Chapitre n°1

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24 Juin 2016, Montréal au Canada, 06h33

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24 Juin 2016, Montréal au Canada, 06h33.

Mon cœur qui bat, mes jambes qui tremblent, de la buée qui sort de ma bouche, mes lèvres en feu, mes bras qui tombent, mes mains qui gèlent, mes yeux qui piquent. Toutes ses sensations se mélangeaient dans ma tête. J'approchai mes mains jointes contre mes lèvres. Mon souffle chaud réchauffe mes doigts gantés. J'approche du bord, j'ouvre la porte. Je respire un bon coup avant de mettre un patin sur la glace, puis l'autre. Je trouve rapidement mon équilibre. Il me plaît de croire que j'ai passé plus de temps sur la glace que sur la terre ferme.

Je glisse, mais je tiens, c'est ça la base du patinage artistique. Je ferme les yeux et je retrouve la sensation de voler, la sensation de vivre alors que je danse sur la glace. J'entends le bruit de mes patins qui la fendent ainsi que le vent qui secoue habilement mes cheveux blonds rabattus en une tresse sur le haut de mon crâne. Vêtue de ma tenue d'entraînement, j'entame quelques figures d'échauffement : une pirouette cambrée en arrière, une boucle piquée, un lutz et un simple Axel. J'écoute la musique en fond sonore de la patinoire, j'enchaîne selon le tempo. À cet instant, je ne pense plus à rien, extériorisé. Je suis heureuse et complète. Je suis dans mon monde, au point de ne pas entendre ma coach, Tina Harwood* patinait vers moi.

- Lola Tessier ! S'écrit-elle.

Brusquement, ses paroles me ramenèrent à la réalité. Je termine ma dernière pirouette en effectuant un demi-tour vers elle. Ma coach était une jeune quinquagénaire canadienne. Blonde aux yeux clairs, tout comme moi. On l'a souvent confondu avec ma mère. Pourtant, je la vois davantage comme un modèle. Championne nationale en junior puis senior, double championne olympique d'hiver dans la catégorie patinage artistique en chorégraphie solo, elle tente depuis plusieurs années de me hisser aux plus hauts afin que j'atteigne ces mêmes palmarès à mon tour. Cependant, il m'arrive d'être quelque peu dissipée. En patinant jusqu'à sa hauteur, je préférai baisser le regard face au sien qui est toujours froid. Elle s'adresse à moi avec son éternel accent nord-américain.

- Le patinage artistique est un sport nécessitant de la souplesse et d'excellentes conditions physiques. Le gymnaste doit faire preuve de créativité et de persévérance pour devenir un patineur artistique professionnel. Tu peux comprendre ça Lola ?

J'acquiesce promptement à ses paroles bien que je les aie entendues un million de fois par le passé. Du haut de mes 24 ans, cela faisait maintenant 5 ans qu'elle m'entraînait dans les prestigieux locaux du Complexe sportif Claude-Robillard, située au nord de Montréal. Je peux même dire qu'après ma famille, elle est celle qui me connaît le mieux. Ce qui est aussi valable pour moi, car sous son visage froid, je sais par cœur sur le bout des doigts tout son dévouement, sa loyauté et son amour pour ce sport. Sans compter l'amitié, le soutien, la patience et le respect dont elle fait preuve envers moi.

- Je viens de recevoir l'enchaînement imposé pour le programme court de la finale du Grand Prix ISU 2016-2017 qui aura lieu à Marseille du 8 au 11 décembre 2016. Il est temps de se mettre au travail. Annonce-t-elle, avec son éternel visage strict.

Au bout de mes rêves [A.G]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant