Chapitre 12

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Silence radio, voilà tout ce à quoi se heurte Clarence désormais. Léane est constamment flanquée de Quentin et de Maëva, qui la tiennent à distance avec une agilité consternante. Mais la plus grande barrière, c'est le visage fermé de Léane, qui ne prend même plus la peine de lui accorder un regard. Un seul minable coup d'œil, c'est trop demandé peut-être ?

Ses cheveux blonds tombent comme des rideaux de chaque côté de son visage, encadrant ses yeux gris pour les empêcher de divaguer. Clarence serre les poings pour contrôler sa pulsion de lui en envoyer un dans la figure. Elle serait bien obligée de la regarder si elle le faisait, non ?

Elle a essayé de la contacter sur son téléphone, sur les réseaux sociaux, mais elle n'obtient rien de plus qu'un accusé de réception qui ne donne suite qu'au vide. Elle ne supporte pas ce silence, elle a l'impression que l'univers vacille autour d'elle et qu'elle n'est qu'en chute libre, une interminable chute dont elle redoute l'atterrissage.

Elle voit son frère qui est sans cesse aux alentours, mais Léane ne porte aucune marque et elle a espoir que Titouan n'ait pas mis ses poings dans cette histoire. Elle ne le pardonnerait, cette fois, jamais de lui avoir fait ça. S'en prendre à elle est une chose, mais elle ne tolèrerait pas que Titouan s'en prenne à la personne qu'elle aime. Elle aurait dû faire plus attention dans ce couloir, avant de coller leurs bouches ensemble. Mais quand elle y repense, elle n'arrive pas à regretter. Les lèvres de Léane, la douceur de ses mouvements. Pourquoi s'en serait-elle privée ? Pour son imbécile de frère ? Sûrement pas. Elle doit agir, d'une façon ou d'une autre, pour pouvoir arranger les choses avec Léane. Oui, mais comment faire puisque celle-ci ne veut visiblement pas entendre parler d'elle ?

― Clarence, qu'est-ce que tu as en ce moment ? Tu passes ta vie à faire la gueule !

Mandy lui balance sa réprimande habituelle en roulant des yeux et Clarence retient un soupir. Elle ferme les yeux et contracte les muscles de sa mâchoire pour ne pas se jeter à sa gorge et lui briser la nuque. Pauline lui attrape le bras et serre ses doigts autour de son poignet pour lui témoigner de son soutien.

― J'avoue, tu deviens lourde, ajoute Sophie en retenant une mèche de ses cheveux blonds derrière elle.

Elle prend un air supérieur dès qu'elle se joint à Mandy et Clarence en a vite la nausée. Elle ne supporte pas ces gens sans goût qui changent de facette en fonction de ceux qui l'entourent. Clarence sait qu'au fond, Sophie est une fille gentille et intelligente, mais elle est facilement influençable. Elle aimerait bien la sortir de là, lui dire qu'elle peut se comporter en tant que Sophie, et pas en tant que Mandy numéro deux, mais elle abandonne bien vite cette idée. Les deux filles se retourneraient contre elle, et elle ne peut pas se le permettre.

― Bon la sbire, là, tu veux bien la fermer ? balance Pauline en crispant la mâchoire.

― Je t'interdis de t'adresser à elle sur ce ton ! s'exclame Mandy en l'assassinant du regard.

― Laisse, intervient Clarence. On va aller prendre l'air.

Elle tire sur le bras de Pauline qui serre les dents si fort que ses deux rangées sont prêtes à fusionner. Elles quittent le lycée et s'installent sur l'herbe qui s'étale autour du parking. Pauline arrache des touffes de brins verts, encore sous le feu de la colère, tandis que Clarence reste immobile et plongée dans ses pensées. Le visage de Léane tourne dans sa tête, comme si elle craignait de l'oublier. Chaque fois qu'elle la croise, elle a l'impression qu'on lui plante une infinité de couteaux dans la poitrine, à un point tel qu'elle ne peut plus respirer. Et Léane qui ne fait jamais un seul mouvement en sa direction... Elle va devenir folle, à ce rythme.

Pour elle...Where stories live. Discover now