Chapitre 8. (part.1)

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- Shanleigh ... Vous allez bien ?

La jeune femme se figea dans l'embrasure de la porte d'entrée du cabinet en entendant la voix de son patron exprimer un semblant d'inquiétude. Et le pire c'est que ça semblait sincère. L'avocat s'avança vers elle et il posa ses deux mains sur les épaules de la jeune femme en glissant son regard sur elle.

- J'étais inquiet. Les flics ont rien voulu me dire. Qu'est ce qu'il s'est passé ? lui demanda Graham Patterson.

Shanleigh souffla doucement et elle baissa la tête, incapable de soutenir le regard perçant de son boss. Que pouvait-elle répondre ? Depuis qu'elle travaillait pour lui, elle n'avait jamais laissé filtrer la moindre information personnelle et elle avait imaginé que ça continuerait ainsi. Il connaissait son âge, sa date de naissance, son adresse et c'était tout. Il n'avait rien besoin de savoir d'autre. Mais si elle lui disait la vérité, il apprendrait qu'elle avait une sœur jumelle qu'elle n'avait jamais connu et peut-être se permettrait-il de poser d'autres questions... D'un autre côté, elle n'avait aucune idée de comment la situation allait tourner. Si elle lui mentait et qu'elle se retrouvait obligée de devoir retourner au poste de police, il risquait de finir par découvrir la vérité.

- Je ... Quelqu'un a disparu et je suis une des dernières personnes à avoir eu de ses nouvelles, chuchota la rouquine en sentant ses joues la chauffer.

Une lueur perplexe se dessina dans le regard de son boss et il esquissa une moue dubitative.

- Qui ?

- Ma ... sœur jumelle. Siobhan, bredouilla Shanleigh.

C'était la première fois qu'elle le disait à voix haute et ça lui semblait plus concret que jamais. Bien plus que quand elle était dans la chambre de Sio, à espérer son arrivée.

- Vous avez une jumelle ? s'exclama Graham.

La rousse haussa les épaules et elle réussit à esquisser un mince sourire.

- Apparemment... Je l'ai appris il y a quelques jours seulement. C'est encore tout nouveau. Je devais la rencontrer hier soir et ...

Shanleigh déglutit et elle se mordit doucement la lèvre pour empêcher la boule au fond de sa force de grossir. Elle se sentait soudainement incroyablement fatiguée et à bout de nerfs. Toute l'ampleur de la situation lui apparaissait soudain et elle se demandait si un jour, elle aurait la chance de pouvoir rencontrer sa jumelle.

- Elle n'est jamais venue, conclut la jeune femme d'une voix chevrotante.

Elle se rendit compte que son boss avait augmenté la pression de ses mains sur ses épaules et elle sentit un soupir lui échapper. Bizarrement, pour la première fois, elle avait l'impression que Graham Patterson était humain. Qu'il n'était pas simplement un requin à l'affût du moindre euro sans soucier des émotions de ses clients et des gens qui l'entouraient.

- Je ... Je devrais me mettre à travailler. J'ai pris suffisamment de retard avec cette histoire, souffla la jeune femme en se dégageant doucement des mains du brun.

- Vous êtes sûre que ça va aller ? Si vous voulez, vous pouvez rentrer chez vous, proposa l'avocat.

La rousse secoua vivement la tête et elle ôta sa veste en se dirigeant vers son accueil.

- Ne vous inquiétez pas. Je préfère être ici et m'occuper l'esprit.

- Comme vous voulez. Dans ces cas-là, vous pourriez me préparer la convention d'honoraires pour notre nouveau client ? Etzeca Lab.

Elle hocha la tête et elle déposa son sac à côté de son bureau avant d'allumer son ordinateur. Elle avait besoin de se changer les idées, c'était sans doute pour ça qu'elle n'avait pris qu'une douche rapide chez elle avant d'aller au cabinet. Elle n'avait pas envie de se retrouver seule dans son petit studio. Après la nuit à la maison de Sio, se retrouver seule lui paraissait trop difficile. Elle avait eu envie d'appeler Noam mais elle savait que son boulot lui prenait trop de temps et elle n'avait pas envie de s'imposer. Au moins, au cabinet, elle n'était pas seule. Et Graham Patterson avait fait preuve pour la première fois d'une sollicitude inattendue qui lui avait fait chaud au coeur. Peut-être avait-elle mal jugé son patron finalement ? Elle alluma sa messagerie et esquissa un petit sourire en voyant la trentaine de messages non lus. La journée passerait vite, tant mieux !

Liars, Liars Where stories live. Discover now