You Gonna Pay

274 31 11
                                    

Je manquai certaines fioles, j'en touchai à peine, mais deux ou trois tombèrent. Joe était plutôt étonné de mes capacités de tir, même si ce n'était pas parfait. Trop de cibles manquées ou à peine touchées. Une fois les six fioles touchées, brisées, explosées, j'en remis six autres sur la table et poursuivis mon exercice. Je venais de terminer la dernière série de fioles, plusieurs heures après avoir retiré la sécurité de l'arme. Joe me félicita des nets progrès que j'avais fait.

- Tu as ça dans le sang, murmura-t-il, à croire que tu es la fille de Deadshot, ahah!

Je rentrai dans la maison et allai planquer mon arme sous mon oreiller. Je me rendis compte que j'avais épuisé les munitions. Je haussai les épaules et me dis que j'irais les chercher demain. Je retournai dans le salon et posai mes fesses sur le canapé. Je regardai la télé le temps que ma mère rentre. Joe ne parla pas de la fin d'après-midi, il avait l'air satisfait de la journée.

J'entendis la porte d'entrée s'ouvrir et se refermer, ma mère était de retour. Je regardai vers sa direction et la saluai. Elle avait sa main droite posée sur la joue. Je fronçais les sourcils après avoir entendu sa voix légèrement tremblante. Je la vis se diriger vers la salle de bain, je la suivis. Par terre, à la lumière du couloir, je voyais de toutes petites gouttes de sang, séparées par des espaces de deux ou trois grands pas. Je vis ma mère, dans la salle de bain, en train de faire quelque chose à sa joue droite. Je découvris qu'elle était en train de nettoyer la plaie. Elle avait une entaille au creux de la joue, la même que sur celle de gauche.

- Qu'est-ce qu'il t'a fait, maman, m'exclamai-je.

Harley Quinn

Je me retournai vivement et vis ma fille choquée de ce qu'elle voyait. L'entaille me fit un mal de chien, j'eus du mal à lui répondre que ce n'était rien. Elle hurla que c'était faux et m'ordonna de me regarder dans le miroir. Je lui demandai de se calmer, ce n'était vraiment pas le moment de me perturber dans la délicatesse de mes prochains gestes sur ma plaie. Je pris un fil et une aiguille et commençai à recoudre. A chaque fois que l'aiguille pénétrait ma peau, c'était un soulagement. Je souffrais, mais cela m'apaisait. Je tirai sur le fil pour réparer les dégâts.

Ma fille voulut absolument m'aider en pansant ma blessure pour que je puisse mieux voir ce que je faisais. En même temps, elle me hurla que ça ne pouvait plus durer comme ça, qu'il fallait agir. C'était avec difficulté que je lui ordonnai de ne pas s'en mêler.

- Maman! Tu m'as sauvée d'Arkham, me rappela-t-elle. Je dois te sauver du Joker.

- Arkham n'est qu'un bâtiment n'ayant que des incapables et des pères de familles pour employés, rétorquai-je en tirant à nouveau sur le fil. C'est une vraie passoire!

- Et toi tu es une mère incapable de tuer pour vivre tranquillement avec sa fille, me reprocha-t-elle.

Sa réponse me mit en colère. Je lui grognai entre mes dents de s'en aller, de me laisser me débrouiller. Après tout, ce n'était pas la première fois que je faisais de la couture sur ma peau, et je n'avais aucune leçon de morale à recevoir d'elle. Elle bougonna et sortit de la salle de bain. J'avais la pièce pour moi, je pouvais être seule avec moi-même. De temps en temps, j'interrompis ma suture pour retirer le peu de sang qui coulait encore de ma joue.

Lucy Quinzel

J'étais énervée par la situation. Je m'étais réfugiée dans ma chambre. J'y faisais les cents pas dans la pièce, les mains sur les cheveux. Il fallait que je fasse au plus vite pour tuer le Joker et ainsi libérer ma mère. Mais la peur me bloqua. Je ne voulais pas faire ça maintenant, ni demain, ni dans les prochains jours. Joe tenta de me convaincre d'aller chercher le Joker et de lui coller une balle dans la tête. J'inspirai à fond et allai vers le lit et sortis le neuf millimètres de sa cachette. En le regardant, je me dis que c'était trop tôt.

Je tournai à nouveau dans la pièce, complètement perdue. Mon cœur me dit d'aller auprès de ma mère, Joe m'incitai à partir d'ici pour trouver le Joker et le tuer, et ma peur m'obligea à rester chez Ivy. Je n'en pouvais plus d'être dans cette impasse. La voix de Joe était de plus en plus forte dans ma tête, mais il fallait résister. Ma mère était mal en point, je n'allai pas empirer les choses ce soir en allant vers le Joker. Non... non... non... NON!

- Joe! Je n'irai pas ce soir, me rebellai-je.

- C'est l'occasion rêvée! La colère te donne la force de l'affronter, tenta-t-il de me convaincre. Laisse-la emporter sur ta peur qui te rend si faible, suggéra-t-il.

- Je ne suis pas faible, protestai-je en poursuivant mes cents pas. Je suis plus forte que tu le crois!

- Alors prouve-le ce soir, défia-t-il.

Non! Je devais penser à ma mère, la laisser se remettre de ses blessures. Je refusai encore une fois l'incitation de Joe. Il ne fallait pas que je cède. Non, pas cette fois!

- Je sais que tu veux que ta mère se remette de sa blessure, reprit-il. J'ai longtemps fait la sourde-oreille envers tes pensée, Lulu, m'avouai-t-il. Je sais très bien à quoi tu penses! Et je doute fort que tu veuilles encore attendre qu'il fasse encore du mal à Harley. Qu'est-ce que ce sera la prochaine fois, me demanda-t-il. T'as envie de lire "la Clown Princesse du Crime assassinée par son Prince" dans la gazette de Gotham?

Je grognai et me bouchai les oreilles. Je ne voulais plus entendre sa voix qui m'était insupportable! J'essayai de ne pas lui hurler de se taire, mais c'était difficile. Je devais tenir le coup. Je regardai mon arme, toujours en faisant mes cents pas.

- De toute manière, je n'ai plus de munition.

- Eh bien nous n'avons qu'à tester tes compétences de voleuse, ricana la voix rauque de Joe.

Non! Tuer était déjà trop, je n'allai pas voler tout juste avant. Je refusai catégoriquement la suggestion de cette maudite voix.

- Ne te défile pas, petite Lulu, ça ne sert à rien, dissuada-t-il. Tôt ou tard, tu devras le tuer. Que ce soit avant ou après la mort de ta pauvre mère.

- LA FERME! hurlai-je.

- HA HA HA HA HA HA HA HA HA HA! Oui! Énerve-toi contre moi! Vas-y! Débarrasse-toi de moi, ordonna-t-il fièrement. Vas-y! Va trouver le Joker! Supprime-moi de ton crâne en supprimant la vie du Joker!

Il n'avait pas le droit de me faire ça! Il n'avait pas le droit de me rappeler que si je supprimai le Joker, il en serait fini de Joe. Mais je ne voulais pas empirer les choses ce soir! 

- Allez! Enfile-moi ce sweat à capuche et va le tuer!

Je tombai à genoux au sol en laissant échapper mes larmes. Je craquai, je pleurai tant les échos de la voix de Joe me fatiguaient. Je savais que mes pleurs allaient attirer l'attention de ma mère. Je jetais mon arme vers le dessous du lit pour éviter qu'elle soit vu. Harley débarqua dans la chambre en courant. Elle tomba à son tour sur ses genoux à mes côtés. Elle me prit dans ses bras et me serra contre elle. Une de ses mains caressa mes cheveux.

- Sssshhh! Je suis là, mon trésor, me rassura-t-elle. Tout va bien, je suis là.

Je pleurai toutes les larmes de mon corps. Je lui dis que je n'en pouvais plus de Joe... Je voulais tellement qu'il s'en aille. Je lui confiai qu'il me faisait vivre un enfer. Ma mère me conseilla d'essayer, du mieux que je pouvais, de ne pas l'écouter. Je lui fis part que c'était difficile. Elle me répondit qu'elle le savait, qu'elle me comprenait. Je réfugiai encore plus ma tête dans son cou.

The Joke's On LucyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant