Chapitre 6

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Clarence est déjà levée lorsque Léane se réveille. Elle ouvre les yeux et tombe nez à nez avec le décolleté qu'offre le débardeur bleu marine de Clarence. Surprise, elle sursaute, mais reste néanmoins captivée par le spectacle. Trois colliers se superposent. L'un, en bois, est au ras de son cou, un autre, en fil noir avec un pendentif en spirale pend un peu plus bas sur sa poitrine et un autre, dont le pendentif est un cristal, est niché entre ses seins.

― C'est bon, tu as fini ?

La voix de Clarence sort Léane de sa léthargie et elle secoue la tête pour se changer les idées. Le ton qu'elle a employé n'est pourtant pas agacé, simplement neutre, comme si elle était accoutumée à ce qu'on la regarde comme un morceau de viande. Cette réflexion trouble Léane qui fait comme si de rien n'était et repousse ses couvertures pour se lever à son tour.

― Qu'est-ce que tu t'apprêtais à faire, au juste ? demande-t-elle en ramassant quelques vêtements posés à côté de son sac.

― Te réveiller, tu n'avais pas l'air d'avoir entendu le réveil qui a pourtant sonné il y a dix minutes.

― Merde...

― Ne t'inquiètes pas, tu n'es pas en retard. Ne prends pas trop ton temps, c'est tout. Salut.

Sans même lui adresser de sourire, elle sort aussitôt de la chambre sans plus s'attarder près d'elle. Léane reste pantoise, elle ne sait sur quel pied danser. Clarence l'a achevée la veille d'un couteau en plein cœur et pourtant ce matin, elle se tient plutôt tranquille. Pas agréable pour autant, mais pas blessante, et cela perturbe la terminale qui ne sait jamais à quoi s'attendre avec la jeune fille.

Elle passe rapidement dans la salle de bains pour se laver le visage et elle s'habille simplement. Si ce n'est de la provocation, elle ne sait pas pourquoi Clarence a enfilé un débardeur puisqu'il fait plutôt froid ce matin et cela risque de durer la journée entière vu le temps désastreux.

Léane attrape sa carte et descend pour rejoindre le service de restauration. Elle trouve sans peine Maëva, attablée avec Loïc et Chris, deux garçons de leur classe avec qui elles s'entendent plutôt bien.

― Hé bien, on a failli t'attendre ! lance Chris en enfournant un croissant entier dans sa bouche.

― Mon réveil n'a pas sonné, expliqua-t-elle en s'asseyant à leurs côtés.

― En fait non, intervient Clarence. Miss belle au bois dormant ne s'est tout simplement pas réveillée.

Elle lui glisse un clin d'œil et continue sa route pour faire le chemin inverse au sien, c'est-à-dire pour repartir vers la chambre. Léane reste étonnée et Maëva lui lance un regard qui en dit long sur ce qu'elle pense. Loïc et Chris, eux, sont occupés à rire de l'intervention soudaine de Clarence, qu'ils n'avaient jamais vu s'intéresser à aucun d'entre eux.

― J'avais oublié que tu étais dans sa chambre, finit par dire Loïc. Comment ça se passe ?

― Elle dort en culotte ? Raconte ! s'enquiert Chris.

― Les gars, stop, réplique Maëva.

Elle fixe Léane d'une façon froide : elle a très bien compris qu'elle lui cache quelque chose et celle-ci s'enfonce sur sa chaise en plongeant le regard dans son petit-déjeuner.

― Allez, quoi ! insiste Chris.

― On change de sujet ! s'écrie Maëva.

Elle semble à bout de nerfs et les garçons comprennent bien le message, aussi ils se mettent à raconter ce qu'ils ont fait cette nuit dans la chambre de Brice et Romain. Comme ce n'est pas bien intéressant, Léane se coupe de la discussion alors que Maëva y prend part en ne se gênant pas pour rire aux éclats. Elle semble trouver leur récit très drôle, et Loïc en rajoute des tonnes pour essayer d'inclure Léane dans leur fou-rire. Elle reste impassible et se décide même à quitter la table.

Pour elle...Where stories live. Discover now