Chapitre 13

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Dimanche 1 décembre – Liam

Neil avait insisté avec ma famille pour que je sortisse de cet enfer qu'était l'hôpital psychiatrique. Je n'avais toujours pas retrouvé l'usage de mes mots, et je me contentai de me faire comprendre en fixant les gens aux alentours de moi. La morphine, c'était terminé depuis plus d'une semaine, mais elle était compensée par des antidépresseurs qui me rendaient au moins aussi stones. A vrai dire, je n'avais toujours pas réussi à compenser cette douleur qui me brûlait la poitrine chaque jour qui passait. Pourtant, la durée de mon séjour dans cette chambre aurait pu me convaincre que rien ni personne ne pouvait plus m'atteindre. Et à cet instant-là, ma mère et mon meilleur ami étaient en train de discuter de comment on s'occuperait de moi lorsque je pourrais sortir. Comme si j'en avais besoin... En fait, oui, certainement. Je serais capable d'oublier de manger, de boire, de bouger. Déjà que j'avais encore un petit peu de mal à déambuler jusqu'aux toilettes. Non pas parce que j'avais quoi que ce fût de grave aux jambes et que mon dos ne me supportait pas, mais parce que j'étais trop faible, physiquement et mentalement. Je n'avais tout simplement envie de rien.

-Il rentrera chez lui et sa sœur s'occupera de lui, ainsi que moi quand je pourrais me rendre dans sa maison, ou encore Laurie. Son frère se sent très impliqué. Et il sera entre de bonnes mains. Nourri de force par Lee-Ann, et sa maison sera constamment nickel. Je crois que le fait qu'il soit en colocation avec sa sœur est une bonne chose.

-Madame, sans vouloir vous offenser, j'aimerais autant que Liam vienne chez moi... Non pas que je n'aie pas confiance en votre fille, je sais qu'elle prendra soin de lui, mais justement. Elle est encore jeune, à l'Université, et elle a besoin de penser à elle-même avant de s'occuper de Liam. Et puis j'ai des horaires légers si je veux en avoir des légers, je pourrais le faire sortir petit à petit, le remettre dans son environnement naturel sans aller trop rapidement... Mais bien sûr, vous pourriez tous venir le voir quand vous voudriez chez moi.

-Je suis sceptique, Neil. Je sais que Liam vous apprécie beaucoup, mais assez pour qu'il vive chez vous temporairement et qu'il se remette véritablement ? J'aurais plutôt tendance à penser que pour cela, il lui faudrait sa famille à ses côtés. Je suis à la retraite et j'ai encore de quoi m'occuper de mon fils, je pourrais également le prendre en main très aisément. Et puis...

-Mais vous ne vous reposerez pas, s'il vient chez vous. Quand il me parlait de vous, il me disait toujours que vous vous démeniez pour vos enfants. Il ne dit que du bien de vous. Mais il pense que vous vous tracassez trop, que vous travaillez trop pour une femme de votre âge, que vous feriez mieux de penser à vous... Et je sais bien que vous ne devez pas avoir tellement confiance en moi. On ne se connait pas vraiment. Mais j'aime beaucoup votre fils, et si vous avez peur que ça me dérange ou que vous avez peur pour sa sécurité, je peux vous assurer que je serais ravi de l'accueillir et que je prendrais soin de lui. Il pourrait vous le confirmer s'il était en bon état.

J'écoutais les conversations sans vraiment tourner la tête vers eux, qui débattaient déjà depuis quelques heures sur où j'allais me retrouver en ressortant. Dans tous les cas, j'avais seulement envie de rester là, allongé face à ce plafond, et de ne pas bouger davantage. Je m'y sentais en sécurité, chez moi. Ma chouette était posée contre ma joue et je m'appuyais contre fébrilement, incapable de faire quelque chose d'autre. Elle me rassurait, elle aussi. Sauf que mon inquiétude devint plus grande lorsqu'une infirmière rentra dans ma chambre pour déclarer joyeusement à ma mère que j'allais pouvoir sortir et qu'elle allait devoir signer une décharge pour cela et payer, bien entendu, ce qu'elle se hâta de faire. Cela signifiait également que j'allais devoir sortir de ce nid dans lequel j'étais si bien niché, que j'allais devoir enfiler quelques vêtements que je n'avais pas portés depuis plus d'un mois, que j'allais devoir marcher à la lumière du jour et regarder ailleurs que juste devant moi. J'avais l'impression d'être tout simplement devenu un légume. Un légume qui pensait, qui pouvait bouger et qui avait les capacités d'aller de l'avant mais qui ne savait pas comment s'en servir.

Irrésistiblement condamné [Boy x Boy]Where stories live. Discover now