Vous serez là pour le rappeler, rétorqua ma sœur.

- Vous serez toujours les bienvenues ici, ajouta la reine. Une partie de votre famille est toujours là. Vous avez du sang firentais. Il ne faut pas le négliger.

- Le Grand Roi ! soupira Serge.

Je la remerciai. J'espérais pouvoir revenir quand bon me semblait. Mais au fond de moi, j'aurais voulu ne plus avoir à endurer une audience avec eux. Ou ne pas devoir dire des amabilités à la princesse Justine.

La directrice fut plus brève. Elle nous convoqua dans son bureau le lendemain. C'était le jour où Hélène avait annoncé officiellement qu'on était ses neveux, fils de l'ancien Grand Roi de Barcelia et donc, futur souverain de Barcelia. Le bon côté, c'est qu'on arrêterait d'être harcelé pour savoir pourquoi Hélène s'intéressait subitement à nous. Quoi que j'ai apprécié raconter quelques mensonges incroyables, du genre qu'elle voulait me recruter comme agent secret ou me faire épouser sa fille.

- J'aurais aimé le savoir avant, nous expliqua la dragonne.

- Ce n'est pas le genre de truc qu'on révèle facilement.

- Qui nous aurait crus ? me soutint ma sœur.

C'était évident. La dragonne ne s'était en tout cas jamais montrée si gentille avec moi. Elle nous souhaita une bonne fin de séjour et une bonne chance pour notre nouvelle vie. Je suppose qu'elle avait des idées derrière la tête.

La fée perfideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant