Chapitre 5 - Partie I

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A travers le miroir, je restai fixée sur le sourire carnassier d'Alex. Ce type était cinglé. A un niveau intergalactique. Il posa ses mains sur mes épaules nues et son menton sur le sommet de ma tête, admirant son œuvre avec une fierté évidente.

- Crois-moi Tori, si je ne prenais pas autant mon pied avec les mecs, ce serait avec toi que je voudrais coucher. Mate-moi ces nichons, bordel !

Je roulai des yeux.

- Tu es incohérent.

- Et toi, tu es canon. Je suis un génie.

Sans aller jusque-là, je devais bien avouer qu'Alex n'avait pas son pareil pour dégoter des vêtements dans lesquels je n'avais pas l'impression de ressembler à un orang-outan obèse. De façon générale, j'avais un sérieux problème avec les robes parce qu'elles moulaient souvent les parties de mon corps que j'aimai le moins. A savoir tout ce que se situait sous la ceinture. Mais le fou qui me souriait de toutes ses dents trouvait toujours ce qui m'allait. Aujourd'hui, il s'agissait d'une robe portefeuille noire au décolleté charmeur. Simple mais efficace, si j'ajoutai à ça les escarpins à lanières que je portai une fois tous les six siècles, je ne me trouvais pas si mal.

Je grimaçai lorsqu'Alex s'empara de mes longs cheveux avec la douceur d'un gorille en colère et me mis à râler en me décalant pour qu'il me lâche.

- Hors de question que tu touches à mes cheveux, le prévins-je en lui enfonçant mon index dans le torse. Tu as peut-être l'œil pour les fringues mais tu es un coiffeur horrible.

Il ouvrit la bouche pour répliquer mais je le devançai aussitôt.

- Oui, même si tu es gay. L'un n'empêche pas l'autre, il va falloir t'y faire.

Alex tourna les talons en bougonnant et alla s'affaler sur mon lit, les bras écartés. J'observai mon épaisse chevelure ondulée en me demandant vaguement comment je pouvais en tirer une coiffure simple mais élégante.

- Plus que trente minutes avant que ton beau psychiatre ne vienne t'enlever dans sa grosse voiture allemande, ricana Alex dans mon dos. Tu angoisses ou pas ?

- Ce qui m'angoisse, c'est que tu me donnes le compte à rebours depuis que tu es arrivé au salon ce matin.

En vérité, j'étais morte de trouille. Et pas simplement parce que mon ami me disait combien de temps il me restait avant ce rendez-vous à chaque fois qu'il voyait l'heure affichée quelque part. J'avais réussi à me persuader que j'allai me ridiculiser d'une manière ou d'une autre, à plus forte raison quand je savais dans quel genre d'endroit nous allions dîner. Car, malgré tout ce qu'Alex me disait et malgré mes efforts pour me convaincre du contraire, Noah et moi n'appartenions pas au même monde. Restait à savoir si j'allai être capable de me fondre dans le décor.

Je rassemblai mes cheveux d'un côté de ma tête et m'arrangeai pour qu'ils tiennent en place à renfort de pinces et de laque, laissant retomber mon épaisse crinière ondulée sur ma poitrine. Je n'étais pas convaincue que cette coiffure tiendrait toute la soirée mais c'était ce que j'avais de mieux en stock, compte tenu de mes maigres capacités en matière de coiffage. En outre, il n'était vraisemblablement pas prévu que nous allions nous trémousser en boîte donc ça ferait l'affaire.

Dans mon dos, Alex émit un petit bruit horrifié et se redressa brutalement sur mon lit, le regard plongé sur l'écran de son portable. A travers le miroir, je lui lançai un regard intrigué - qu'il ne remarqua pas – et me retournai vers lui pour qu'il daigne lever les yeux dans ma direction. La lueur de ses iris azur oscillaient ostensiblement entre agacement et humour et je n'eus pas besoin de poser la question pour savoir qui le mettait dans cet état.

Arte Corpus 1 - Tori et Noah (Sous contrat d'édition chez Plumes du Web)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant