5. Routine sportive

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Mikael

Lorsque Mademoiselle Emmerdeuse daigne se bouger le cul en direction du campus, elle tombe des nues en apprenant que je suis tenu de les accompagner. Je pense qu'elle n'a toujours pas bien intégré la fonction de garde du corps que je remplis.

— Tu comptes nous suivre jusque dans les amphis ? s'enquiert-elle, alarmée par l'idée que je ne la quitte plus d'une semelle.

Ce n'est pourtant pas faute de l'avoir mise au courant.

— Je te préviens, je m'affiche pas avec toi comme ça sur le campus ! ajoute-t-elle du haut de ses échasses, qui n'arrangent finalement rien à sa petitesse.

— « Comme ça » comment ?

Elle hausse le sourcil en me scannant de haut en bas, pour tourner les talons vers son véhicule.

Cette fois, elle me balance les clés sans m'accorder un regard et grimpe sur le siège passager en même temps que son amie monte à l'arrière. Par contre, cette peste refuse à nouveau de boucler sa ceinture de sécurité. Elle sait que je vais devoir lui passer littéralement sur le corps, et lorsque je le fais, je ne manque pas le rictus qui relève sournoisement le coin de ses lèvres. Elle sent bon. Une odeur particulière de jasmin, douce et florale, qui m'emplit délicieusement les narines.

Une fois garé dans le parking du Campus, elle plisse les yeux dans ma direction, pour ensuite caresser sa Cascada du regard.

— Ne t'avise pas de faire des folies avec.

— Je resterai dans le coin, s'il t'arrive le moindre pépin, si tu remarques quelque chose de suspect, tu m'appelles immédiatement. Je t'attends à la fin des cours.

— Ouais, c'est ça. Allez, on y va, Vi.

Plus le temps passe, plus mon animosité pour cette gamine s'accroît. Il serait hypocrite de ma part de feindre l'incompréhension face au mépris ou à la rancœur qu'elle nourrit envers son paternel, à ce niveau, je suis mal placé pour la juger, mais elle devrait être plutôt rassurée par le fait que quelqu'un veille sur elle. Même si c'est un "vieux" barbu à l'allure négligée qui ressemble plus à un sans-abri qu'à Daniel Craig.

D'ailleurs, je ferais mieux de vite déposer la caisse de Gabriel chez elle pour me rendre à mon appart. Une fois parqué dans l'allée de la maison, je note quelque chose de différent. Mon sens de l'observation ne me trompe jamais, alors je suis d'autant plus frustré de ne pas comprendre ce qui ne tourne pas rond. Je glisse ma main derrière mon sweat et m'empare de mon Glock, pour débouler dans la bicoque, arme à bout de bras.

Ce à quoi je ne m'attendais pas, c'était d'effrayer une bonne femme tenant un sac poubelle d'une main, occupée à ramasser les vestiges de la nuit mouvementée sur le sol du vestibule de l'autre. Le cri strident qu'elle pousse me met davantage sur mes gardes, et même si je baisse mon arme, je tente d'adopter une posture assez menaçante pour garder l'avantage.

— Qui êtes-vous ?

Elle me dévisage de ses yeux ronds, pour ensuite froncer les sourcils et lâcher son sac poubelle au sol.

— Monsieur Kaverine, je suppose?

Bon sang, mais comment connaît-elle mon nom ?! Méfiant, je plisse les paupières sans répondre, attendant toujours qu'elle me décline son identité.

— Je suis Rosemary Ramirez, la femme de ménage.

Évidemment. Rosemary Ramirez. Je l'ai lu dans ce putain de dossier, leur femme de ménage qui passe trois fois par semaine pour nettoyer son bordel et, accessoirement, veiller sur Gabriel.

Mission Rédemption (publié Chez Black Ink Éditions )Where stories live. Discover now