Chapitre 14

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Le pas rapide, Léane se dirige droit vers Titouan qui est au milieu du cercle de ses amis et ne l'a pas encore remarquée. Il éclate d'un rire sincère, elle entend vaguement qu'ils parlent d'un série qu'ils suivent tous ensemble. Un des mecs qui se situent en face d'elle lève un sourcil quand il s'aperçoit qu'elle marche droit vers eux, et il donne un coup de coude à Titouan, qui apparemment, est le « leader » du groupe. Peut-être qu'il faut remercier son cran à toute épreuve, ou bien ses épaules larges qui font se tendre le tissu de son t-shirt.

― Qu'est-ce qu'elle fait, elle ? demande le type d'un air surpris.

― Laisse, c'est pour moi, répond Titouan en s'extirpant du petit groupe pour aller à la rencontre de Léane.

Alors que derrière lui, ses amis émettent des sifflements pour le gêner, pensant qu'il s'agit d'une nouvelle conquête, Léane le percute et le pousse violemment. Bien entendu, il recule à peine, puis il l'attrape aux bras, la soulève et l'entraîne plus loin pour éviter que ses camarades ne surprennent leur discussion. Parce que s'il est bien sûr d'une chose, c'est que la terminale ne vient pas se frotter à lui pour se battre, mais pour parler. De toute façon, le contraire aurait été suicidaire, et il sait bien que la terminale est loin d'être aussi stupide.

Il ouvre la salle de repos du lycée et ordonne à tous les jeunes qui se prélassent sur le canapé et les fauteuils de déguerpir. Ils obéissent sans broncher, courbant l'échine en passant devant lui et jetant un regard compatissant à Léane. Lorsque la salle est vidée, il la lâche subitement et elle parvient tout juste à se rétablir sur ses pieds afin de garder un minimum d'équilibre. Il la toise un instant, mais il n'a pas l'air aussi furieux que la dernière fois qu'elle a été en contact avec lui. Sinon, il lui aurait probablement pété la mâchoire pour son audace dans la cour de récréation.

― Bon, viens-en aux faits, j'ai pas toute la journée à t'accorder.

Surprise de ce ton qui, bien que direct, n'est pas menaçant, Léane est prise au dépourvu. Elle comptait sur lui pour la pousser dans ses retranchements. Il n'y a que comme ça qu'elle trouverait la force de lui balancer tout ce qu'elle pense de lui et de ce qu'il fait subir à sa petite sœur. Elle se mord l'intérieur de la joue, puis la lèvre, et Titouan attend avec un semblant de patience qu'elle se décide à ouvrir la bouche.

― Bon, quand tu décideras d'assumer tes ovaires, tu reviendras me voir, lâche-t-il.

Et tout aussi rapidement, il se retourne et se dirige vers la porte en verre qui donne sur le couloir. Mais Léane n'entend pas le laisser filer si facilement.

― Tu sais ce que tu lui fais subir, au moins, à ta sœur ?

Dans le mille. Il lâche la poignée de la porte et se retourne pour lancer un regard abasourdi à Léane qui contient sa peur pour ne pas aller se terrer dans un coin de la pièce. La paupière du garçon est secouée d'un tic nerveux et il s'approche lentement d'elle, un air affreusement glacé sur le visage. La terminale avale sa salive avec peine mais ne recule pas, décidant de faire face au garçon qui est déjà en train de la poignarder de ses yeux noirs.

― Tu crois avoir le droit de parler de ma sœur ? Et en plus de ça, de m'en parler à moi ?

Léane le scrute pour se donner une contenance et rassembler le peu de confiance qu'elle a. Puis, d'un air naturel, elle hausse les épaules :

― Tout à fait.

Titouan affiche un air clairement décontenancé, puis il se reprend et ses poings se ferment automatiquement. Il fait encore un pas en direction de Léane qui redresse la tête pour prolonger leur contact visuel. Elle essaye de lui montrer qu'elle n'a pas peur, même si en réalité elle n'en mène pas large. Elle aimerait filer sans plus de cérémonie, mais elle reste campée fermement sur ses jambes.

Pour elle...Where stories live. Discover now