Chapitre 10

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Aussitôt, il recula son visage du sniper et rangea l'arme dans son sac en vitesse. Il saisit son GSM et le sentit vibrer à ce moment précis.

Droite.

JM

Il ne posa pas plus de questions et se releva discrètement pour aller à sa droite. Il avança vite sans trop savoir quoi chercher, jusqu'à se retrouver face à... un mur. Entre le mur et lui, le vide. En dessous du vide, le sol. Il se baissa ; il ne pouvait pas sauter de si haut. Gauche, rien. Droite, gouttière. Parfait.

Commençant à avoir l'habitude, il balança son sac sur le sol en le tenant jusqu'au dernier moment pour atténuer la chute. Puis il se jeta presque sur la gouttière et s'en servit pour faire un effet de rebond pour rejoindre son sac.

Eh ben voilà, c'était pas compliqué !

Il empoigna son sac et marcha jusqu'à rejoindre la grande rue ou gisait le corps du type, déjà entouré d'une dizaine de passants qui appelaient la police en hurlant. Il fit comme tout le monde et ralentit quelques instants pour regarder le corps et rester discret, puis s'en alla. La voiture qui l'avait amené là venait de se garer. Il reconnut le chauffeur et monta dans la voiture, posant son sac à côté de lui.

- Merci, souffla-t-il au chauffeur qui démarra aussitôt.

Il sortit son GSM de sa poche et découvrit un nouveau message :

J'ai hâte qu'on discute de tout cela !

JM

Oh, ça, lui aussi...

- Excusez-moi, vous pouvez me dire où vous m'emmenez, là ?

- Chez vous, monsieur. Monsieur Moriarty m'a prévenu que vous étiez pris ce soir.

- Pardon ?

- Je n'en sais pas plus, monsieur.

Il réfléchit, et puis, soudain, un éclair traversa son esprit. Katherine. Il l'avait complètement oubliée, celle-là.

Mais, minute. Ils ne s'étaient pas donné rendez-vous, ils n'avaient pas échangé leurs numéros. En gros, ils n'avaient aucun moyen de communiquer. Il soupira.

- Il faut que je retourne au... au QG.

- Désolé, monsieur. Les ordres sont les ordres.

Il voulut protester, mais se résigna ; il ne servait à rien de harceler ce pauvre homme qui ne faisait que son boulot. En revanche, il pouvait en discuter avec le fameux Monsieur Moriarty.

Il commença un message, puis en reçut un au même moment :

Elle travaille pour moi. Elle a accès à toutes

les données. Y compris votre numéro. Vous êtes

lent, Moran. Je suis déçu...

JM

En ce moment-même, il n'aurait su dire exactement ce qu'il ressentait, car ce n'était pas une émotion à proprement parler ; il était fou de rage, malade de chagrin, il s'en voulait à mort d'être aussi stupide et il était vexé. Il avait envie de tuer Moriarty, une fois de plus, mais en même temps de le supplier de ne pas le laisser tomber. Il aurait tout fait pour ne pas descendre dans son estime. Tout. Et ça le rendait dingue.

Il se donna intimement l'ordre de se calmer. Cela prit un peu de temps, mais il y parvint plus ou moins. Le problème était qu'une autre pensée lui traversa l'esprit tandis qu'il chassait celle-là. Il commençait sérieusement à soupçonner le Big Boss de le manipuler. Tout simplement. Il le travaillait au cœur. Il savait qu'il exerçait sur lui un pouvoir au-dessus de tout ce qu'on pouvait imaginer, juste parce qu'un beau jour, il l'avait regardé, lui avait parlé, lui avait souri, et avait battu des cils. Voilà. Et ça avait suffi à le rendre complètement dépendant et soumis. Il en avait pleinement conscience. Ce petit con en costume aurait pu claquer des doigts et ordonner qu'il tranche la gorge de la reine en personne, il l'aurait fait pour un sourire. Il l'aurait fait. Et pourquoi ? Concrètement, pourquoi ?

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