L'ange noir Damon (Spin-Off de Black Angels tomes 1 et 2)

Chapitre 60

 Plus que quelques heures et j'y suis. Plus que quelques centaines de miles et je serai enfin chez moi. A Dallas. J'ai du mal à croire que tout ça soit enfin terminé. Que je vais enfin rentrer au chalet. Retrouver mes "frères" et Elle. Surtout elle. Même si elle ne me regardera plus de la même façon.

Il y a un an, presque jour pour jour, je partais. Puni pour avoir fait une putain de connerie. Le pire c'est que je ne regrette pas ce que j'ai fais. Dès le départ, dès mon premier jour au chalet, je savais que Ryder et moi ça n'allait pas coller. Lui qui se prenait pour un grand alors qu'il n'était que prospect et moi ce petit lycéen. Puis quand il est devenu membre officiellement, il ne s'est plus senti pisser. Et à trop vouloir se donner des airs supérieurs aux autres, je l'ai vite calculé.

Je ne devrai pas avouer cela, mais sa mort me réjouit. Il n'est plus là à foutre sa merde. Plus là non pour faire du mal. Plus là non plus pour voler les gens, sauf que d'autres derrière ont pris sa place. Un véritable engrenage.

Vu la chaleur qui règne en ce moment sur le sud du pays, j'ai mis les voiles très tôt. Et quand je dis tôt, le soleil n'était même pas encore levé. Rouler à la fraiche c'est bien mieux. J'ai encore quelques heures devant moi pour éviter que les gouttes de transpiration ne commencent à faire leur apparition sur ma tête.

La vie de nomade est particulière. On nous dit où aller. On nous dit quoi faire. Et ainsi de suite. On ne reste jamais vraiment longtemps au même endroit. On ne lie pas forcément contact non plus avec les autres, sauf quelques cas exceptionnels, comme au chapitre de Reese. Seule la route compte et les missions qu'on nous demande d'effectuer. J'ai été plutôt verni de ce côté. Pas de gros truc où je risquais ma peau. Pas que ça m'intéressait pas mais faire des choses plus calmes était bien mieux pour moi, vu mon état d'esprit. Fortement marqué au tout début par le fait d'avoir du abandonner la femme que j'aimais.

Puis j'ai pris cette putain de décision. Décision que je regretterai toute ma vie. Parce que je l'ai perdu. J'ai tout perdu. La femme de ma vie est avec un autre. Et je ne peux m'en prendre qu'à moi même parce que c'est moi qui ait merdé sur toute la ligne.

Je chasse ces pensées de mon esprit et me concentre sur la route. Houston. Je suis au Texas depuis quelques miles déjà. Tout en roulant, j''aperçois au loin le site de la Nasa, le Centre spatial Lyndon B. Johnson. Un rêve de gosse. Aller voir les étoiles. Un rêve inaccessible malheureusement.

239 miles. Plus que 239 miles et j'y suis. Enfin! Le soleil commence à taper fort et il est nécessaire pour moi de faire une pause, à l'ombre. Je m'arrête à la première station que je vois, fais le plein du réservoir puis vais me garer sous les arbres. Un café, puis un deuxième, un tour aux toilettes et j'en profite pour me reposer un peu. Je retire mon blouson, étire mes bras et m'installe sur le carré d'herbe, près de ma bécane. Une petite heure, rien qu'une petite heure. Sauf qu'au bout d'une demi heure, j'estime que c'est suffisant. Je me relève, secoue l'herbe de mes fesses, puis celle de mon blouson, avant de le remettre. Je pourrais rouler en le laissant ouvert, laisser le vent s'engouffrer à l'intérieur mais non. Trop dangereux. Sur des petits trajets oui mais pas sur celui-là. J'ai envie d'arriver en un seul morceau. Mon casque, mes gants, je suis prêt. Je démarre et reprends la route.

Toujours cette soif de vitesse. Cette soif d'arriver. Cette soif de la voir.

Dallas. Je souris en voyant les six lettres qui composent le nom de ma ville. Enfin! 30 miles encore et je serai au chalet. Je réduis ma vitesse, et profite de mon retour. Les buildings, la circulation, ces divers endroits que je reconnais sans peine, puis la route qui mène à Tahoma Creek. Cette petite route que j'ai maintes et maintes fois pris. En voiture. En moto. Cette longue portion goudronnée, qui s'étend sur plusieurs miles, bordée par les clôtures blanches des ranchs.