- Il aurait pu aller ailleurs.

- Non, je savais qu'il avait pensé à toi. Il était ami avec ton père n'est-ce pas ?

- Oui...

- J'aurais voulu...j'aurais voulu te l'offrir moi-même mais je...j'avais peur que tu refuses. Je m'en veux tellement d'avoir été aussi cruel avec toi.

Elisabetta s'approcha du jeune homme avec un petit sourire gêné : ce dernier l'attira à elle en entourant sa taille de ses bras puis il l'embrassa doucement.

- Je dois rentrer à Ponte Leccia mais je voulais...je voulais te voir, te montrer que je ne t'avais pas oubliée surtout le jour de ton anniversaire.

Tu as reçu l'invitation du maire pour le banquet du 14 juillet ?

- Oui. Et...je te promets que je ne chercherai plus à...à t'empoisonner.

- J'espère bien !

- Je suis désolée Leandru, je...je n'aurais jamais dû faire cela.

- C'était assez radical comme manière de procéder.

Niolu se mit à s'agiter dans les bras d'Elisabetta :

- Il a peut-être faim.

- Mes frères vont se rendre à Aiacciu au début du mois d'août. Mon père viendra à Ponte Leccia pour vérifier que tout est prêt pour les vendanges. Il sera bien occupé, est-ce que tu penses pouvoir te rendre à la bergerie de ton grand-père ?

- Ils vont au rassemblement des exploitants viticoles ?

- Oui. Tes frères y vont ?

- Oui, sauf Gabriel. Mais ce n'est pas pour cela. Ils aimeraient s'associer avec un important producteur d'agrumes.

La voix de Louise Casaleccia retentit dans le lointain. Elisabetta sursauta puis, avant de retourner chez elle, elle embrassa passionnément Leandru.

Ce dernier, la retint un instant contre lui :

- Tu me promets que tu viendras ?

- Mais comment saurais-je le jour et l'heure ?

- Je viendrai te chercher.

- Non ! Non c'est trop dangereux.

- Quand partent tes frères ?

- Le 2 août.

- Comme les miens.

Alors, je t'attendrai à la bergerie en fin de matinée.

Un nouveau cri retentit et Elisabetta s'enfuit vers sa maison, non sans avoir regardé partir celui qu'elle aimait.

Elle se dépêcha ensuite de rejoindre sa mère dans la maison.

- Lisa, mais où étais-tu ?

- Niolu voulait découvrir le jardin et le verger !

La jeune fille ne chercha pas à cacher le sourire éclatant de son visage. Elle avait reçu de Leandru un magnifique cadeau d'anniversaire et, comme sa mère et sa grand-mère connaissaient son attachement pour H'orsu et sa passion pour les cursinu, aucune des deux ne s'imagina un seul instant que la gaieté d'Elisabetta était surtout due à un homme du clan ennemi.

Elle passa la soirée à jouer avec Niolu dans sa chambre et, avant de se coucher, elle partit chercher un grand panier à la cuisine et elle récupéra une vieille couverture afin d'installer confortablement son nouveau petit compagnon.

Le lendemain, la jeune fille consacra sa journée à s'occuper du petit cursinu. Elle songea que son nom lui correspondait à merveille : pas farouche pour un sou, le chiot avait décidé de saccager une partie du potager mais Elisabetta l'arrêta à temps :

- Petit bandit ! Oh, je vais vite t'apprendre les règles à respecter toi !

Elisabetta prit ensuite plaisir à emmener Niolu autour de la maison pour qu'il se repère et lorsqu'elle arriva près des demeures de ses frères elle s'arrêta net. Gabriel était une nouvelle fois en train de discuter avec Martin Giacobi et la jeune fille comprit que son frère lui avait menti : il voulait cette union, il voulait qu'elle épouse ce mignocolu !

La jeune fille se rassura ensuite en songeant que jamais Gabriel ne passerait outre leur deuil. Cela lui laissait donc deux années pour tenter de lui faire comprendre qu'il n'avait pas le droit de vouloir régenter sa vie de cette manière.

Mais quand son frère et Martin s'approchèrent d'elle, Elisabetta prit Niolu dans ses bras comme pour faire barrage à l'indésirable personnage qui s'avançait d'un pas conquérant vers elle.

Pour lui montrer que sa présence la dérangeait, la jeune fille ne prit pas la peine de le saluer.

- Lisa, le père de Martin nous propose de visiter ses vergers. Tu devrais aller t'apprêter, nous partons dans une heure.

- Nous ? Puis-je te parler un instant Gabriel ? En privé.

Le regard noir que lança Elisabetta à Martin n'échappa pas à Gabriel et c'est très mécontent qu'il entraîna sa sœur à l'écart.

- Peux-tu m'expliquer ton attitude Lisa ?

- Non, ce serait plutôt à toi de me dire pourquoi tu ne tiens pas compte de ce que je te dis ! Je ne veux pas épouser Martin ! Je ne l'aime pas.

- Lisa...il faut que tu songes à ton avenir, à l'avenir de notre famille.

- Et moi ? Tu tiens à ce que je sois malheureuse ?

- Pourquoi serais-tu malheureuse ? Les Giacobi sont une famille très estimée dans le pays et...

- Non Gabriel, tu ne m'obligeras pas à devenir une des leurs. Tu oublies ce que papa voulait pour moi ?

- Je n'ai pas oublié. Mais il aurait compris que...

- Je ne veux plus en parler Gabriel. Tu m'as juré que jamais tu ne me forcerais à quoi que ce soit.

Et sans que son frère puisse la retenir, Elisabetta serra son petit chien contre elle et se dépêcha de regagner sa maison.

Alba Casaleccia, qui se trouvait au salon, se leva lorsqu'elle vit sa petite fille rentrer en pleurs et se précipiter dans sa chambre.

Lentement la vieille femme monta les escaliers afin de découvrir ce qui mettait Elisabetta dans cet état.

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Lexique :

Mignocolu : ver de terre

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Chapitre spécial pour @flaart j'espère que tu l'aimeras ! 

Je ne sais plus qui avait soumis l'idée du petit chiot offert par Leandru, j'ai bien aimé cette suggestion je l'ai donc intégrée dans le texte ! 


Cum' un cantu di libertaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant