Un jour, un message.

5 Janvier 2017.

19h30. Espace piétons du quartier, je promène mon chien. Ou c'est elle qui me promène, j'en sais rien. Je m'asseois sur un banc en pierre pendant que je laisse Lhassa aboyer et courir dans tous les sens.

“Bonjour mon amour. J'espère que tu vas bien. J'ai un peu de temps avant de rentrer.
Je crois que je suis en train de pêter les plombs. Tout est en train de me saouler.
Déjà, commençons par l'ambiance du lycée. Ça, ça devient particulièrement dur à gérer. Quoi que je fasse bébé, je n'ai pas ma place. C'était écrit n'est-ce pas? C'était comme ça que ça devait se passer. La petite fan de One Direction qui se mutilait ne trouve pas sa place, c'est pas vrai tout ça?
J'ai parlé de la mutilation dans ma rédac au lycée. J'ai noté ce que je t'ai dit, tu te souviens, la vision que j'avais de la mutilation? Je me souviens qu'on était tellement d'accord et tellement proches que c'est la première fois qu'on s'est embrassées. Souvenir amusant si on se remémore à quel point ça avait été maladroit. Mais de tous ceux qu'on a échangés, je pense que le premier est de loin celui que j'ai préféré. ”

Lhassa commence à fatiguer. C'est terminé pour le moment.

“J'y vais. Je reviens tout à l'heure, c'est promit.”

22h37. Je viens de prendre ma douche et je suis sur le bord de ma fenêtre. Lilou est en bas. Si elle monte, je lui dirais que j'ai besoin de prendre l'air. Un peu dur à croire quand on est à moitiée congelée.

“C'est bon, je suis là.
J'ai "parlé" avec Judy. En fait je voulais savoir si je pouvais parler d'elle.”

Je marque un temps.

“Elle m'a remplacée bébé. Elle m'a oubliée. Pouf, nada, plus rien.
Je ne prétendais être indispensable. Loin de là. Je me suis jamais considérée comme quelqu'un d'indispensable. Mais tout était bien avec Judy. Genre je me sentais super bien avec elle. Je pouvais tout dire. J'assume que je suis bi depuis que je l'ai rencontrée. Tu ne peux pas imaginer à quel point elle a changé ma vie. Elle l'a tellement changée que c'était elle qui était indispensable à ma vie. Je sais pas ce que j'ai encore fait pour que ça merde. Mais bon, de toutes façons, tout le monde finit par se lasser de moi.
Elle me manque vraiment. À chaque fois que je la croise sur Twitter je me sens mal parce que merde, c'était mon amie. Quand j'ai vu "on parle vite fait" (et d'ailleurs je sais toujours pas qui a pose ́cette question) je l'ai vraiment mal prit, ses tweets aussi je les prend mal. Fin merde quoi, qu'est-ce que j'ai encore foiré pour qu'elle ne me considère même plus comme une amie proche?
Ça me fait mal, trop. Je n'ose pas lui en parler mais on dit que seul les cons ne changent pas d'avis, mais aussi que trop se casser la tête à récupérer les gens finit toujours mal. Alors qu'est-ce que je fais Inès? Je dois l'oublier? Je dois la retenir? Excuse moi, quand quelque chose me contrarie j'ai du mal à ne pas pleurer en ce moment.”

Je sèche mes larmes, et je me calme. Je met quelques minutes avant de reprendre.

“L'opération de Lola s'est bien passée. C'est fou la capacité que l'on a à s'attacher aux gens. Je suis contente qu'elle aille bien, parce qu'elle ne mérite pas de souffrir.”

23h51. Je baille, puis me relève.

“Je vais y aller. J'ai froid et je suis crevée. Bonne nuit mon amour. Je t'aime.”