Chapitre 24

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C'était une belle journée, où le soleil timide tentait de se faire une petite place entre deux nuages et un peu de brouillard gelé. Un grand blond aux épaules solides s'apprêtait à affronter le froid de l'hiver enfin installé pour une nouvelle journée.

Deux jours avaient passé depuis qu'il avait découvert Moriarty drogué et mutilé sur le sol de son salon, après près d'un mois d'absence. Il avait fallu du temps pour que son corps abîmé récupère, même aidé par les soins tout particulièrement attentifs de Sebastian.

Puis, Moriarty avait retrouvé une bonne santé, Sebastian avait quitté l'appartement en évitant d'un air gêné le regard de Moriarty qui ne lui avait pas adressé le moindre mot non plus, et la vie avait repris son cours.

L'après-midi, Sebastian arriva dans la salle des bureaux. Bien que tout soit pathétiquement identique aux autres jours, tout semblait différent. Curtis qui lui souriait, Cooper qui le fusillait du regard, Louis qui se méfiait de lui, Piersen qui lui lançait des clins d'œil malicieux, Katherine à son bureau... Ils travaillaient tous activement l'ordre était revenu. Tout avait ce goût familier mais étrangement si loin de lui.

Il s'approcha de sa démarche ferme du bureau de Katherine. A côté d'elle, lui donnant des indications, un petit brun en costume et aux grands yeux sombres. Ce dernier, en l'apercevant, s'interrompit et releva la tête. L'estomac serré, Sebastian ne sut détacher ses yeux des siens, mais n'osa rien dire.

L'image de son corps presqu'inanimé sur le sol lui donnait des sueurs froides.

La pauvre Katherine, entre les deux hommes, semblait plus exclue que jamais. Timidement, elle les scrutait, guettant un mot ou un geste de l'un ou de l'autre. Quelques secondes s'écoulèrent, une à une, lentement, comme les premières gouttes de pluie. Finalement, Katherine prit une petite farde jaune et la glissa vers Sebastian, qui la prit doucement pour détourner enfin son regard.

Lentement, il se retourna pour partir et remplir sa mission, espérant que quelqu'un l'arrête pour lui dire quelque chose, n'importe quoi. Mais rien ne vint.

La berline, avec son habituel chauffeur, attendait déjà devant le bâtiment. Sebastian s'avança jusqu'au trottoir et entra dans la voiture.

- Bonjour, sourit Allan. Vous avez meilleure mine aujourd'hui.

Le blond hocha vaguement la tête en guise de réponse, distrait par tout ce qui chamboulait ses pensées et son estomac.

- Les choses se sont arrangées avec le patron ? reprit Allan de son habituel ton léger. J'ai appris qu'il était revenu au bureau.

- Difficile à dire...

- C'est une bonne chose qu'il reprenne l'entreprise en main. Il était temps. Avec le nombre d'employés qui ont délaissé leurs fonctions, ça allait devenir un fameux désordre.

- Ça, c'est sûr. Enfin, au moins c'est terminé.

- En tout cas, il y en a qui vont le sentir passer, soupira Allan d'un air sombre.

- Comment ça ?

- Ben, vous ne pensez quand même pas que Moriarty laissera les déserteurs impunis ? Oh non, croyez-moi, on serait fichus si on laissait tout le monde faire comme bon lui semble.

- Ils avaient l'air normal aujourd'hui...

- Ils ont encore un peu de temps, il faut remettre leurs affaires à jour. S'assurer qu'on a rattrapé le retard, puis faire le bilan de ce qu'ils font, avant de s'occuper d'eux. Et puis ils pensent que s'ils font leurs preuves sur leurs missions d'aujourd'hui, le patron sera plus clément. Mais même si ça marche pour certains, je vous assure que demain matin le bureau aura moins fière allure.

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