Chapitre n°7

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06 Octobre 2006, à Bayonne en France, 13h42

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06 Octobre 2006, à Bayonne en France, 13h42.

Du rouge. De l'orange. Du jaune. Du marron.

Les couleurs chaudes se mélangeaient dans cette atmosphère automnale dans laquelle je vivais. Quelques degrés étaient retombés. Le vent s'engouffrait dans les nuages. Ces derniers ne donnaient plus au ciel son aspect bleu azur de l'été. Mes prunelles étaient perdues vers l'horizon. Bien loin de la salle de classe où je me trouvai. J'entendais vaguement la conversation d'Élise et Amandine, placer derrière moi. La fête d'anniversaire avait lieu ce week-end et la brunette qui sera mise à l'honneur listait toutes les possibilités concernant la surprise de son petit-ami. Je ne participai pas à leurs commérages. J'étais bien trop concentré dans mes réflexions. La veille, lors de mon entraînement, mon coach m'avait dit ses mots : « C'est Super Lola ! Si tu fais aussi bien demain, je te proposerai quelque chose. Quelque chose d'important. »

J'ignorai ce à quoi il pouvait faire allusion. J'étais curieuse et intriguée. Je voulais à tout prix savoir. Mes nerfs me firent mordre le bout de mon stylo. Le cours de mes pensées fut surpris par les bruits peu discrets de mon voisin. Je sursautai légèrement en découvrant Antoine en train de déposer ses affaires à ma droite. Il posait à peine son sac à terre que je le vis froncer les sourcils en penchant sa tête sur la droite.

- Quoi ?! J'ai un truc sur le visage ?!

- Non. Mais tu fais une sale tête. Explique-t-il en s'asseyant à côté de moi, il poursuit alors que je soupire en roulant des yeux. Qu'est-ce qu'il y a ?!

- Rien. C'est les propos d'hier de mon coach. Ça me stresse ! rappelais-je sachant que je lui en avais déjà parlé hier soir par texto.

- Hey ! Ne te prend pas la tête ! Tranquille, d'accord ?! Tu verras bien, ne te ruines pas le moral pour ça ! tenta-t-il de me rassurer.

- Facile à dire.

- Écoute, je serai avec toi, d'accord ?! Je te soutiendrai !

J'esquissai un sourire à ses propos qui me rappela autre chose. Oui, Antoine allait venir me voir à l'entraînement. Je n'aurai pas le temps de mettre mon idée à exécution de lui faire enfiler des patins, mais je n'avais pas oublié. Il y aura le droit, je peux vous l'assurer. Pour la petite explication, le footballeur s'était plus ou moins invité à la fête d'anniversaire d'Élise. Il avait insisté en disant qu'il voulait apprendre à les connaître. Cela le frustrait qu'elles aient peur de lui. Mais un problème se posa : il devrait repartir en Espagne. Du coup, ma tante avait eu la charmante idée de le garder avec nous ce week-end. Avec le recul, je crois sincèrement qu'Antoine avait tapé dans l'œil à Valérie. Un coup du destin dont je me serai volontiers passé. Je ne fus pas surprise de le voir arriver avec un sac supplémentaire, rempli d'affaire pour jusqu'au dimanche soir. Il repartira pour son entraînement le lundi matin. Comme nous commencions à bien nous connaître, il voulut profiter de ce petit séjour prolongé à Bayonne pour venir à la patinoire. C'était une première pour lui. Il était curieux de voir comment les choses se déroulent dans le domaine du patinage artistique.

Je l'observai s'installer : une trousse avec quelques crayons, un trieur avec quelques feuilles à peine entamé, rien de bien extravagant. Je savais déjà qu'il n'avait pas nécessairement l'idée et l'envie d'étudier. Pourtant, ce n'était pas cela qui attirez le plus mon attention. Je le vis sortir de son Eastpak noir une thermo et un étrange... Heu... Bol ?! Il remuait la paille à l'intérieur en fronçant les sourcils. Je me souviens m'être demandé ce qui avait bien pu lui passer par la tête. Sous le poids de mon regard, l'adolescent leva les yeux vers moi. Il se mit à rigoler aux éclats. Je soupirai sous sa réaction en voyant ma tête, qui de toute évidence, était drôle à voir.

- Au lieu de rire comme un boubours, dis-moi plutôt, qu'est-ce que sais que ce machin ?! demandais-je en désignant d'un mouvement de tête ce qu'il a dans ses mains.

- Ce machin, madame, c'est le Maté. Répondit-il en prenant un accent espagnol.

- Hein, hein. Et c'est quoi ?

- C'est une boisson chaude. Un peu pareil que du thé ou du café.

- Ouais, ça ne m'aide pas trop.

- En fait, tu mets de l'eau chaude dedans et avec la bon bicha... Commença-t-il.

- La bonbi' quoi ?! répétais-je sans avoir tout compris et en le coupant dans son élan.

- Ça. C'est par là que tu aspires l'eau. Dit-il en me plaçant l'espèce de paille bizarroïde sous mon nez.

- Ouais, c'est le même principe qu'une paille quoi. Compris-je en faisant une grimace dégoutée.

- Si tu veux. Crache-t-il en roulant des yeux face à mes propos, il poursuit pour continuer son explication. Et à l'intérieur, tu as une partie avec des herbes et l'autre où tu verses l'eau. Et après, tu peux boire. Tu veux essayer ?

- Heu, non merci, ça ne me dit pas vraiment !

- Moi, je veux bien tester ! intervient la voix d'Élise.

Je remarquai seulement mes deux amies qui nous écouter, attirer par la nouveauté et la curiosité autour de cette étrange boisson. Je les laissai faire. Je ricanai en les voyant grimacer après avoir avalé une gorgée. Je crois que j'avais bien fait de dire « non ». Cependant, j'avais quelques réserves que je ne tardai pas à dévoiler au jeune expatrié en Espagne.

- Heu... Anto', je ne veux pas gâcher ton trip sur cette boisson, mais tu es sûr qu'elle ne peut pas être considérée comme un produit dopant ?

- Je n'espère pas, sinon je serai foutu. J'en bois déjà presque tous les matins !

- Renseigne-toi quand même, on ne sait jamais ! Ça serait con que ta nouvelle drogue te mette des barrières vers ta carrière professionnelle. Conseillais-je.

- No hay problema. Rétorqua-t-il en me faisant un clin d'œil.

- Ne me parle pas trop en espagnol l'asticot !

- Oh ça va ! Ce n'est pas pire que tes mots picards ! Comment as-tu dit déjà ? Ah oui, « Boubours » ?! plaisanta-t-il d'un air moqueur.

- Ça veut dire « con », mais estime-toi heureux, j'aurai pu t'appeler « biloute » ça veut dire « p'tite bite » Plaisantais-je à mon tour.

Les filles rigolèrent à ma remarque. Je n'avais pas l'intention de le laisser avoir le dernier mot. Quand on me cherche, on me trouve. Antoine se renfrogna à ma blague de mauvais goût en marmonnant que j'affirmais quelque chose que j'ignorai. Je me retournai face au tableau noir en esquissant un sourire victorieux alors que le professeur commença à arriver. Je jetai un dernier coup d'œil à mon voisin de table qui se retourna pour ranger sa boisson dans son sac, l'air de rien. J'espérai sincèrement que cette boisson ne lui pose aucun problème. De toute façon, s'il en boit toujours, c'est que j'avais tort de m'inquiéter. Cependant, c'était pour son avenir scolaire que j'avais raison de le faire. Et Antoine allait encore m'en donner la preuve.

- Ok, vamos a la gente ! On va se faire shier. Déclara-t-il, un peu trop fort.

- Un problème Monsieur Griezmann ? demanda l'enseignant.

- Non, non, tout va bien. Répondit-il avec un grand sourire fausser.

Je me tapai le front contre ma main. Quel idiot ! Et vous savez quoi ?! Le pire, c'était qu'il fut viré du dernier cours de l'après-midi à cause de son manque de concentration. Cela ne changeait pas. Mais cette fois, le footballeur s'était endormi sur sa table. Très franchement, je ne savais plus quoi faire de lui dans ce genre de situation. À croire qu'il était irrécupérable. Appel à tous ses fans : Antoine Griezmann n'a pas toujours été un modèle à suivre. Croyez-moi, je le sais mieux que personne.

Au bout de mes rêves [A.G]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant