Chapitre n°17

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4 Aout 2008, à Saint-Sébastian en Espagne 19h03

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4 Aout 2008, à Saint-Sébastian en Espagne 19h03.

J'applaudissais en m'efforçant à sourire. Depuis le banc de touche, j'observais Antoine enchaîner les buts face à ses amis et coéquipiers. On était en vacances d'été et la saison de football était en stand bye pendant quelque temps. Mais croire qu'Antoine ne toucherait pas à un ballon en cuire durant un mois et demi était tout aussi impossible que de faire tenir de la neige en plein soleil. Ma cheville était maintenue de façon surélevée pour favoriser la circulation sanguine. Ma blessure commençait à bien se consolider. C'était ce qu'avait déclaré le médecin quand j'ai été le voir il y a deux jours. Pourtant, je continuais à porter mon attelle et à me déplacer à l'aide d'une béquille. D'où ma présence sur les bancs.

Le footballeur tentait de me faire rire en effectuant la célébration de son but de façon ridicule. Cela marcha plus ou moins, mais en le voyant si épanoui dans son sport, je ne pus m'empêcher d'éprouver une légère jalousie. Cela faisait deux mois que je n'avais pas enfilé mes patins et le temps me paraissait s'écouler de plus en plus lentement. Pendant ce temps, Antoine s'améliorait de jour en jour, progressant en endurance et en technique de jeu. J'étais fière de lui, mais je me sentais si faible à côté de cette force de la nature qu'était mon copain. Je soupirai en ravalant mon sourire, une action qui n'échappa pas aux regards observateurs du Mâconnais. Il s'approcha de moi à petites foulées. Puis, il se stoppa à ma hauteur. Il croisait les bras, le regard sérieux.

- Bon ! Il est temps de passer aux choses sérieuses.

- Quoi ?

- J'en ai marre de te voir si déprimé.

- Mais...

- Non, ne parle pas. J'en peux plus de t'entendre te morfondre. Je compte bien te faire bouger !

Sans me laisser le temps d'ajouter quoi que ce soit, il me porta sur son dos en direction de la salle de musculation. Ses amis nous suivirent en ayant pris soin d'avoir pris mes affaires restées sur le banc. Antoine me reposa sur le sol tout en me maintenant contre lui pour me maintenir debout. En tant que joueur en formation, il avait accès à tous les équipements aidant aux entraînements et séances de préparation. Il le savait très bien et compté s'en servir à bon escient.

- Bon ! Pour tout te dire, j'ai interrogé mon coach sur ce qu'il t'était possible de faire à ce stade. Donc, je vais suivre son conseil et nous allons faire de la musculation ciblée et peut-être aussi du jogging sur tapis roulant.

- J'adore ce que tu fais pour moi, anto', mais je ne me sens pas capable de reprendre le sport.

- Mais je ne te laisse pas le choix !

Et il a eu raison d'insister. Antoine me connaissait trop bien et il savait que j'avais besoin d'être poussé. Je sous-estimais mon corps et mes efforts. Petit à petit, il me fit faire des séances de plus en plus longues pour me remettre en forme. Grâce à lui, je pus enlever mon attelle quelques semaines plus tard avant d'entamer des entraînements en salle de danse. Puis, fin septembre, je pus renouer mes patins. Bien que je ne me sente pas capable de recommencer le saut qui m'a provoqué ma blessure tout de suite. Antoine y fut pour beaucoup dans le rétablissement de ma blessure.

 Antoine y fut pour beaucoup dans le rétablissement de ma blessure

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21 Décembre 2008, à Amiens en France 10h32.

Je ne voulais pas sortir de notre bulle de bonheur. Un sourire béat s'affichait sur mes lèvres après la journée en amoureux qu'on venait de passer. La veille, nous avions été au marché de Noël de la ville, profitant de l'atmosphère féerique des fêtes de fin d'année. Nous avions même patiné sur la patinoire extérieure face à la grande mairie avant de poursuivre la soirée par une séance de cinéma. Enfin, comme éprouvant le besoin d'un rapprochement, nous avions terminé la nuit en unissant nos corps. Heureusement que personne n'était chez moi à cet instant. Mes parents nous auraient retrouvés dans une situation embarrassante.

Encore démunie de vêtement à cause de nos actes de la veille, j'étais toujours entre les bras de mon amant de toujours. Ce dernier s'amusait avec mes doigts entre les siens. Je levai finalement mon regard vers lui, le trouvant avec une expression bien pensive sur le visage. Il fixait le mur en face du lit, d'un regard se perdant plus loin que la chambre. Je ne comprenais pas ce qui lui remue autant les méninges.

- Anto' ?! l'appelais-je timidement.

- Ouais ?

- Tout va bien ? Le questionnais-je, perdu.

- Oui bien sûr ! Pourquoi ça n'irait pas ? sourit-il faussement.

- Je le vois bien ! Quelque chose te perturbe.

- Je n'ai pas envie d'en parler pour le moment.

- Comme tu veux.

Je l'observai sortir du lit et se rhabiller. J'étais déçu qu'il ne veuille rien me dire. Une expression qui comme tant d'autres, n'échappa pas au footballeur. Afin de diminuer ma rancœur, il s'approcha en voulant déposer ses lèvres sur les miennes. Cependant, je détournai la tête en sortant de sous les draps de l'autre côté du lit. J'enfilai mes sous-vêtements et empoignai des vêtements propres avant de pénétrer dans la salle de bain, sous le regard impuissant de mon copain.

De nouveau propre sur moi-même, je descendis dans la cuisine où je retrouvai le Mâconnais. Il m'adressa un sourire qui se voulut rassurant, mais je ne lui rendis pas. Je préparai mon petit-déjeuner sans lui accorder un regard.

- Tu vas me faire la gueule encore longtemps ?

- Tout dépend de toi.

- Je n'ai pas envie d'avoir cette discussion maintenant. Ce n'est pas le moment !

- Alors quand ça le sera ? Quand tu m'auras largué ?

- Je ne compte pas rompre avec toi ! me rassura-t-il.

- Alors qu'est-ce qui serait si important pour que tu ne veuilles rien me dire ?

- Parce que j'ai peur que ce soit toi qui veuilles finir notre relation si je te le disais. Avoua-t-il, les larmes aux yeux.

- De quoi tu parles ? demandais-je, perdu.

- Je vais arrêter mes études.

Ses paroles résonnaient dans mon cerveau tel un électrochoc. Je m'écroulai sur l'un des tabourets de la cuisine. Des millions de questions s'éparpillèrent dans ma tête. Comment ça, il comptait arrêter ses études ?! Et le bac ? Et nous ? Où allait-il aller ? Qu'allait-il faire ? Comme pour répondre à mes tourments intérieurs, Antoine s'approcha de moi. Il caressa mes bras avec tendresse en se mettant à ma hauteur.

- Je ne voulais pas te le dire comme ça.

- Mais pourquoi ?

- À la rentrée, je vais entamer ma première saison en tant que professionnel. Je ferai probablement mon premier match pro en septembre prochain ! Du coup, je ne peux plus continuer. Je vais devoir emménager à plein temps en Espagne.

- Et nous ? demandais-je, peureuse en enlaçant nos doigts ensemble.

- Je ne te lâcherai pas, Lola. Je t'aime trop pour ça !

- Mais... avec la distance et tout ça...

- On s'en sortira ! Ce n'est pas la première crise qu'on traverse. Et une fois que toi, tu auras ton diplôme. On pourra se retrouver ! Tu pourras venir vivre avec moi, non ?

- En Espagne ? Ce n'est pas vraiment le pays des patineurs !

- Je sais, corazón. Mais, c'est là-bas que ma carrière va pouvoir démarrer.

- Je sais. Et je ne peux pas t'obliger à rester. Avouais-je les larmes aux yeux.

- Je te promets que ça ne sera qu'un mauvais moment à passer.

Antoine déposa son front contre le mien, serrant mes doigts autour des siens. Je ne voulais pas le perdre. Ça aurait été bien trop douloureux à supporter. Je n'étais pas prête à cela. Antoine était le premier à qui je tenais autant, à qui j'ai ouvert mon cœur. Je n'osais pas imaginer le reste de ma vie sans lui. Et pourtant...

Au bout de mes rêves [A.G]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant