Les confidences de Rose Venazzi

Depuis le début
                                    

- Pourquoi avoir accepté si tu ne l'aimais pas ?

- Je n'ai pas vraiment eu le choix. Cependant par la suite, je peux t'assurer que j'ai appris à connaître mon époux et j'ai finalement eu beaucoup d'affection pour lui. Bien que, au fond de mon cœur, je gardais le souvenir de Sempieru Casaleccia.

Tu peux donc imaginer qu'il n'a pas du tout apprécié de voir un homme du clan ennemi lui ravir celle qu'il aimait et...il a juré qu'il ferait tout pour me rendre malheureuse, pour que je vive avec des regrets éternels. J'ai alors découvert une autre facette de sa personnalité : à dater du jour de mon mariage, Sempieru n'a cessé de provoquer de multiples querelles et surtout, il a cherché à m'humilier à de nombreuses reprises. Et il a réussi. J'ai fini par le haïr, alors que je l'avais aimé profondément.

Il a ensuite choisi de se marier avec celle que je considérai comme ma meilleure amie, ma confidente, celle qui était presque comme ma sœur pour moi.

- Alba Casaleccia ?

- Oui.

- Je ne me suis jamais remise de cette trahison. Alba connaissait mes sentiments pour Sempieru. Lorsqu'elle m'a annoncé son futur mariage, c'est comme si elle me poignardait dans le dos.

- Je n'y crois pas, Alba était...ta meilleure amie ?

- Oui. Elle a eu cinq enfants comme moi mais elle avait donné naissance à Dumé et à Joseph alors que moi, mariée depuis trois ans, je n'avais toujours pas connu les joies de la maternité. Elle s'est moquée de moi en public et j'ai fini par rester cloitrée chez moi.

Ta tante Pauline avait six mois lorsqu'Ettore a tué Sempieru. Ton grand-père l'a à peine connue et il ne l'a jamais revue après sa fuite dans le maquis.

Tu comprends que...l'idée d'une rencontre même secrète avec Alba Casaleccia m'est impossible à accepter.

- Alors...tu vas tout raconter à papa n'est-ce pas ? Parce que tu as été malheureuse toute ta vie, tu vas faire en sorte que je le sois moi-aussi ?

Je suis triste pour toi grand-mère mais je ne suis pas responsable de tous ces différents entre les Casaleccia et notre famille. Je n'ai pas à payer pour vos querelles qui datent de plus de cinquante ans.

Alba m'a mise en garde contre Gabriel. Je sais parfaitement que dès l'instant où il apprendra que je me suis engagé avec sa sœur, il ne te faudra pas longtemps avant de pleurer sur mon cercueil.

Sans un regard pour Rose, Leandru se leva et d'un pas raide, il gagna sa chambre. Le jeune homme s'effondra ensuite sur son lit et ne put retenir quelques larmes. Il avait vraiment cru que sa grand-mère serait compréhensive mais la rancœur qu'elle conservait à l'écart d'Alba Casaleccia était trop forte.

Rose Venazzi resta un long moment au salon à songer aux paroles de son petit-fils. Chacun de ses enfants, à sa demande, avait toujours fait en sorte que leurs filles ne croisent jamais la route d'un garçon du clan ennemi et jusqu'à présent elle avait réussi dans son entreprise.

La vieille dame se demanda comment Leandru avait pu se rapprocher d'Elisabetta alors qu'il la haïssait il y a encore un an, qu'à cette époque son regard était dur lorsqu'il l'apercevait au village et qu'il ne songeait qu'à une chose : la punir de son insolence.

A présent, il lui avait avoué qu'il l'aimait qu'il voulait faire d'elle son épouse.

Il avait eu beau nier avoir compromis sa pureté, ce soudain revirement ne pouvait s'expliquer uniquement par les blessures morales de la guerre.

Cette petite devait être aussi perfide que sa grand-mère : il s'agissait sans doute là de l'explication la plus plausible. D'ailleurs, Leandru avait bien souligné qu'Alba les soutenait lui et Elisabetta. La doyenne des Casaleccia voulait la toucher elle à nouveau, Rose en était certaine.

Leandru regagna Ponte Leccia le jour suivant et pendant trois semaines il travailla dans le domaine de son père avec la peur au ventre. Chaque craquement, chaque mouvement qu'il observait à travers les vignes le faisait sursauter. Il travaillait sans entrain tout en songeant que ses jours étaient comptés.

Charles Venazzi avait remarqué que son jeune frère était bien plus calme qu'à l'habitude : plusieurs fois il lui demanda s'il était contrarié mais Leandru le rassura et prétexta à chaque fois la fatigue liée à la préparation des vendanges.

Mais lorsqu'il se trouvait seul dans sa chambre, il ruminait : il aurait aimé se rendre à Merusaglia pour parler à nouveau avec sa grand-mère mais il craignait qu'elle n'en prenne le prétexte pour révéler son secret à son père.

Le jeune homme savait également que, lorsque les Casaleccia se seraient débarrassés de lui, Elisabetta serait mariée à Martin Giacobi et cette seule pensée le mettait dans une rage folle.

Le 2 août, après avoir souhaité un bon voyage à Charles et Angèle, Leandru prépara rapidement un panier avec de quoi manger et il se rendit à la bergerie de Sempieru Casaleccia. Tandis qu'il grimpait dans la montagne, il se demanda si Elisabetta serait au rendez-vous.

Il soupira de soulagement lorsqu'il aperçut la silhouette de la jeune fille : elle se cachait dans les rochers et elle s'était relevée quand elle l'avait aperçu au loin.

Leandru déposa son panier et il prit Elisabetta dans ses bras : il se sentait bien mieux maintenant qu'elle était avec lui mais il était en même temps terriblement triste en sachant qu'il n'aurait sans doute plus beaucoup l'occasions de la revoir.

La jeune fille se rendit compte très vite de la mélancolie de son compagnon et lorsqu'elle eut allumé toutes les bougies dans la bergerie pour qu'ils ne soient pas dans le noir complet, que la porte fut soigneusement refermée derrière eux, elle s'approcha de lui, soucieuse de connaître les raisons qui rendaient Leandru aussi triste.

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Pas sympa du tout Rose Venazzi...

Va t-elle parler ? 

Leandru et Elisabetta se retrouvent à nouveau à la bergerie. Mais plus d'orage cette fois ;-) 

Comment vont-ils gérer la situation compliquée dans laquelle ils se trouvent à votre avis ?

Cum' un cantu di libertaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant