Chapitre 20

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Ce matin-là, il faisait encore plus froid que les jours précédents. L'air était piquant et le sol humide. Il y avait peu de vent, mais quand il y en avait, il était glacial et semblait vous geler jusqu'aux os.

Sebastian, regardant paisiblement par la large fenêtre de son appartement, sirotait un café, attendant l'heure où l'on viendrait le chercher pour aller au... eh bien, au travail. Dieu que c'était difficile de dire une chose pareille... Il fronça les sourcils puis n'y pensa plus.

Son café au fond du ventre, il songea qu'il devait un peu mieux se couvrir, et se dirigea vers son armoire. Là, caché, il retrouva son bonnet gris, qu'il n'avait pas revu depuis l'hiver dernier. Il dénicha un vieux pull, gris lui aussi, qu'il enfila sans attendre, et alla se poser devant son miroir pour enfiler son bonnet. Ses cheveux de devant, blonds et rebelles, tentaient de s'en échapper, mais ce n'était pas laid et il finit par les laisser faire.

8h58. Il attrapa sa veste en cuir brun au passage, son GSM, ses clés et son portefeuille, puis sortit de son appartement.

La berline noire l'attendait déjà.

- Bonjour monsieur ! lança le chauffeur quand Sebastian entra dans la voiture.

- Bonjour, répondit Sebastian, un peu surpris de ce comportement inhabituel.

La voiture démarra. Il vit le chauffeur le regarder dans le rétroviseur ; il semblait hésiter à lui dire quelque chose.

- Oui ? demanda Sebastian avec un petit sourire.

Le chauffeur eut un petit rire et dit :

- Oh, je... eh bien... Je me demandais... Comment ça s'est passé, hier soir ? Avec le patron ?

Il ne s'attendait pas à ça. Mais ça le fit sourire :

- Bien... Oui, très bien, c'était... Il était...

Il ne sut quels mots choisir. Le chauffeur lui offrit un sourire gentil et compréhensif. Il savait.

Le reste du trajet se fit dans le silence, et cela leur convenait bien à tous les deux. Mais lorsque la voiture s'arrêta souplement devant le grand bâtiment dans la city, Sebastian sentit l'étrange besoin de dire quelque chose. Et comme il ne savait pas quoi, il ne réfléchit pas :

- Sebastian.

Le chauffeur se retourna et lui sourit :

- Allan.

Et ils se quittèrent. Sebastian entrait lentement dans le bâtiment quand le doux vrombissement du moteur de la berline détonna derrière lui.

Il traversa le couloir en jetant un rapide coup d'œil aux caméras accrochées aux coins de murs, puis ouvrit la porte qui donnait sur la grande salle aux bureaux.

Comme les autres jours, des regards curieux et intrigués se levèrent vers lui. Il fit comme s'il ne les avait pas remarqués et continua d'avancer jusqu'au bureau de Katherine, qui était le dernier au fond, le plus proche de la porte en bois sombre qui donnait sur la « zone » de Moriarty.

Katherine semblait était plongée dans le travail ; son ordinateur trônait au milieu d'un océan de paperasse, et ses mains fines et agiles en parcouraient fébrilement les touches. Néanmoins, elle remarqué sa présence près d'elle, et leva la tête vers lui :

- Bonjour, sourit-elle.

- Salut, répondit-il en examinant un peu mieux les dossiers étalés autour de la jeune femme. Tu as l'air occupé...

- Oh, soupira-t-elle. C'est toujours comme ça avec les russes. Ils veulent à tout prix faire des problèmes là où tout est simple, clair et précis.

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