Chapitre 4 - Partie I

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Le dimanche suivant, je fus réveillée aux aurores parce que mon horloge interne prenait un malin plaisir à faire ce qu'elle voulait, sans se soucier du fait que j'allai devoir affronter toute une semaine de travail dès le lendemain. Après avoir traîné dans mon lit assez longtemps pour mériter une escarre, je quittai ma chambre pour rejoindre le salon de l'appartement, emmitouflée dans ma couette, mon oreiller sous le bras. Je n'avais pas précisé que me lever signifiait faire quelque chose de constructif. J'allumai la télévision et zappai un moment, mais autant dire qu'à huit heures du matin un dimanche, je n'avais guère l'embarras du choix. Alors je naviguai sur la tablette que Raph avait laissé traîner sur la table basse et en dégotai une recette de gâteau que je pourrai ramener chez mes parents le midi même. J'aurai probablement mieux fait de demander à Alex sa recette de cheese-cake que j'aurais pu manger sur la tête d'un pouilleux mais il était tôt et tout le monde devait dormir. En tout cas, c'était le cas de mes deux colocataires.

Lorsque j'estimai que l'heure avait assez tourné pour pouvoir faire un peu de bruit, je m'enroulai dans le tablier de cuisine douteux qu'Alex avait offert à Raph, et qui représentait grossièrement le corps d'un homme vêtu d'un string kangourou, et m'attelai à la conception d'un fondant au chocolat tout simple.

J'enfournai ma préparation quand j'entendis la porte de la chambre de Raph s'ouvrir. Il marqua un arrêt en me voyant, en pyjama avec mes grosses chaussettes moelleuses, et ce tablier idiot. Il me serra dans ses bras, son torse nu irradiant toute la chaleur de son corps préalablement enroulé dans la couette.

- Merci, Tori.

- Pas de quoi. Merci pour quoi au fait ?

Il se recula et me maintint à bout de bras, m'observant des pieds à la tête. Ce fut à cet instant précis que je sus qu'il allait me balancer une connerie de bon matin.

- De me donner une bonne raison chaque jour de ne pas avoir envie de coucher avec toi.

Je lui assenai un coup de torchon sur l'épaule et son rire communicatif envahit la cuisine. M'obligeant à ne pas sourire, je le regardai s'éloigner à reculons vers la salle de bain, en jouant des sourcils comme un pervers.

- Trop de sexitude en toi, Bébé.

Je lui levai bien haut mon majeur, ce qui ne fit qu'accenteur son sourire idiot, et je retournai à ma vaisselle en secouant la tête. Quel poison. J'étais d'ailleurs plutôt étonnée qu'il soit de si bonne humeur, parce que à première vue, ce repas dominical chez mes parents ne l'avait pas fait sauter de joie. Mais, à moins d'une erreur de ma part, mon père lui avait envoyé un message en lui disant qu'il s'était acheté un nouveau whisky hors de prix. Ceci expliquait peut-être cela.

Je regardai distraitement les clips musicaux à la télé, assise sur le plan de travail, quand mon meilleur ami refit son apparition, une serviette enroulée autour de la taille. Il me fourra une brosse à cheveux dans les mains et se cala contre mes jambes, dos à moi. Rodée, j'attrapai ses cheveux ébène entre mes doigts et m'évertuai à démêler tout ce bazar mouillé. Il avait à la fois la flemme d'entretenir une coupe courte, et à la fois la flemme de gérer ses cheveux trop longs. Les fois où je ne prenais pas le temps de m'en occuper un minimum, il ressemblait à Jon Snow après avoir batifolé dans la neige avec sa sauvageonne. D'ailleurs, la ressemblance aurait pu s'arrêter là, mais ils avaient quelque chose de semblable, dans le genre brun ténébreux. Sauf que Raph avait ce sourire narquois quasiment collé à longueur de temps au visage.

- Comment est-ce que tu feras quand j'aurai une maison, un mari, trois gamins et deux labradors ? m'enquis-je en passant mes doigts dans ses cheveux.

Arte Corpus 1 - Tori et Noah (Sous contrat d'édition chez Plumes du Web)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant