2-J'arrive dans mon trou paumé

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Quand mon portable me vibra dans la main pour me réveiller, j'étais déjà assise sur mon lit, attendant le signal de mon téléphone.

J'avais tout préparé dans les moindres détails hier soir. J'avais cherché un endroit reculé du monde pas trop loin d'ici, et j'avais réuni tout ce qu'il me fallait, c'est à dire mon argent, des vêtements de rechange, mon téléphone et son chargeur, mon livre préféré, mes partitions de piano, on ne sait jamais, mon appareil photo, et le plus important, un gros carnet dans lequel j'avais collé toutes les photos qui étaient avant sur mon mur. J'ai beau vouloir m'éloigner de tout le monde, il m'était inconcevable de partir sans quelques photos de ma famille et de mes amis.

Mon itinéraire aussi était établi. J'allais prendre le train jusqu'à Aberporth, puis de cette petite ville prendre un ferry pour me rendre à Cairnholm, une petite île de moins de cent habitants au large du Pays de Galles. Comme c'est minuscule, il y a peu de chance pour qu'on me trouve. Pour le reste je me débrouillerai là-bas.

La seule étape compliquée du trajet c'est l'escalier, mais finalement en tenant mon sac dans une main et mes converses dans l'autre ça c'est trop bien déroulé. Après avoir attrapé des paquets de gâteaux, des sandwichs, des bouteilles d'eau et les avoir rangé dans mon sac, j'ai pris mes clés et j'ai refermé la porte derrière moi. Ça y est, je commençais ce que j'ai du mal à appeler une fugue, même si c'en est une.

L'air encre frais du matin me caressait le visage pendant que je marchais en direction de la gare de Glasbury, ma petite ville. Les rues de mon quartier étaient désertes, ce qui est plutôt normal à 5 heures le matin, mais ça me rendait déjà nostalgique. Plusieurs fois j'ai manqué de faire marche arrière et de revenir à la maison, devant parfois m'arrêter pour me raisonner.

J'ai fini par atteindre la gare, où je faisais extrêment attention de ne pas croiser le regard des quelques personnes présentes. Finalement, j'ai réussi à atteindre les bornes sans encombres et à payer mon billet. Heureusement pour moi, aucune de mes connaissances ne prenait le train à cette heure-ci, ce qui fait que le peu de personnes qui m'ont vue ne me connaissent pas.

Une fois dans le train, je me suis assise à ma place et j'ai commencé à relire pour la énième fois mon livre, une playlist composée de mes musiques préférées dans les oreilles. Je me mets plusieurs fois à pleurer, la tête contre la vitre, en entendant une musique qui me fait penser à ma famille ou à un de mes amis. Le trajet me semble durer des jours, j'ai même l'impression qu'il est infini.

Vers 13h, je commence à avoir faim, alors je déballe les sandwichs que j'ai pris tout à l'heure et les mange, accompagnés d'un peu d'eau.

L'annonce de l'entrée en gare à Abeporth sonna pour moi à la fois comme une libération et comme une souffrance. À partir d'ici, j'allais devoir me débrouiller seule pour vivre, ou plutôt pour survivre, parce que pour être franche, je n'arrive même plus à m'imaginer une vie avec ne serai-ce qu'un soupçon de normalité.

Toujours est-il qu'une fois descendue du train, j'ai dû me concentrer beaucoup plus que possible pour ne croiser aucun des regards des autres passants. Et croyez moi, ce n'est pas une mince affaire! J'aurais pu simplement faire comme quand je suis rentrée du parc, mais étant donné que je ne connaissais pas la ville, j'étais non seulement obligée de regarder le chemin que j'avais réécris sur une feuille hier soir, mais en plus de chercher le nom des rues!

Plusieurs fois j'ai croisé le regard des gens qui m'entouraient et vu leur mort en essayant de paraître naturelle. Enfin aussi naturelle qu'il est possible de l'être quand tu vois des gens qui vont mourir dans quelques mois, plusieurs années la plupart du temps, mais qui vont tout de même mourir pour certains d'une mort non naturelle, ou atroce. Enfin toujours est-il que j'ai réussi à atteindre le ferry sans m'effondrer à terre, sans faire de crise de panique comme je l'ai déjà fait.

Après avoir payé mon voyage en faisant extrêment attention à fixer mon regard sur la base du cou de l'homme qui allait me conduire à mon île isolée de tout, je suis montée et ait essayé de dormir. N'y arrivant pas, j'ai regardé la mer sous le bateau, les poissons qui sautent hors de l'eau, les vaguelettes qui s'écrasent contre la coque du bateau dans un petit bruit, écouté les mouettes et autres oiseaux maritimes qui volaient au dessus de moi ou pêchaient un poisson quand celui-ci sortait de l'eau.

Après deux heures à contempler la mer et son activité en pensant à comment j'allais me débrouiller pour vivre, seule dans une île isolée du monde, où je ne connais personne et où je ne verrais probablement personne, le ferry a finit par arriver sur l'île de Cairnholm, sous un ciel gris et menaçant et une petite pluie fine. Bref, un super temps en perspective.

Je remercie le conducteur du bateau et descends tranquillement, le tout sans le regarder dans les yeux.

Devant moi s'étendait une longue plage de sable gris, et l'île semblait presque sauvage. Juste ce qu'il faut pour vivre loin de la civilisation le temps de trouver comment bloquer mes visions.

Prenant le seul semblant de route qui de trouve devant moi, j'arrive sans encombres au village. Un truc minuscule, avec moins d'un centaine d'habitants, mais ça fera l'affaire! Ce village était tellement petit qu'il ne m'a fallu qu'une minute pour trouver l'hôtel où j'allais loger cette nuit, le temps de trouver un endroit où habiter. Ça parait difficile comme ça, à 16 ans, de se loger, mais ici c'est plutôt simple!

Je rentre donc dans l'hôtel, mon sac à la main.

"Il y a quelqu'un?
- J'arrive"

Une voix provenant d'une pièce voisine répond à mon appel, et quelques secondes plus tard, un homme d'environ 50 ans se plante devant moi.

"Bonjour, tu cherches un logement c'est ça?
- Oui!
- Il n'y a personne, tu peux aller t'installer là haut, on parlera du prix plus tard.
- D'accord, j'y vais."

Je monte donc dans ce qui sera ma chambre, et pose mon sac sur le lit.

Une petite heure plus tard, après avoir discuté un peu avec le patron de l'hôtel, je sors, prenant mon sac avec moi, au cas où j'aurais besoin de quelque chose. J'avais décidé de visiter un peu l'île, en dehors du village.

Je me dirige donc vers le nord, arrivant vite vers des espèces de marécages. Regardant mes pauvre chaussures de toile, je fais demi tour et revient avec une paire de bottes en caoutchouc, mes converses dans mon sac. Je me risque prudemment à traverser.

Une fois le marécage passé, et m'être enfoncé le pied dans la boue de nombreuses fois, j'arrive devant un énorme bloc de rocher dans une falaise, avec une ouverture, et une sorte de grotte à l'intérieur.

Curieuse comme je suis, je décide de rentrer pour voir. Une fois dedans, je me rends compte que ce n'est en fait rien de plus qu'une sorte de petite grotte. Déçue, je ressors, et remarque que le soleil est arrivé pendant le quart d'heure que j'ai passé dans la grotte. Ça doit être commun ici.

Cependant, quand je regarde autour de moi, je vois que ce n'est pas la seule chose à avoir changé, même si ce n'est pas flagrant, les marécages semblent moins grands, et les arbres plus petits. C'est quand même bien bizarre, mais je n'y fais pas très attention et repars par un autre chemin.

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Et voilà le 2e chapitre les p'tits loups!

J'ai rien d'autre à dire en fait 😂

18/08/17

Une Famille ParticulièreWhere stories live. Discover now