Mission Rédemption (publié Chez Black Ink Éditions )

Prologue

Hello les amis!
Mission Rédemption est enfin publié, dispo sur toutes les plateformes de ventes numériques! Je vous livre ses premiers chapitres, ainsi que le trailer en média <3 

(Pour ceux qui l'avaient lu, la version publiée a été quelque peu modifiée, ainsi que la fin...) 

Il sera disponible en papier au Salon du livre de Paris, et sur commande sur Amazon à partir du 16 mars  

Bonne lecture à vous

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 « Tu es sûr que tout va bien, mon fils ? ». C'est l'hôpital qui se fout de la charité, bordel. Son petit air pathétique d'homme concerné me reste encore en travers de la gorge. Qu'est-ce qu'il croit, qu'après toutes ces années, le seul de ses fils qui a eu la bonté d'accepter ses excuses allait courir dans ses bras au moindre pépin ? Il est mon père, mais ne l'a jamais été. Désolé, vieux, mais après trente-trois ans, t'as quelques trains de retard.

Dans cette ruelle des quartiers défavorisés de L.A., je ne remarque même plus les volets défraîchis de la maison des Gomez ni les perpétuels morceaux de verre qui jonchent les trottoirs, résultat des vitres cassées des voitures qu'on a essayé de dérober. Il faut à présent sonner pour pouvoir entrer dans l'épicerie que je viens de dépasser. Je salue rapidement Benny, propriétaire loubard de ces lieux, et poursuis ma route vers la maison de celle qui ne craint absolument rien de cet endroit. Carmelita Maura. Madame Maura.

Je n'ai pas besoin de sonner, la porte s'ouvre dès que je foule son perron. Elle est petite, toute petite. Trapue. Légèrement bedonnante. Lorsqu'elle m'aperçoit, ses sourcils se froncent.

Ouais, je sais...

Avant d'entrer, je crache le chewing-gum mentholé que je mâche frénétiquement depuis bien plus d'une heure. J'ai presque envie de l'aider à marcher jusqu'à son bureau, mais je sais qu'elle m'enverra balader sur le champ. On n'aide pas Madame Maura. Personne. Pas même le grand gaillard de presqu'un mètre quatre-vingts que je suis. Alors je prends mon mal en patience, et avance au rythme de la vieille dame, juste derrière son dos. Elle m'installe sur le petit fauteuil, devant sa table de travail, comme si je n'étais pas un habitué, et s'assied en face de moi.

Je ne me ferai jamais à toute cette noirceur que renferme son regard. Ses pupilles sont bien trop grosses pour ses yeux étroits, c'est à peine si l'on distingue la blancheur du reste de son globe. Son nez aplati parait disproportionnellement petit au milieu de ce large visage carré, et à l'inverse de tout stéréotype, la voyante qui se trouve devant moi a toutes ses dents. Une magnifique dentition blanche, qui, j'en mettrais ma main à couper, n'est constituée que de résine ou de porcelaine.

— Bonjour, mon ange.

— Bonjour Carmelita.

Elle s'empare de son jeu de tarot qui trône, comme à son habitude, au milieu de la table, et commence à mélanger les cartes. Sans jamais me quitter du regard.

Je sais qu'elle me sonde. Chez Madame Maura, on ne parle pas. Elle ne nous demande jamais comment on va, elle le devine.

— Tu dois te reprendre en main, mon ange. Ça ne peut plus continuer.

Ça, je l'ai entendu un millier de fois, ces deux derniers mois.

Elle abat ses cartes sur la table, sans les retourner encore. Mes yeux sont hypnotisés par le mouvement de ses mains. Rapide, net et précis. Mes réponses se trouvent à l'arrière de ces petits bouts de carton. Je suis bien idiot d'y croire, vous me direz, mais c'est parce que vous ne connaissez pas Carmelita Maura. L'exactitude de ses révélations est si perturbante, que la première fois, elle vous donne l'impression de vous violer par tous les trous ! Totalement flippant ! Je ne suis plus retourné chez elle avant un bon bout de temps, après ça.

Et puis, vous savez bien... la vie...

À la première carte retournée, sa sentence numéro un s'abat sur ma personne.

— Tu vas rencontrer un de tes semblables. Très prochainement.

Un de mes semblables ? Je parlais de l'exactitude de ses révélations, mais sa précision laisse à désirer ! Afin de comprendre ce qu'elle tente de me communiquer, je me penche légèrement et détaille la carte détenant cette fameuse énigme.

Un ange.

Je fronce les sourcils en relevant mon visage vers la vieille dame, mais elle est déjà passée à autre chose. Cette fois, ce sont trois cartes à la fois qu'elle retourne. Je ne sais pas trop ce que les illustrations signifient. Les mains de la cartomancienne dansent sur la table, jouant avec des éléments de ma vie qu'elle ne me dévoile toujours pas. Heureusement, je ne cherche rien de particulier, aujourd'hui. Je n'avais rien à faire, alors je suis passé. C'est aussi simple que ça. Je n'aspirais pas à ce qu'elle me montre une quelconque issue, ou qu'elle me remonte le moral avec de bonnes nouvelles qui me sortiraient de mon actuelle dépression. J'avais du temps à tuer, voilà tout. Alors mon cœur ne s'emballe pas lorsqu'une lueur de profond intérêt traverse ses sombres pupilles, et qu'elle secoue lentement la tête, avec une mine désemparée.

Allez, crache le morceau, Carmelita !

Après une longue expiration, ses épaules se relâchent et elle m'adresse un regard lourd de gravité.

— Mon ange, fais bien attention. Tu es arrivé à un tournant de ta vie dont tu ignores l'importance. Tu devras bientôt faire face à un dilemme.

Un dilemme. Qu'est-ce que ça pourrait bien être ? Boulot ? Famille ? Amour ? Je tressaille en considérant cette dernière éventualité.

— Face à ce croisement des chemins, le choix que tu feras déterminera ton avenir. Le premier te mènera à ta perte, alors que le deuxième t'apportera tout ce que tu attends de la vie. Tout ce que tu as toujours désiré. Il sera de ton devoir de faire preuve de discernement, et de ne pas te tromper.